Cet article a été rédigé par un ami de la Palestine et proposé aux Dernières Nouvelles d’Alsace,pour y être publié, avec leur accord.
Mais, à ce jour, les DNA n’ont rien publié.
La Feuille de Chou le publie donc, avec l’accord de son auteur.

Jeudi 22 avril a eu lieu à l’ENA (Ecole Nationale d’Administration) une table ronde sur l’engagement et sur les droits de l’homme à propos d’Israël et de la Palestine sur le thème «peut-on sortir de l’impasse ? » La soirée était organisée par l’association culturelle Passages et le Collectf judéo arabe et citoyen pour la paix.

200 personnes environ suivent les exposés puis posent des questions ou participent de vive voix aux discussions. On remarque d’anciens Résistants qui furent l’honneur de Strasbourg, mais aussi toutes sortes de personnes soucieuses de s’informer et en quête de solutions, croyant au ciel ou n’y croyant pas.

A la tribune :

– Stéphane Hessel, rescapé de Buchenwald, Résistant, diplomate, rédacteur avec René Cassin de la déclaration universelle des droits de l’homme, toujours aussi actif à 93 ans.

– Nabil El-Haggar, et vice-président pour la culture de l’Université de Lille 1, d’origine palestinienne,

– Nicole Kiil-Nielsen, députée d’Europe-Ecologie au Parlement européen, Elle est membre de la sous-commission des droits humains du parlement européen qui n’a pas de pouvoir décisionnel en ce qui concerne les droits humains et les affaires étrangères. Elle travaille sans relâche pour interpeller la Commission européenne ou le Conseil de l’Union Européenne : le pouvoir décisionnel appartient aux Etats-membres.

– Yoav Shemer Kunz, citoyen israélien, défenseur de la paix,

– Modérateur : Sophie Rosenzweig, journaliste d’Arte qui joua son rôle.

Stéphane Hessel, en attendant que les derniers arrivés s’installent dans l’amphithéâtre, récite un poème en français et un autre en allemand. Puis il ouvre la séance en expliquant que beaucoup de personnes en 1948, année de la déclaration universelle des droits de l’homme et du renouveau de l’ONU croyaient qu’on avait trouvé, avec la création de l’Etat d’Israël, une solution au malheur et au génocide des juifs en Occident. Mais on s’est rendu compte que cet Etat s’est fait au détriment des Palestiniens. Il se veut l’ami à la fois des Palestiniens et des Israéliens et, malgré les blocages, rappelle que pour l’ONU il faut un Etat palestinien à côté d’un Etat israélien, que pour lui c’est la seule solution.

Nabil El-Haggar explique en ce haut lieu des futurs énarques que l’élite de la République française a un vrai problème dans la compréhension du problème israélo-palestinien. Pourtant les faits sont connus. Dès 1897 à Bâle est né le projet sioniste mondial de la conquête d’une terre habitée pour les juifs. L’Etat d’Israël est une pure fabrication de l’Occident colonial. Au nom de la paix on nous cache la vérité. En 1948 sont expulsés 800 000 Palestiniens : c’est un génocide social (Nakba), alors que les Palestiniens ne sont en rien responsables du génocide des juifs. Hitler n’était pas palestinien ! Le discours sioniste mondial est repris par l’Occident et la politique européenne accepte l’inacceptable. En Cisjordanie de 12 à 15% des terres sont encore aux mains des Palestiniens. On ne peut pas construire un Etat sur ces terres. Pourquoi y-a-t-il des blocages ? Israël est un Etat d’exception, très puissant à qui on ne demande pas des comptes. Il a 200 têtes nucléaires et personne ne dit rien. Il peut tuer, expulser, mettre en avant sa « démocratie », alors que c’est un Etat colonial. Pourquoi ne pas reconnaitre la Nakba, au lieu d’en interdire la commémoration en Israël et en Palestine ? Nicole Kiil-Nielsen rajoute un peu plus tard qu’on ne peut pas tourner la page de la Nakba avant de l’avoir lue ! Il demande à l’Autorité Palestinienne de se dissoudre car elle n’a pas réussi à protéger son peuple, et qu’elle laisse l’ONU assurer la protection des Palestiniens. Israël représente aussi un grand danger pour la démocratie en Europe, conclut provisoirement Nabil El-Haggar car dès qu’il s’agit d’Israël, nos hommes politiques oublient leurs références habituelles !

Yoav Shemer Kunz dit que la Palestine a symboliquement disparu en 1948 et continue de disparaître au fur et à mesure que la colonisation juive avance. Où mettre à présent l’Etat palestinien ? Ce sera un bantoustan morcelé. Le système israélien n’est pas une démocratie, c’est une ethnocratie (démocratie pour les juifs). Israël avec son armée est un monstre qui veut faire peur à tous les Palestiniens et à leurs dirigeants, notamment à ceux de Cisjordanie. Ici à Strasbourg j’apprécie la réconciliation franco-allemande, le multculturalisme, alors que les dirigeants européens veulent créer deux Etats (Israël et la Palestine) : c’est archaïque et il faut trouver d’autres solutions qui évitent de séparer les Palestiniens de leurs terres et qui empêcheront les dirigeants israéliens de renvoyer les Palestiniens d’Israël vers un ridicule bantoustan palestinien. Il faut un Etat binational ! Nabil El-Haggar lors du débat dit qu’il préfère aussi cette solution.

Nicole Kiil-Nielsen a essayé récemment avec une Délégation officielle du Parlement Européen d’entrer à Gaza ! Le programme avait été acté avec le parlement et au cours de la semaine les autorités israéliennes ont “bloqués” la délégation parlementaire « pour raisons de sécurité » Elle dénonce les arrestations des Palestiniens et la chasse aux sorcières contre les pacifistes israéliens, parle de la Résistance non violente, comme celle de Bil’in qui met en cause le mur illégal de l’aparthëid. Malgré certaines déclarations, l’Union Européenne renforce dans les faits ses relations avec Israël. « Nous ne pouvons pas accepter que la démocratie européenne ne fasse pas respecter le droit international » Comme les gouvernements ne font rien, c’est aux consommateurs d’agir. Elle parle de la campagne de « Boycott, Désinvestissement, sanctions » contre Israël qui se développe notamment dans les pays nordiques et en Angleterre, mais aussi en France. Israël pratique le blocus de Gaza depuis 4 ans, mène une politique coloniale en Cisjordanie et dans la ville symbole Jérusalem, mène une politique d’aparthéïd renforcée avec son gouvernement d’extrême-droite. Et le gouvernement français qui encourage par ses actes cette politique, donne des ordres aux parquets pour inculper les militants qui participent à la campagne BDS en les accusant de « racisme » de « discrimination » ! Et le maire de Paris, Delanoé, inaugure avec le Président israélien, une promenade « Ben Gourion » (l’homme qui a planifié la Nakba).

Stéphane Hessel rappelle la propagande israélienne pour que chacun la connaisse, (celle que nous pouvons entendre venant souvent tout droit des officiers de Tsahal explique Nabil El-Haggar). Les Israéliens croient-ils qu’on les aime actuellement lorsqu’ils arrivent quelque part dans le monde pour installer des services de sécurité ? Stéphane Hessel espère que le président Obama travaille dans la durée et que, malgré les pressions qu’il subit aux USA de la part certains milieux pro-israéliens, il réussira peut-être à ramener à la raison les dirigeants israéliens pour la solution prévue par l’ONU. Cela même si jusqu’à présent Israël, créé en 1948 par l’ONU n’a respecté aucune résolution de l’ONU. Le rapport Goldstone rédigé pour l’ONU après les massacres israéliens à Gaza doit permettre à Israël de ne pas rester impuni. Il nous parle aussi du Tribunal Russel auquel il participe qui agit dans le même sens.

Au cours de débat fut abordé aussi le sort des 11 000 prisonniers palestiniens qui permet à Israël d’exercer en toute illégalité une très forte pression sur les familles… Il fut dit que La « communauté internationale », l’ONU, L’Union Européenne ne font pas leur travail ; à part quelques discours il n’y a de pressions sur l’Etat d’Israël. Les droits de l’homme, le droit international, bien que bafoués, demeurent pour beaucoup une référence face aux puissants de ce monde….

Alfred Zimmer, membre du CA du Collectif judéo arabe et citoyen pour la paix.

La photo a été prise par Alain Kauff, membre du même Conseil d’Administration.

30 avril 2010

Les DNA n’ont rien publié à ce jour, mettant en avant qu’il s’agit d’un événement passé et qu’il n’y a pas de date impérative, alors qu’autour du 1er mai, il y a beaucoup d’activités à décrire et à annoncer dans des jounaux au nombre de pages fixe. J’ai eu une discussion très polie avec la jounaliste concernée en lui annonçant mercredi que je respectai le rythme des DNA mais que nous avons aussi notre agenda, que des articles seraient publiés sur les médias alternatifs.
Amicalement.
Alfred Zimmer, membre du CA du Collectif judéo arabe et citoyen pour la paix.