lu dans les DNA
Ahurissant Cecil TaylorMousquetaire de l’avant-garde jazzée, le pianiste Cecil Taylor, épaulé du batteur Tony Oxley, a surpris, dérouté et ravi le public de Musica, lors d’un concert ahurissant.Sur le piano ce soir – à France 3 Alsace, à l’invitation conjuguée de Musica, Jazzdor et Pôle Sud -, une partition qui pourrait être une carte de New York. A 80 ans, Cecil Taylor parcourt son territoire, le sac et le ressac de ses rues perpendiculaires, sa maison de Brooklyn, carrée et solitaire dans une rue sans passage, les clubs fumeux qui ont vu naître son doigté miraculé. « La poésie a sauvé ma vie », répète-t-il à qui peut suivre ce phrasé martelé. « La musique a sauvé ma vie », dit-il encore, l’air d’être revenu de tout et de n’avoir renoncé à rien. Il s’accroche au piano comme à un phare ensablé. Un immense précipité de piano Première partie. Première pièce à conviction. Un immense précipité de piano, vingt minutes où l’air se densifie jusqu’à la solidité, puis trente minutes non stop. Dans la salle, les spectateurs reçoivent coup sur coup, n’ont pas digéré le dernier assaut que Cecil Taylor a déjà retraversé l’histoire universelle des musiques noire et blanche. Lorsqu’il avait 6 ans, sa mère voulait en faire un enfant prodige : un danseur de claquettes qui jouait Liszt de mémoire. Puis elle est morte alors que Cecil n’avait pas quinze ans. Le pianiste est resté un enfant qui multiplie les prodiges. Comment fiancer Albert Ayler aux Microkosmos de Bartok ? Ornette Coleman et Stravinski ? Comment entrer dans le champ batailleur du free jazz et rendre hommage au structuralisme de Bach ? Cecil Taylor parvient à galvaniser une audience qui jubile d’avoir toujours un train de retard. Joël IsseléÉdition du Dim 4 oct. 2009
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