Qu’il s’appelle Jeunesses Communistes Révolutionnaires, Ligue communiste, Ligue communiste révolutionnaire ou Nouveau Parti Anticapitaliste, le courant politique qui existe sous ces noms successifs, depuis 1965, et avant sous celui de Parti Communiste Internationaliste, souffre de la même maladie, il faut croire incurable depuis des dizaines d’années.
Mais à la différence de bien d’autres, les maos en particulier, et les staliniens, le patient ne meurt pas grâce à une boussole en état de marche qui en fait un bon syndicaliste révolutionnaire, toujours à la pointe des luttes, mais régulièrement sans débouché politique.
Il renouvelle seulement ses cellules, aujourd’hui nommées sections, et pratique un turnover magistral, avec cependant le maintien d’un petit noyau directionnel, dont les noms peuvent changer, les trotskistes vieillissent aussi, mais la politique répéter dizaines d’années après dizaines d’années, les mêmes erreurs, on a presque envie de dire la même erreur.
En 1968, déjà, sous le coup de la percée pré-révolutionnaire, les Krivine, Bensaïd, Weber et autres, participaient à la dissolution de l’UNEF, et construisaient des Comités Rouge, qui devaient être le noyau du parti révolutionnaire qui monterait à l’assaut du ciel. ” L’histoire nous mord la nuque“, disait le regretté Daniel Bensaïd qui quelques années après, avait contribué à sa manière, aux aventures militaristes de l’extrême-gauche en Amérique latine, avec les résultats catastrophiques et mortels pour beaucoup qu’on sait. “L’histoire nous mord la nuque“, et plus tard, elle nous la “mordillait” encore, cette belle sentence héroïco-bensaïdienne, qu’on a partagée, signait l’espoir, déçu, que la révolution sonnait à nos portes, tout de suite après la “répétition générale“.
C’est un énorme gâchis. S’il existait une Amicale des anciens de la SFQI (la Section française de la Quatrième Internationale, dont le NPA n’est plus qu’observateur), ce serait le parti le plus nombreux du pays. Beaucoup, hélas, au mieux, si on peut dire, sont passés à la social-démocratie. Même chose pour le courant lambertiste d’ailleurs.
Le NPA s’est réuni ce week-end pour constater qu’il avait perdu 4000 adhérents, ce qui est énorme. Certes Olivier Besancenot, contrairement à ce que les médias mal intentionnés répètent à l’envie de temps à autres, garde encore la sympathie de millions de citoyens. Mais son parti ne capitalise pas cette sympathie. Et pire, il perd des militants de valeur qui s’en vont chez les “unitaires” de Christian Piquet, ou direct au Parti de gauche!
La raison de cet échec, encore réparable, est simple à comprendre. C’est le sectarisme isolationniste du NPA, de sa direction “centriste”, comme d’habitude, qui surfe entre des “identitaires“, dont l’orientation est encore plus gauchiste, et proche de celle de Lutte Ouvrière, et des “unitaires” qui souhaitent une candidature unique à la gauche du PS, alors qu’on se dirige encore une fois, si la barre n’est pas redressée, vers au moins 4 candidats de gauche radicale, merci pour le service rendu au PS!
Certes le NPA n’a pas tort d’être méfiant à l’égard du PG et de son dirigeant Mélenchon-Présidons, dont, à l’évidence, la “révolution citoyenne” n’est en rien une révolution socialiste anticapitaliste. mais qu’on le veuille ou non, le peuple de gauche radicale est, depuis des années, c’était déjà évident en 2002, à la recherche d’une unité des gauches 100 % à gauche, qu’elles soient “réformistes” comme le PG, le PCF ou “révolutionnaires” comme le NPA et d’autres, verts et rouge, alternatifs,etc.
Dans le Limousin, aux régionales, une telle liste unique à gauche du PS, rassemblant des anti-libéraux et des anticapitalistes avait raflé environ 20 % des voix. Ce qui menace grave l’hégémonie d’un PS essoufflé pour lequel les gens se résignent à voter, certes de plus en plus difficilement, contre la droite, au 1er ou au second tour, mais ça peut changer… surtout si DSK est candidat!
Le NPA se refuse à ce pari expérimental, comme s’il n’avait aucune confiance en lui-même et dans les dynamismes que ne manquerait pas de créer un tel rééquilibrage entre réformistes et révolutionnaires, ces derniers, faisant mieux qu’additionner leurs voix en cas de dynamique unitaire.
Bien entendu la France, et l’Alsace encore moins, n’est pas le Limousin, mais n’empêche, on aurait d’heureuses surprises si on tentait cette opération nécessaire.
L’autre problème qui plombe le NPA est bien sûr sa valse hésitation au sujet de l’Islam, ce qui est fort dommageable, car cela prive le mouvement ouvrier de centaines de milliers de voix aux élections, et de milliers de militant(e)s, avec ou sans voile. Hélas, les amis de Ilam Moussaïd, comme elle-même ont démissionné. Les féministes à l’occidentale et les laïcards de tout poil, souvent les mêmes, ne comprennent rien à cette question de l’Islam en France.
Résultat, un bel isolationnisme du NPA dans les luttes comme dans les urnes.
Cher Olivier, chers ex-camarades, (sauf les Pierre-François Grond, et autres expulseurs de lycéennes voilées), il est encore temps de tirer les bilans, et, sans renoncer aux idées révolutionnaires, de changer de politique, au moins de tactique électorale, afin d’adopter un profil unitaire!
le ver, pas le vert!
tout à fait d’accord, mais quand des LO sont entré à la Ligue, ça crevait les yeux que c’était pour amener la LCR sur leurs positions gauchisantes…(sauf quand ils ont soutenu le PS aux régionales et se sont même mis sur les listes!) ce qui vérifie un vieil enseignement selon lequel le gauchisme et le réformisme sont des frères jumeaux
Je suis aussi de l’amicale dont tu parles, j’en ai été plus de vingt ans….
Je te rejoins sur les origines politiques du fiasco du projet NPA, tu as dit l’essentiel 😉
Comme on pourra en juger à la lecture de ma propre bafouille sur le premier congrès NPA qui complète ton propos ici:
http://blog.lepartisan.info/2011/02/lendemains-difficile-au-npa.html
Je pense que le vert était dans le fruit dès 1996/97 (entrée des premiers cadres “contestataires” de LO, suivis par la “Fraction” quelques temps après) leur alliance avec le ” marais” majo a bien contribué à marginaliser, puis à écoeurer le courant Piquet, qui était seul à même de représenter une alternative, ça crève les yeux aujourd’hui, mais seulement aujourd’hui hélas…
bien à toi
Vive la révolution
Vive la Cinquième Internationale