Rappel…
L’article 20 de la loi de programmation militaire, promulguée le 19 décembre, autorise une surveillance généralisée des données numériques, au point que l’on parle de « Patriot Act à la française ». Erigé en priorité absolue, l’impératif de sécurité change souvent de prétexte (subversion politique, « terrorisme ») mais conserve sa visée : gouverner les populations. Pour comprendre son origine et tenter de le déjouer, il faut remonter au XVIIIe siècle…
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« Allons enfants de la Patrie,… » !
Que vous inspire le terme « PATRIOT ACT »?
Un pays ? Une date ? Un petit pas pour l’Homme et un grand pas pour l’Humanité ?
On trouve là, entremêlés, deux termes lourds de sens et d’effets que le Petit Robert nous aide à définir.
Patriotique : qui exprime l’amour de la patrie ou est inspiré par lui.
Loi : règle ou ensemble de règles obligatoires établies par l’autorité souveraine d’une société et sanctionnées par la force publique.
Quid du citoyen américain qui serait amené à critiquer cette loi-là ou à ne pas la respecter ?
Il se placerait immédiatement dans la posture de ne pas aimer son pays !
C’est donc une loi qui constitue un ensemble de mesures d’exception qui a été votée le 26 octobre 2001, très rapidement, on le constate, après les attentats du 11 septembre.
Elle a entraîné une restriction sans précédent des libertés individuelles aux Etats Unis… et par effet domino sur le monde entier, notamment pour les pays alliés au sein de l’OTAN et sympathisants au sein des Partenariats Pour la Paix .
Que nous le voulions ou non, notre sort est lié aux effets de cette loi et de la réintégration de notre pays dans le Commandement Intégré de l’OTAN, rendue effective lors du calamiteux sommet des 3 et 4 avril 2009, à Strasbourg-Kehl .
Le traumatisme psychique a été démesuré, outre atlantique, car c’était la première fois que « l’ennemi » (Le PATRIOT ACT parle de « combattant ennemi » et de « combattant illégal ») prenait pied sur le territoire national, même, pour y déclarer et faire la guerre.
La Loi a voulu répondre à un besoin sécuritaire extrêmement vivace, sans précédent, au risque d’imposer des mesures dictatoriales.
Le PATRIOT ACT s’est donc imposé dans ce contexte alarmiste qui marque tout l’Occident en s’adossant sur la diabolisation de l’Islam, principalement.
En France ces mesures sécuritaires prônées à l’époque Sarkozy par le conseiller Alain BAUER s’inspirait du concept de « tolérance zéro » venu des Etats Unis.
Notons que cette loi a été renouvelée par deux votes du Congrès en 2006 (Busch, on s’y attendait) et en 2011 (Obama, on ne s’en était même pas rendu compte).
Mais « Tolérance zéro » à quoi ?
On se le demande, quand on assiste incrédule au massacre régulier de civils par des civils frappant les Etats-Unis.
Le dernier en date le 12 décembre 2012 a emporté 20 enfants de 6 à 7 ans à NEWTOWN dans le Connecticut.
Lorsque l’on sait que la libre circulation des armes aux Etats-Unis est à l’origine de la mort de plus de 10 000 personnes par balles chaque année (soit deux fois plus que celles du « 11 septembre ») , on se dit qu’il serait plus urgent pour préserver les libertés, de réduire la vidéo surveillance, de favoriser la pédagogie de la connaissance de soi et de l’autre dans les écoles ainsi que d’enseigner à se situer par rapport à la « négativité ».
A savoir, transmettre aux jeunes qu’il n’y a pas de vie sans risque et que nous serons tous confrontés à la séparation ,à la mort, à la maladie, à la perte, à l’ injustice et qu’il faudra « faire avec » .
Et que la douleur et l’angoisse suscitées par ces situations souvent « normales » n’imposeront pas la nécessité de trouver en l’autre le bouc-émissaire à l’origine de nos maux.
Comment prendre du recul et redéfinir sa part de liberté dans une société encadrée d’une part par la bible et de l’autre par le PATRIOT ACT ?
Pourquoi alors ne pas parier sur le fait que plus de liberté individuelle permettrait probablement plus d’acuité et plus de respect ?
On a véritablement le sentiment que le contrôle systématisé des comportements restreint les liens sociaux, le jugement et l’engagement civique.
On a le sentiment aussi que tout projet qui conduirait à contrôler les armes, aux Etats-Unis touche à une sorte de tabou fondé sur une véritable pulsion de mort, destiné non pas à rassembler, réunir les Américains, mais à favoriser les clivages qui existent eux.
Veillons à ce que notre vision du champ social et notre capacité à nous investir dans les relations humaines ne se réduisent pas par délégation de nos responsabilités civiles et morales à une instance inerte et froide qui est supposée prévenir tous les conflits jusqu’à les supprimer.
Pendant ce temps, Israël et les Etats Unis refusent le statut d’observateur à l’ONU pour la Palestine.
Israël continue à coloniser au mépris de l’Article 49 de la Quatrième Convention de Genève, qui interdit à toute puissance occupante de transférer sa propre population civile dans les territoires qu’elle occupe (voir l’éditorial de Geneviève Garrigos, in La Chronique d’Amnesty International, janvier 2013).
Les USA, légitiment les actes de guerre d’Israël et petit à petit la démocratie bat de l’aile, là où elle est née.
Cela est notamment illustré à mes yeux par le fait que les dernières élections américaines ont opposé, non pas 2, mais 4 candidats.
Les 2 inconnus du grand public, Gary Johnson (Parti Libertarien ayant obtenu 1% des voix : 1 274 163) et Jill Stein (Parti Vert : 467 011 voix) incarnant les idées les plus démocratiques.
Au niveau du Conseil de l’Europe, on se souvient avec émotion des rapports confiés à DICK MARTY, membre suisse de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe , qui de manière très isolée, mais très ferme avait dénoncé les effets internationaux du PATRIOT ACT avec les arrestations extra judiciaires et l’ouverture de la prison illégale de GUANTANAMO, qu’OBAMA avait promis de fermer au début de son premier mandat.
Peut-être le Comité Nobel lui a-t-il attribué le Prix Nobel de la Paix en 2009 pour les œuvres à réaliser lors de son deuxième mandat ?
Georges Yoram Federmann