http://www.aloufok.net/spip.php?article1201

samedi 26 décembre 2009, par La Rédaction

« On a du mal à comprendre cette interdiction » : le veto du gouvernement égyptien a pris de court les organisateurs de la « marche pour la liberté de Gaza ». Quelque 1.300 délégués originaires d’une quarantaine de pays sont attendus ces jours-ci au Caire à l’initiative d’un collectif d’associations, la Coalition internationale pour la levée du siège illégal de Gaza. Leur but affiché : franchir la frontière entre l’Égypte et Gaza le 31 décembre, un après la guerre, pour « rappeler à la communauté internationale sa responsabilité face au maintien du blocus » et apporter « un soutien aux Gazaouis » en coordination avec des ONG locales, comme le Centre palestinien pour les droits de l’homme ou le Croissant rouge.
« Notre initiative n’est pas tournée contre l’Égypte et ne vise pas davantage à s’immiscer dans la politique intérieure palestinienne. C’est une rencontre entre sociétés civiles et un geste de solidarité », précise Thomas Sommer, du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens qui rassemble associations, syndicats et partis de gauche.
L’Égypte a justifié son interdiction par la « situation sensible » à Gaza et la fermeture du terminal douanier de Rafah – fermé en quasi permanence depuis trois ans – après les incidents provoqués par l’annonce, au début du mois, de la construction d’un mur souterrain destiné à lutter contre le trafic d’armes. Les ouvriers égyptiens ont essuyé des tirs venant de Gaza, et les travaux ont été provisoirement suspendus. « On peut comprendre la préoccupation du gouvernement égyptien, mais on ne lui demande que le droit de passer à Gaza », souligne Ann Wright, une ancienne militaire et diplomate américaine. « Cela fait des mois qu’on est en contact avec le ministère des Affaires étrangères. Il aurait quand même été mieux pour tout le monde, y compris pour l’image de l’Égypte, que cette décision ne soit pas prise à la dernière minute. »
La bande de Gaza est un casse-tête pour le pouvoir égyptien, qui doit faire en permanence le grand écart entre des exigences contradictoires : éviter de heurter son opinion publique et les autres pays arabes en asphyxiant les civils palestiniens tout en maintenant sa frontière close pour ne pas endosser la responsabilité de l’approvisionnement de Gaza, ce qui ferait le jeu d’Israël, ni renforcer le Hamas, lointaine émanation de ses principaux opposants politiques, les Frères musulmans.
Un an après avoir été accusée de complicité avec l’attaque israélienne, l’Égypte voudrait détourner les projecteurs de sa frontière. Outre l’interdiction de la Gaza Freedom March, elle a refusé au convoi d’aide humanitaire Viva Palestina du controversé député britannique George Galloway, actuellement en Jordanie, le droit de transiter par le port de Nuweiba, sur le golfe d’Aqaba, pour l’obliger à faire un long et coûteux tour du Sinaï en bateau, via le canal de Suez.
Menacés de poursuite en cas « de violation de la loi ou de l’ordre public », les organisateurs de la marche espèrent de leur côté trouver une solution de compromis. « Cela reste un moment historique », insiste Ann Wright, selon laquelle 98% des délégués ont confirmé leur venue au Caire. « On négocie avec le gouvernement pour qu’il laisse passer quelques personnes à Gaza ou au moins le matériel (médicaments, jouets, matériel scolaire…) qu’on a collecté », ajoute Thomas Sommer. Dans le cas contraire, dit-il, « les habitants de Gaza resteront une fois encore seuls dans leur prison ».

(Samedi, 26 décembre 2009 – Avec les agences de presse)