11 janvier 2012
GUEANT CANDIDAT NATUREL DU FRONT NATIONAL ?
Tirant le bilan de son action à la tête du ministère de la rafle et du drapeau, Claude Guéant fait du Guéant. Il se félicite ainsi d’avoir fait procéder à 32 912 expulsions cette année, soit 5 000 de plus que prévu et le triple de ce que Sarkozy avait fait en 2002. Au total, Sarkozy, Villepin, Barouin, Hortefeux, Besson et Guéant auront expulsé près de 200 000 personnes. Pour mémoire, quand les expulsés refusent de se laisser exiler, ils sont jetés à terre d’une balayette, ligotés des pieds à la tête, bâillonnés et attachés à leur siège d’avion. On reste sidéré d’entendre un ministre, décoré de la légion d’honneur, présenter comme un exploit des dizaines de milliers de vies saccagées. Parce que, derrière les euphémismes (reconduite à la frontière là où les anglo-saxons disent deported) c’est bien ce dont il est question en réalité.
Etre expulsé, c’est perdre tous ses biens, son logement, son travail, son milieu, ses amis, sa famille parfois. L’expulsion au bout de 45 jours de rétention, samedi dernier de Changfeng (? c’est ça ) Mo, 28 ans, chinois, en France depuis presque 10 ans, père d’enfants de 2 et 3 ans nés en France en est une illustration tragique. Une expulsion, c’est une humiliation et une violence dont on se relève difficilement : le pays que vous aviez choisi, parfois rejoint au prix de tous les dangers, vous rejette, déposé sans rien, ni argent, ni vêtements ni chaussures (ça s’est vu) sur le tarmac d’un aéroport où personne ne vous attend.
La réalité des expulsions, c’est celle-là, à des dizaines de milliers d’exemplaires dont un ministre cynique ou inconscient se vante.
Le reste est à l’avenant : 30% de naturalisation en moins. Un chiffre destiné à piéger l’électeur FN. Ceux qui sont déboutés de la naturalisation ont une carte de séjour (obligatoire pour demander la naturalisation). Ils resteront donc en France, un peu plus humiliés et malheureux du mauvais traitement que leur pays d’adoption leur impose. Mais aussi des milliers de personnes privées du droit au séjour, contraintes à la pire des précarités et instrumentalisées par des patrons petits et grands pour peser sur les salaires, les conditions de travail, les droits de tous. Et une présence policière, le développement et le croisement des fichiers, autant de menaces qui pèsent sur l’ensemble de la vie publique et sur les libertés.
Au total, les mesures de Guéant sont un ramassis de mesures racoleuses pour les unes, révoltantes pour d’autres, infâmes pour l’ensemble. Monsieur Guéant fait du Le Pen dans la langue de l’ENA. Ca n’est pas plus honorable.
Le Front national n’a pas à chercher de candidat à Boulogne (Hauts de Seine). Son candidat naturel, c’est Guéant.
RESF