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Un Albanais en voie d’expulsion

Hashani Nazmi conduit ce matin à 6h30 à l’aéroport direction Paris.

Il devait se marier avec sa compagne ces jours-ci; arrêté puis mis en garde à vue, le couple a subi diverses pressions morales de la part de la police. Avant d’être conduit au CRA de Geispolsheim.

Jacques Muller, sénateur du Haut-Rhin écrit au Préfet

Courrier Préfet Situation Melle Asina KAPALAY-ATATO 31 05 2010

lu dans les DNA

Pour continuer à signer la pétition http://www.resf.info/P1577

Altkirch – Illfurth / Expulsion d’une jeune Congolaise
H. Bihl soutient la famille

« Je suis tombé des nues en lisant mon journal » : le maire d’Illfurth Helmuth Bihl ne pouvait plus clairement exprimer son étonnement hier après-midi en accueillant le père d’Asina Kapalay-Atato, jeune femme de 23 ans sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière et qui a refusé dimanche matin, à Roissy, d’être expulsée vers la République démocratique du Congo (RDC, anciennement Zaïre), son pays natal. Alors qu’une manifestation de soutien s’est déroulée le matin même à Mulhouse marquée notamment par une marche qui a conduit 200 personnes du lycée Lavoisier – où Asina est scolarisée et devant lequel elle a été interpellée mardi dernier – à la sous-préfecture de Mulhouse, le père de la jeune femme, Daniel Kapalay, souhaitait rendre le maire d’Illfurth, commune où il réside avec toute sa famille depuis cinq ans, attentif au problème.
Et il tient en quelques mots : majeure, la jeune femme doit selon l’arrêté préfectoral être renvoyée à Kinshasa où elle n’a plus! personne « puisque toute sa famille, de nationalité française, est ici », résume Daniel Kapalay.

Urgence et mobilisation

Lui-même arrivé en France en 1989 où il a donc été naturalisé français, il a fondé une famille, installée depuis 2005 à Illfurth avec son épouse Séverine et ses six enfants âgés de 1 à 15 ans. Née d’une première union, Asina les avait rejoints en février 2009 après une année passée à Cologne où demeure sa mère. « Ma fille était arrivée en Allemagne avec un visa d’étudiante dont la validité était encore de trois mois lorsqu’elle est venue à nos côtés », poursuit Daniel Kapalay qui entama immédiatement les démarches auprès de la préfecture pour prolonger la validité de ce visa. « Lors de cet entretien, il nous a été répondu que ce serait réglé »… sauf que le temps passant, rien ne se passait alors que toutes les démarches ont été entreprises confirme Helmuth Bihl.
« La préfecture nous a recontactés une fois que le délai! avait expiré, nous informant alors qu’Asina était désormais en situation irrégulière et qu’elle devait quitter le territoire », s’indigne le père en précisant que tous les recours de son avocat ont échoué. Voulant rendre visite à sa maman pour Noël, Asina fut arrêté à la frontière en décembre et conduite au centre de rétention administrative de Geispolsheim. « C’est à ce moment que nous avons appris qu’elle était sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière », s’indigne Daniel Kapalay. Relâchée, Asina regagnait en janvier Illfurth avec une assignation à domicile, continuant toutefois à se rendre au lycée Lavoisier où elle est scolarisée en 2de SES depuis septembre, étant précisé que la jeune femme, qui se destine à une carrière sanitaire et sociale, avait décroché son baccalauréat à Kinshasa.

« La machine à expulser… »

C’est justement le risque de voir briser une famille parfaitement intégrée et appréciée de son voisinage qui atter! re Helmuth Bihl. « C’est incompréhensible. Si j’admets que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, j’ai du mal à concevoir que l’on puisse séparer une famille pour renvoyer une jeune femme dans un pays où elle n’a plus personne tandis que son père, qui travaille, et ses frères et soeurs sont ici, enfants scolarisés dont certains font en outre partie d’associations locales. Je ne peux pas accepter que la machine à expulser fonctionne sans un regard sur l’aspect humain », observe Helmuth Bihl qui estime « normal d’être prêt à aider la famille ». Et il y a urgence comme le rappelait Séverine Kapalay : « au maximum, la durée du séjour en centre de rétention est d’un mois et voilà déjà une semaine qu’Asina s’y trouve. Il ne fait guère de doute qu’il y aura d’autres tentatives d’expulsion ».
Helmuth Bihl en est conscient. Concrètement, il a envoyé dans un premier temps un courrier à la préfecture du Haut-Rhin dès l’issue de l’entretien, invitant le préfet à ! revenir sur sa décision. « Si on ne respecte que des critères et des quotas, cela ne donne pas une bonne image de la France. » Une réflexion dont le maire d’Illfurth s’est encore fait l’écho auprès de la sous-préfecture d’Altkirch. « Je ne peux pas soutenir une décision que je ne comprends pas. » Il n’est pas le seul : en ligne et sur papier, la pétition de soutien à Asina a déjà recueilli 2 500 signatures.

Nicolas Lehr

© Dernières Nouvelles d’Alsace2.6.2010