Pics métalliques, plots en béton, jardins de cactus, éclairage perturbant… Sous couvert de design, le mobilier urbain s’arme de tout un arsenal anti-SDF. Ou comment les centres-villes ont déclaré la guerre aux sans-logis. 

capture_mobilier

C’est une méthode qui ne dit pas son nom. Dans nos villes, sous couvert de design, le mobilier urbain s’arme de tout un arsenal anti-SDF. Jardinets de cactus, pics, barres métalliques, plots de béton. Autant d’équipements qui poussent comme des champignons le long des vitrines, dans les couloirs du métro ou devant les copropriétés. L’objectif : dissuader les personnes sans-abri de s’y asseoir ou de s’y allonger. C’est « l’air de rien », en s’inspirant de l’exemple précurseur de New-York, que les villes européennes se sont peu à peu dotées de ce type d’équipement anti-sdf.

Inventaire
Un phénomène qui n’a pas échappé à l’œil d’Arnaud Elfort. Avec son appareil photo, cet artiste plasticien arpente depuis plusieurs années le macadam parisien en constituant un véritable inventaire de ce mobilier urbain d’un genre nouveau. « Ces dispositifs anti-SDF sont apparus il y a une dizaine d’années dans le métro, quand les bancs ont été remplacés par des sièges individuels. Aujourd’hui, on en compte des centaines, de formes très variées, dans tout Paris », constate-t-il. Dernière innovation en date : les plans inclinés, qui bordent désormais de plus en plus de vitrines. Particulièrement discrets et terriblement « efficaces » : Essayez donc de vous asseoir sur un pan incliné à 45°…

Produit répulsif
Mais à qui doit-on ces joyeuses envolées urbanistico-sécuritaires ? Avant tout aux copropriétés et aux commerçants qui paient pour ce mobilier. La Ville de Paris, elle, se dit impuissante face à ses initiatives privées. Quand à la RATP, elle a été la première à introduire dans l’espace public parisien des équipements anti-sdf. Ailleurs en Ile-de-France, on ne manque pas d’idées pour faire déguerpir la misère. En 2007, le projet de la ville d’Argenteuil avait notamment marqué les esprits : C’est à coup de produit répulsif que le maire Georges Mothron entend alors disperser les sans-abris installés devant le centre commercial de la ville.  Face au tollé, il y renoncera finalement.

« Le repos du Fakir », une vidéo de Gilles Paté et Stéphane Arguillet (2003), esquisse à sa manière une typologie du mobilier ubain anti-sdf.

http://www.arte.tv/sites/fr/leblogueur/2013/09/29/la-ville-anti-sdf-un-mobilier-pas-tres-urbain/

Schlomoh avait déjà publié ça sur le même sujet:

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/portfolio/2008/08/31/1254873_bancs-publics-chevalets-de-torture-dispositifs-anti-sdf.html