Au moment même où Michel Sapin annonce les nouvelles priorités antisociales du gouvernement qui annonce (renonce) désormais publiquement que toute autre alternative politique à l’ultra libéralisme assumé depuis 3 ans est impensable, au quotidien, on assiste déjà à la mise en place accélérée des pires méthodes de gouvernance: par la peur, le tout sécuritaire et le tout répressif.

“L’effort pour l’armée doit être compensé par des économies sur le logement et la santé”. “Tout effort supplémentaire pour un ministère doit être compensé par des économies sur d’autres ministères”. “Puisqu’il y a plus de moyens pour la défense et la sécurité des français, il y aura plus d’économies”. Michel Sapin (30/04/2015)

Ainsi, on a déjà pu le constater de visu, dès le vendredi 1er mai, jour de fête des travailleurs, à Strasbourg, en croisant des militaires en patrouilles par 3, armés et en tenue de combat, qui sillonnaient les rues et les places touristiques autour et à l’intérieur de la Grande-Île.

P1460159

 

Devant l’étonnement et la grimace de certains habitants leur demandant ce qu’ils faisaient là, croyant encore naïvement qu’ils n’étaient affectés qu’à la surveillance des lieux de cultes ou autres lieux déclarés “sensibles”, les militaires interrogés déclarèrent qu’ils patrouillaient désormais aussi dans les rues “pour protéger la population“.

Des habitants qui avaient sorti leur portable pour prendre la scène en photo ont eu la consigne de ne pas prendre les militaires en photo sauf devant les monuments… Des passants leur ont alors demandé s’ils devaient faire comme s’ils n’avaient rien vu, et faire comme s’ils n’avaient pas eu la désagréable impression d’être “en état de guerre“… Ce à quoi les militaires ont répondu qu’il ne “fallait pas/plus les voir comme ça, mais comme une présence pour les protéger” ! A la question de bon sens “mais nous protéger de quoi?“, les militaires ont répondu “de tout, de tout ce qui se passe…“. Vaste programme…

Après le départ des 3 militaires interrogés, une femme avec ses enfants a dit que de voir des militaires dans la rue ne la rassurait pas, bien au contraire, et qu’elle ne voulait plus amener ses enfants en ville dans cette mauvaise ambiance…

Voilà donc très concrètement ce que signifie le renoncement aux politiques sociales et les trahisons qui vont avec : confier à la police et à l’armée la gestion autoritaire -par la peur et par la force- du mécontentement populaire à venir, aussi légitime qu’inévitable.

“Le gouvernement ne cesse d’invoquer Charlie Hebdo pour justifier cette loi liberticide alors qu’on est un journal qui lutte contre les atteintes aux libertés. C’est schizophrène, on ne veut pas être utilisés comme argument publicitaire par Manuel Valls pour vendre sa politique sécuritaire”.
Luz, interview aux Inrocks (semaine du 29 avril 2015)