Déclaration du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran, 5 juillet 2013 :
La révolution égyptienne a dépassé une importante étape pour la population d’Egypte, du Moyen-Orient et du monde entier. L’immense mouvement deTamarrod (rébellion), qui a organisé “la plus grande manifestation de l’histoire”, a poussé le gouvernement de Morsi et des Frères Musulmans à sa perte et a conduit à sa chute par l’armée. C’est le troisième gouvernement, après ceux de Moubarrak et de Tantawi, qui a été renversé par la force de la Place Tahrir et de la révolution égyptienne. Ce n’est pas seulement une importante étape dans l’affaiblissement des forces islamistes en Egypte et de pays comme l’Iran, mais, plus fondamentalement, une expression pour aller au-delà des limites de la démocratie et un coup fatal au mythe du pouvoir des urnes, c’est-à-dire du pouvoir de la bourgeoisie. Le monde entier a été témoin des dizaines de millions d’hommes et de femmes sont sortis dans les rues d’Egypte et ont directement exercé leur volonté et renversé un gouvernement qui, bien que produit d’un processus parlementaire, ne les a jamais représentés, et comme tous les Etats démocratiques, ne représentait qu’une minorité parasitaire et réactionnaire. C’est un tournant historique qui porte le nom de la révolution égyptienne.
Il n’y a rien de plus absurde que les lamentations des différents gouvernements bourgeois sur la “perte de la démocratie” et les condamnations du “coup d’Etat militaire contre un gouvernement élu démocratiquement”. En fait, ce qui les attriste c’est la perte de l’option de “l’islamisme modéré” comme conséquence de l’avancée de la révolution égyptienne. Les événements de la semaine dernière ont aussi démontré l’échec de la politique d’endiguement de la révolution par les urnes en renvoyant les gens chez eux. En fait, ce qui les effraye c’est la volonté directe de la population et l’avancée de sa révolution. Ils sont bien conscients que l’armée a laissé tomber les Frères Musulmans et réalisé le coup d’Etat par crainte d’une radicalisation de la situation et avec l’espoir de contrôler plus tard la révolution. Il est également connu que non seulement durant la période de Moubarrak et de Tantawi, mais aussi sous Morsi et l’actuel gouvernement provisoire c’est l’armée qui détient le réel pouvoir.
Pour vaincre, la révolution égyptienne doit se confronter directement et briser la colonne vertébrale de l’Etat égyptien, c’est-à-dire l’armée qui en plus de sa puissance militaire est une formidable puissance économique et politique. Le magnifique mouvement Tamarrod, les manifestations historiques de ces quelques derniers jours et la chute de Morsi ont renforcé les positions de la révolution égyptienne. Cependant, il est clair que la révolution a devant elle une route sinueuse. En plus de l’armée, la force des islamistes ne doit pas être sous-estimée. Ces derniers ont subi une défaite, mais réapparaitront sur scène comme une force ultra-réactionnaire. Plus important, la bourgeoisie en Egypte a de nombreuses autres cartes entre les mains, comme El Baradei qu’elle a gardé pour plus tard. Mais le plus grand danger pour la révolution égyptienne est de savoir si cette révolution restera une force d’opposition, ou si le gigantesque mouvement de la Place Tahrir se transformera lui-même en pouvoir d’Etat basé sur la volonté directe de la population organisée dans ses organisations de base de masse. La Place Tahrir et l’immense mouvement du peuple égyptien doit passer de l’exercice de sa volonté pour changer les gouvernements et renverser différents représentants de la bourgeoisie à la prise du pouvoir politique et à l’élaboration d’un nouveau système basé sur la liberté inviolable de la population, le bien-être et la dignité. Les événements de la semaine dernière ont prouvé que le mouvement de la Place Tahrir est la plus forte et la plus décisive des forces en Egypte. La population révolutionnaire d’Egypte doit prendre le pouvoir politique, s’organiser elle-même comme Etat et diriger directement. Une société humaine et égalitaire, sans discrimination, prisons, exécutions et misère, ce qui est le souhait de la population égyptienne, ne pourra être réalisée que par cette voie.
Parti Communiste-Ouvrier d’Iran, 5 juillet 2013
5 July 2013
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