La Feuille de Chou a parlé plusieurs fois de Baligh Kais, actuellement au CRA de Metz, après celui de Geispolsheim.
Mais ce jeune travailleur tunisien, né en France, n’était pas seul à avoir été interpellé à la gare de Strasbourg. Avec lui, et revenant de deux jours de montage de stands au Salon des Vins du Wacken, il y avait aussi Mohamed Amin Dghoudih, qui aura 28, ans le 14 mars, et qui se trouve encore au CRA de Geispolsheim. Nous l’avons rencontré hier matin.
Il avait d’abord été retenu en garde à vue dans les locaux de la PAF, au pont de Kehl (ils n’ont donc pas brûlé le 4 avril dernier, lors de la manifestation anti Otan?). Puis transféré à la PAF de Strasbourg-Entzheim, puis présenté au JLD (juge de la liberté-sic- et de la détention) qui l’ expédié au CRA.
Il avait été contacté par M. Kais, lui-même embauché par l’entreprise Stand+, une boite sous-traitante d’un autre groupe, qui d’ailleurs a profité de leur situation pour ne pas leur payer les deux jours de travail!
On voit à quoi et à qui la législation française qui crée les “sans-papiers” sert! A surexploiter des travailleurs soumis au capital,dont les patrons sont certains qu’ils ne se plaindront pas et accepteront n’importe quel salaire (ou pas du tout) car ils n’iront pas se plaindre à la police.
M. Dghoudih a de la famille au Maroc, à Casablanca et Bouznika, en France et en Suisse, deux frères de 20 et 9 ans et une sœur de 13 ans, une tante suisse.
Il est passé plusieurs fois de Suisse en France et de France en Suisse, sans aucun problème! Il était d’ailleurs entré en France par Evian…
Ses parents habitent au Maroc. Il est fiancé avec une Française d’origine marocaine, habitant Angers et travaillant à Paris. Quand elle vient le voir au CRA, depuis Paris, en TGV, avec une nuit d’hôtel, cela coûte cher.
Il compte faire les démarches pour le mariage dès qu’il sera libéré. Encore faudrait-il qu’il ne soit pas expulsé au Maroc.
M. Dgoudhih est titulaire de trois diplômes , l’un de moniteur de surf, un autre de jardinier, et un de plomberie.!
Ceux qui prétendent que les étrangers viendraient” voler le pain des Français“, ne savent pas de quoi ils parlent!
Mais malgré ces diplômes, il ne trouve que des petits boulots sans rapport avec ses multiples qualifications. Dans le genre “immigration choisie“, selon l’horrible vocabulaire esclavagiste de l’ignoble Besson, qui dit mieux?
Depuis samedi dernier, il fait, avec deux autres “retenus“, une grève de la faim pour protester contre son enfermement.
Comme l’a fait observer le citoyen allemand qui m’accompagnait,, dont c’était la première fois qu’il mettait les pieds dans un tel lieu, avec RESF 67 et la Feuille de Chou, on peut toucher du doigt un scandale et un gâchis considérables.
Scandale de la privation prolongée de liberté d’un homme qui n’a commis aucun délit.
Gâchis des compétences de ce jeune travailleur, sur-diplômé, producteur potentiel de richesses pour l’économie française, et de plus-value pour les patrons, futur époux d’une Française, futur père d’enfants français, au moment où certains craignent pour l’avenir des retraites par répartition!
Bref, une perle à tous les points de vue, qu’une législation xénophobe emprisonne pour rien et risque même d’expulser afin de tenir d’inhumains quotas.
Il est temps que cela cesse et que Mohamed Amin Dghoudih, et tous les autres “retenus” soient libérés, avec les excuses et un dédommagement du gouvernement français et, ici du Préfet de la région Alsace.
Combien de listes aux élections régionales en Alsace défendront ce point de programme?
On les attend de pied ferme…
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Centre de rétention de Geispolsheim, sans jamais oser le demander, ni le tester vous-même…
Le Centre de Rétention Administrative de Geispolsheim se trouve rue du Fort, à Geispolsheim-Gare.
Téléphone: 03 88 66 11 83
L’accès, pas évident,se fait,quand on vient de Strasbourg par l’autoroute, en direction du sud,
Sortir à la hauteur du centre commercial La Vigie, sans prendre le couloir Vigie, tourner autour du rond-point, sans sortir vers Lingolsheim, prendre la D 222 vers Geispolsheim: on passe à côté d’un KFC, poursuivre la route qui passe sous l’autoroute et tout de suite après, prendre à gauche, le chemin de terre avant le panneau Geispolsheim, malgré une indication dissuasive “Terrain militaire Défense d’entrer…
Après quelques mètres, on aperçoit enfin une pancarte “Centre de rétention”; on continue le chemin, le long d’un plan d’eau bordé de cabanes de pêche, dans un petit bois charmant au printemps, jusqu’au parking près du bâtiment administratif des gendarmes et de la cour grillagée du centre.
Des caméras vous observent. Il faut savoir que tout citoyen ( et les parlementaires français et européens) peut entrer au CRA pour visiter un “retenu”. Il suffit de se présenter à la grille, d’avoir une pièce d’identité en règle.
Une fois dans le secrétariat, à droite de l’entrée, vous serez invité à un contrôle, sans palpation, de vos sacs, poches et autres endroits où pourrait se trouver des objets métalliques que vous devrez déposer dans un casier dont vous aurez la clé pendant les 2O minutes de votre rencontre avec la personne dont il faut évidemment connaître le nom pour pouvoir être admis au CRA.
Un gendarme ensuite vous accompagne, ouvre la porte du grillage, la referme, puis la porte d’un baraquement où se trouvent plusieurs bureaux, l’infirmerie, le local de la permanence de l’Ordre de Malte qui a succédé à la Cimade pour aider les gens à remplir les dossier, et à gauche une pièce vitrée avec un bureau, trois fauteuils, le règlement intérieur est posé sur le bureau, une liste d’avocats du barreau de Strasbourg au mur.
Le gendarme va chercher le retenu, et s’installe, pour vous surveiller,sur une chaise de l’autre côté de la vitre (autrefois, il se mettait à l’extérieur du batiment) . Il est donc probable bien qu’on n’ait pu le vérifier qu’il entend la conversation.
Signalons quel l’accueil des gendarmes et gendarmettes est tout à fait correct pour les visiteurs et qu’il semble selon les témoignages et ce qu’on peut observer quand on ne fait que passer, que le CRA de Geispolsheim, à part le fait rédhibitoire qu’il prive de liberté des gens qui n’ont commis aucun autre “délit” que d’être sans papiers, soit bien tenu du point de vue de la dignité des personnes.
Ce qui n’empêche que leur existence même, qu’on doit à la gauche mitterrandienne, soit scandaleuse.
Des institutions de ce genre ont existé en 1938, sous la 3e République, avec Daladier, président du Conseil, dans lesquelles on emprisonnait les Républicains espagnols fuyant Franco et les antinazis allemands ou autrichiens échappés de l’Allemagne de Hitler. Après l’invasion et l’occupation de la France, ils ont été livrés au nazis.
Comme quoi, malgré les changements de régime et les différences avec cette époque, ou celle de Vichy, l’administration française a conservé quelques invariants tenaces.
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