http://www.regards.fr/monde/alain-gresh-et-le-basculement-du

Extrait:

Comment percevez-vous la gauche de gauche française aujourd’hui, son positionnement sur les débats que nous venons d’évoquer et au-delà, sa vision des relations internationales ?

Alain Gresh : Une des raisons pour lesquelles j’ai arrêté d’être permanent au PCF dans les années 1980 puis que je l’ai quitté, c’est la compréhension que l’international n’y était pas quelque chose d’important et que les positions prises dans ce domaine étaient trop souvent soumises à un agenda de politique intérieure. Il me semble que la gauche de gauche aujourd’hui n’a pas non plus vraiment conscience de l’importance de l’international et des changements dans le monde ; elle n’est pas capable de les analyser, peine à articuler une lecture de la scène internationale avec ses propres combats. En suivant les événements d’Égypte sur les télévisions, j’ai vu combien les Égyptiens interrogés étaient exaspérés par la focalisation des questions autour de l’islamisme, des foulards, etc. Sur ces sujets, la gauche française a du mal… Je fais de la politique depuis quarante ans et je n’ai pas souvenir d’un débat aussi violent et qui clive autant notre propre famille politique que celui sur le foulard. On est là dans quelque chose d’hystérique. Et je trouve absolument insupportable que dans un pays où l’Assemblée nationale est remplie d’hommes blancs, l’on s’attaque à l’islam au nom de la défense des femmes…..