Jean-Marie Woerhling de l’Institut du Droit local d’Alsace-Moselle a présenté le statut particulier des religions reconnues (ou statutaires, selon le conférencier) en Alsace-Moselle.
On sait que de nombreux textes datant de plusieurs époques, française et allemande, régissent les religions dans la région faisant de celle-ci une exception dans la République française, puisque en particulier, la loi de séparation des églises et de l’État, loi de 1905, ne s’y applique toujours pas. Ainsi, les curés, les pasteurs, les rabbins sont payés par le ministère de l’Intérieur, selon la grille de la Fonction publique; des cours de religion sont réputés obligatoires dans l’école publique du primaire au secondaire. Deux facultés publiques de théologie appartiennent à l’Université de Strasbourg. Et le président de la République nomme avec le pape, l’évêque de Strasbourg!
Les défenseurs de ce système prétendant que les Alsaciens-Mosellans y sont attachés, sans que jamais on ne leur ait demandé leur avis.
Ces questions sont revenues dans l’actualité depuis que le président Hollande a proposé d’introduite la loi de 1905 dans la Constitution alors que la laïcité y figure déjà, tout en faisant une exception pour l’Alsace-Moselle, ce qui aggraverait la situation en gravant dans le marbre la non-laïcité de cette région.
Une affaire récente de “blasphème” supposé a donné lieu à une plainte de milieux intégristes catholiques après que le Conseil français du culte musulman s’était posé cette question lors de la récente affaire Charlie-hebdo.
Un blasphème en plein 21e siècle! On croit rêver. Ce texte de loi est l’exemple le plus radical du caractère obsolète, caduc et archaïque du statut des religions ici. Mais rien ne bouge, et même, certains proposent que ce système soit étendu à toute la France et à ‘Europe! A gauche, beaucoup de courants politiques ont renoncé à lutter sur ce terrain. cependant, la laïcité est défendue depuis des années en particulier par l’Association Laïcité d’Accord dont deux membres étaient présents à la conférence où se trouvait aussi l’ex Inspecteur général Robillart, le Grand-Rabbin de Strasbourg, René Gutmann et Janine Elkouby..
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Novembre 2012
Petit compte-rendu d’un débat qui n’a pas eu lieu.
Fin octobre à l’Hôtel de Région, lors des états généraux du christianisme, on a pu entendre des choses surprenantes. Je rassure les athées convaincus, il n’y a pas été question de foi. La conférence-débat annoncée portait sur le problème du concordat. A la question de l’animatrice, pourquoi un régime religieux particulier en Alsace et en Moselle, les trois partisans du Concordat qui occupaient la tribune (Ph.Richert, F.Messner et J-F.Collange) ont tenté de répondre en reformulant la question : qu’est-ce qui justifie le maintien du concordat. A quoi il sert ? On sentait le malaise d’avoir à se justifier (c’est le terme qui a été plusieurs fois utilisé).
Du côté des réponses on trouve à peu de chose près les mêmes arguments : Pour PH.Richert la religion et le concordat permettent l’apprentissage du vivre ensemble en évitant les tensions. Pour F.Collange la religion façonne la société et crée du lien social ce que reprend F.Messner. Bref, les cultes c’est utile. Et F.Collange d’enfoncer le clou et de déclarer que les cultes doivent être financés comme des services publics qu’ils sont. Et de citer Napoléon « Un curé et un pasteur ça vaut dix gendarmes. » On croit rêver. Voilà qui traduit un singulier désir d’ordre et une basse soumission aux séductions de l’Etat. On aura encore l’occasion un peu plus tard d’entendre une brillante démonstration pédagogique de Ph.Richert qui, prenant l’exemple du métro parisien, qui bénéficie surtout aux Parisiens, Franciliens et qui est pourtant financé par l’impôt et donc par tous, en conclut qu’il n’y a rien de choquant à que les cultes d’Alsace et de Moselle soient financés par l’ensemble des contribuables français. Le métro sans doute aussi une affaire de foi, de conviction, de croyance. C’est ce qu’on ne peut qu’en conclure. Pour M.Richert, comme pour les partisans du maintien du concordat, service des croyances et services publics doivent être traités sur un pied d’égalité et bénéficier du financement public et, à la tribune et dans la salle, on se plait à rêver un instant à l’extension du régime d’exception d’Alsace et de Moselle. Et M.Messner de surenchérir en affirmant que ce n’est pas le financement des cultes (pourtant interdit explicitement par l’article 2 de la loi de 1905) qui pose problème mais l’interdiction de ce financement qui crée des discriminations et rompt le principe constitutionnel d’égalité. Édifiant.
B.Anclin
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