Le député de Strasbourg Armand Jung a opposé une fin de non-recevoir à « l’appel républicain », lancé lundi dernier par Roland Ries – et qu’il ne signera pas.

Un appel qu’il considère “écrit à la hâte”: « le président de la Cus et moi-même n’ayant pas été consultés », indique Armand Jung et qui « manque de contenu politique, ce qui en réduit sa portée », compte-tenu du « climat politique délétère et malsain », qui « crée les conditions du règne de la haine en France et en Alsace en particulier ». La situation est « très grave », poursuit Armand Jung. « 387 cimetières et lieux de cultes ont été profanés ces sept derniers mois en France, soit une à deux dégradations par jour, sans compter les agressions au domicile des personnalités ».

Et le député de s’adresser au préfet: “Quels sont vos résultats et vos moyens?”, après avoir interpellé aussi le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux dans une question d’actualité. Pour le coup, une réunion est prévue dès demain matin à 8h30 à la préfecture avec l’ensemble des parlementaires alsaciens.

Le député de Strasbourg dit ne pas avoir « le même style que Roland Ries » sur cette question: pour Armand Jung « on ne peut pas s’extraire du climat de politique nationale, avec les impacts négatifs du projet de loi Besson, le projet de loi « prévention performance » de la sécurité intérieur de Brice Hortefeux (reporté au mois de novembre), ainsi que « le discours de Grenoble qui stigmatise une partie des français ».

Pour conclure, le député fustige l’appel de Roland Ries: il est « insuffisant, lapidaire, sibyllin et confus, vu qu’il mélange les républicains et les démocrates », ajoute enfin Armand Jung, qui considère que la maire de Strasbourg et lui-même ne sont « pas aujourd’hui sur la même longueur d’onde ».

Il ne s’agit pas d’un « appel pour l’Euro 2016, on a vu le résultat, glisse-t-il? cela ne se fait pas à l’emporte-pièce, nous sommes dans un domaine fondamental pour l’Alsace », souligne-t-il. C’est cette position “d’indignation” que l’unique député socialiste alsacien entend expliquer demain aux responsables religieux (catholiques, protestants, juifs et musulmans) de la région.

L’article complet de notre journaliste Philippe Dossmann demain dans l’édition locale des DNA de Strasbourg

Jacques Bigot, président de la Cus, vient de nous contacter, il tient à préciser: “J’étais en déplacement lorsque cet appel a été rédigé, mais je n’en fais pas un casus belli, car nous oeuvrons en parfaite intelligence ensemble, avec Roland Ries, le maire de Strasbourg. Cet appel n’est sans doute pas la seule réponse à donner, le préfet nous en dira sans doute plus demain. Mais il recueille déjà plus de 3 000 signatures, c’est la preuve que les gens soutiennent cette initiative”.

Roland Ries dit “ne pas s’offusquer ” de l’attitude de démarquage d’Armand Jung: “Je laisse chacun à ses responsabilités. C’est à la police d’appréhender les coupables et de les présenter devant les tribunaux. Mais la gestion de l’opinion publique est du ressort de l’élu local, lorsqu’une forme de ras-le-bol se fait sentir, afin que la population puisse s’exprimer. Ce qui me frappe, c’est la diversité des personnes, au delà des débats philosophiques, qui ont signé (Abdelmalik, Roger Siffer, Jean-Luc Nancy…). sur les 3000 personnes qui ont répondu à l’appel, ainsi que 500 dans le groupe Facebook.

On aura tout compris!

Roland Ries s’occupe de “la gestion de l’opinion publique“, (marché de Noël, Rallye de France, capitale européenne…) pas de la gestion de la ville de Strasbourg.