Pinar Selek cassation feuille2chouphoto

Pour la journée du procès en cassation de Pinar Selek à Ankara, son comité de soutien était rassemblé à Strasbourg comme à Ankara pour passer en solidarité à ses côtés ces heures décisives qui, espérons le, (14h40), se termineront par un acquittement définitif.

Pinar Selek comité soutien feuille2chouphoto

A Strasbourg on a suivi avec elle, dans le local de l’ASTU, grâce à une liaison directe sur Internet, l’avancement des plaidoiries des cinq avocats, dont son père.

En milieu d’après-midi, on apprenait que le jugement était mis en délibéré au 11 juin prochain.

Pinar Selek cassation feuille2chouphoto

comité de soutien Pinar Selek cassation feuille2chouphoto

Interview de Pinar Selek

Alp Selek père de Pinar devant le tribunal à Ankara

Blog de Pascal Maillard sur Médiapart

Actualisation du 30 avril: DIRECT D’ANKARA et de STRASBOURG avec Pinar Selek [15h17]

(informations transmises par Jean-Pierre Djukic, un des quatre membres de la délégation de l’Université de Strasbourg)

– Début de l’audience à 10h : salle trop petite, 30 places seulement pour le public, transmission sur écran plasma dans le couloir. Seuls deux personnes de la délégation universitaire sont acceptées, protestation, puis Jean-Pierre Djukic parvient à entrer dans la salle. Parole à la défense.

– Impressions et informations de Pinar, à Strasbourg : “Le procès a bien commencé, pas de tension avec la police. 300 personnes devant le tribunal. 50 personnes à l’intérieur. 5 ou 6 avocats doivent prendre la parole. Le premier avocat a posé des problèmes de vice de forme. Bonne écoute des juges.”

– Pause déjeuner, reprise à 12h heure française avec la plaidoirie d’Alp Selek, père de Pinar.

– L’audience a repris avec un peu de retard. Plaidoirie des avocats qui passent en revue les témoignages à charge extorqués sous la contrainte. Démonstration, photos à l’appui, de l’incohérence des preuves matérielles (fragment de la bombe supposée).

Yasemin Oz au micro collectif solidarité Istanbul

– JUGEMENT MIS EN DELIBERE AU 11 JUIN.

– A Strasbourg : Pinar s’exprimera dans le cadre d’une conférence de presse qui se tiendra le 2 mai à 12h à l’ARES, 10 rue d’Ankara à Strasbourg. Pinar souligne seulement la qualité des plaidoiries et l’importance des mobilisations de soutien. Elle nourrit, comme elle l’écrit dans son roman, un “demi espoir”. Elle souhaite analyser sereinement le déroulement de l’audience avec ses avocats. “C’est grâce à la solidarité autour de moi que je respire… Je me sens forte”, dit-elle à l’instant aux journalistes.

– A Ankara : Alp Selek, père et avocat de Pinar, estime plutôt positivement la mise en délibéré. Selon lui, les avocats ont pu se faire entendre sur des aspects du dossier que les juges avaient mesestimés lors de la première cassation de l’acquittement. Les juges se donnent le temps de réexaminer le dossier.

Pascal Maillard 1er mai 01h19

Voici les principaux articles qui couvrent l’événement à cette heure :

– Article des DNA ci-dessous

– Dépêche AFP reprise par France 3 Alsace :

http://alsace.france3.fr/2014/04/30/proces-en-appel-de-pinar-selek-la-cour-de-cassation-d-ankara-renvoie-son-jugement-au-11-juin-468887.html

– Article et entretien sur ARTE (+ passage au JT de 19h45) :

http://info.arte.tv/fr/le-jugement-de-pinar-selek-une-nouvelle-fois-reporte

– Article de l’Humanité, engagé :

http://www.humanite.fr/proces-de-pinar-selek-la-guerre-des-nerfs-continue-523801

Sans oublier le reportage de La Feuille de Chou à l’ASTU : http://la-feuille-de-chou.fr/archives/65233

Pinar sera présente à la manifestation du 1er mai demain matin (10h Place de la Bourse).

A noter enfin dans votre agenda la conférence de presse vendredi 2 à 12h à l’ARES ( rue d’Ankara à l’Esplanade),
à l’occasion de laquelle les observateurs de la délégation strasbourgeoise présenteront leur compte rendu, alors que Pinar
nous fera part de ses analyses. Venez nombreux!

DNA

Justice Audience de la Cour de cassation turque
« Patience », encore, pour Pinar Selek

Pinar Selek devra encore attendre jusqu’au 11 juin : ce midi, après une audience, la Cour de cassation turque a annoncé que sa décision sur la condamnation de la sociologue serait rendue dans plus d’un mois

« Les amis, on vient d’avoir des nouvelles. » Dans les locaux de l’Astu, association turque de Strasbourg, le silence s’est fait d’un coup au-dessus des verres à thé. « La Cour de cassation va rendre sa décision le 11 juin », continue Pinar Selek, penchée au-dessus de l’ordinateur qui lui permet depuis le début de la matinée de communiquer avec ses amis et avocats présents à l’audience à Ankara.

« Ça fait 16 ans que j’attends… »
Condamnée à la prison à vie en janvier 2013, elle risquerait gros en rentrant en Turquie. En exil en France, c’est à Strasbourg et son université qu’elle a élu domicile.

Le silence met un peu de temps à se dissiper. La vingtaine de personnes présentes pour soutenir la sociologue espérait une décision le jour même. Tous font en cet instant le même calcul : le 11 juin, c’est dans 6 semaines.

« Patience… Patience… Patience… », lâche Pinar Selek, fataliste autant qu’habituée : « Ça fait 16 ans que j’attends… » 16 ans depuis cette explosion sur un marché d’Istanbul pour laquelle elle est très vite soupçonnée de complicité. La seule personne qui l’accuse se rétracte très vite et très catégoriquement, une enquête conclut que l’explosion était accidentelle et non terroriste, mais les poursuites contre la chercheuse continuent.

En tout, deux ans de prison, 4 condamnations, trois acquittements en appel. Et 16 années de lutte, donc, auxquelles s’ajoutent les 6 semaines à venir.

« Une mise en délibéré laisse la possibilité d’une interprétation politique de la décision… », glisse, sceptique, un membre du comité de soutien, inquiet d’une ingérence de l’État d’Ankara. « Il est temps que cet acharnement judiciaire s’arrête et que la justice turque nous montre qu’elle peut être capable d’indépendance », ajoute Gabriel Amard, candidat du Front de gauche aux européennes, présent pour l’occasion.

« Un demi-espoir »

« Je ne sais pas comment interpréter ça, articule patiemment Pinar Selek. On ne sait pas si la décision est prise d’avance. Je vais réfléchir, ce soir, je vais discuter avec mes avocats. Mais je ne suis pas pessimiste : mon livre parle de “demi-espoir”, et en ce moment c’est ça. »

Elle respire un grand coup, réfléchit en levant les yeux, et continue doucement : « Pour aujourd’hui je n’espérais rien. C’est compliqué les sentiments, il y en a plein qui se présentent en même temps. Il n’y a pas un mot qui peut résumer comment je me sens. Mais je me sens forte. »

Et il vaut mieux l’être. Car si le 11 juin la Cour d’Ankara apporte « une bonne nouvelle, ça ne veut pas dire que je suis acquittée, ça veut dire que le procès va reprendre » pour revenir sur la décision de janvier 2013, résume Pinar Selek sans pouvoir réprimer le rire que lui inspire l’absurdité de la chose.

Le résultat signifiera donc soit un exil à vie soit la poursuite du combat. Alors, de la même façon qu’elle communique avec la quinzaine de Strasbourgeois partis la soutenir à Ankara, la chercheuse se tourne vers ses soutiens présents dans la salle, pour les remercier : « Grâce à la solidarité en Turquie, en France, dans le monde entier, je peux respirer. Je n’ai jamais été seule. La lutte n’affaiblit pas, elle renforce. »

par Anne-Camille Beckelynck, publiée le 30/04/2014 à 16:49