Mathieu Cahn, grand ordonnateur de FARSE le 27 juillet 2015
Nous avons pu nous procurer le cahier de vacances de Mathieu Cahn qui a rendu un devoir à l’occasion de l’opération de propagande de la maire de Paris « Tel-Aviv sur Seine ».
Mathieu Cahn y répond à Fred Karas, de l’UL-CGT Saverne qui lui-même avait planché sur le sujet en critiquant l’initiative parisienne.
Disons tout de suite que le travail de l’adjoint au maire de Strasbourg n’a pas la moyenne. Il en est même très loin.
Il avoue lui-même son manque d’assurance sur le sujet traité par crainte des réactions d’un côté comme de l’autre.
« Depuis des années, mes positions sur ce sujet qui ne se veulent ni caricaturales ni unilatérales me valent critiques et inimitiés de tous les côtés. »
Manque de confiance ? Il faut s’affirmer !
Mathieu Cahn a « été révolté par le déferlement de propos stupides et haineux auxquels cette opération a donné lieu sur les réseaux sociaux. »
Des exemples ?
Mathieu Cahn désigne ses adversaires « ceux qui cachent mal leur antisémitisme derrière un antisionisme de bon teint ».
Des noms ?
Il dit ne pas les « amalgamer » avec « des militants sincères et des organisations avec lesquelles il peut (lui) arriver d’être en désaccord mais avec lesquelles (il) a partagé aussi beaucoup de luttes. »
On n’en saura pas plus.
Mathieu Cahn « assume ces propos » qu’il a pompés dans un article de Libération en soutien à Tel-Aviv sur Seine.
Il juge « légitime » « la critique » de ce qu’il nomme « les excès de la politique israélienne ».
Des excès ? Comme l’été 2014 à Gaza ? Avec ses milliers de morts palestiniens dont des centaines d’enfants, ses destructions pas encore réparées ce jour ? Le blocus qui continue ?
Il « condamne les exactions commises… des deux côtés (sic) et » la politique actuelle menée par le gouvernement israélien ».
Ainsi, il met sur le même plan les colonisateurs et les colonisés, les oppresseurs et les opprimés, un État développé, surarmé, et un peuple dispersé depuis la Nakba de 1948.
Comme si, entre 1954 et 1962, on avait balancé entre le camp colonialiste français et les Algériens luttant pour leur indépendance.
Il est vrai qu’à l’époque, c’est la SFIO, ancêtre du Parti socialiste, Guy Mollet, François Mitterrand et quelques autres qui défendaient au mieux, avant l’OAS, l’Algérie française…
Mathieu Cahn n’a « aucun souci, dit-il, pour dénoncer l’occupation illégale de certains territoires… ».
« Certains territoires » ? Lesquels ? L’occupation de certains autres serait-elle justifiée ?
Malgré la polémique ancienne sur un problème de traduction qui pour les uns implique l’évacuation des territoires », et pour les autres, dont Israël, et ses amis, l’évacuation « de territoires », Mathieu Cahn ne sait-il pas que l’ONU a voté une résolution visant à ce que l’État d’Israël se retire sur les frontières de 1967 ?
Ignore-t-il que depuis cette date les colonies israéliennes ne cessent de s’étendre à Jérusalem et en Cisjordanie en contradiction totale avec le droit international ? Et que plus de 500 000 colons juifs soutenus par Netanyahu occupent de larges parties de la Palestine ? Et que tout est fait jour après jour pour judaïser Jérusalem-Est afin de rendre impossible que cette ville, Al Qod, devienne la capitale de la Palestine ?
Mathieu Cahn se « refuse à stigmatiser tout un peuple ». Rappelons que la population d’Israël compte plus de 20 % de sous-citoyens palestiniens et d’autres populations ni juives ni palestiniennes. Le peuple évoqué se réduit donc aux seuls Juifs israéliens. C’est pas un peu communautaire, ça ? En contradiction avec ce qu’il défend en France ou en Alsace …
Tout observateur même peu attentif de la politique israélienne constate que d’élection en élection, les Juifs israéliens votent toujours plus vers l’extrême-droite dont des partis sont dans le gouvernement Netanyahu.
Ne savent-ils pas ce qu’ils font ? Certes, en Israël, il y a heureusement des citoyens, des associations parmi les Juifs et les Palestiniens, évidemment, qui s’opposent à leur gouvernement. Mais récemment, notre ami Michel Warschawski, l’un de ces citoyens israéliens courageux confiait à qui voulait l’entendre que, pour la première fois, dans sa longue vie de résistant au colonialisme de son propre État, il avait eu peur cet été lors des manifestations très minoritaires contre la politique de Netanyahu, intérieure et extérieure.
Lorsque Mikado, l’un des enfants de l’ex- rabbin Warschawski revient dans sa ville natale, on n’a pas encore vu Mathieu Cahn l’accueillir ou lui proposer gracieusement une salle municipale pour une réunion publique. Strasbourg, rappelons- le, est jumelée avec la ville israélienne de Ramat-Gan.
Mathieu Cahn reprend à son compte la propagande mensongère de la maire de Paris pour qui Tel-Aviv serait « une ville particulière, militante, ouverte et cosmopolite ». La preuve c’est qu’elle s’est « mobilisée bien avant d’autres en faveur, par exemple des droits des gays ».
Oui, l’air de Tel-Aviv est un peu plus respirable que celui de Jérusalem. C’est, en partie, une ville de bobos. Elle ignore, comme les autres villes, ce qui se passe à quelques kilomètres des boites branchées et des plages. Serait-ce un modèle pour Strasbourg ?
Mais enfin n’oublions pas que cette ville est construite sur les ruines de Jaffa et que les Palestiniens de l’intérieur comme de l’extérieur n’y sont pas vraiment bienvenus, sauf dans les cuisines des cafés et restaurants in à condition qu’ils rentrent, à travers barrages, contrôles et checks-points, chez eux après le travail, laissant les Juifs entre eux. N’est-ce pas de l’apartheid ?
Mathieu Cahn a lu des « crétineries diverses » sur les réseaux sociaux et des « horreurs absolues ». Là encore, sans doute pour ménager notre santé mentale, il se garde d’en donner un seul exemple. On a dû lire les siennes.
C’est ainsi qu’il peut, par la suite, faire un « amalgame » entre « antisionisme » et « antisémitisme » .
Je voudrais « ensuite aborder cette question délicate du sionisme » .
Il concède à Fred Karas que « critiquer Israël n’est pas de l’antisémitisme » , mais tout se suite après, il s’interroge sur « ce besoin viscéral (sic) chez certains (des noms!) de se réclamer antisionistes ».
Il ignore, ou oublie que tout un courant du judaïsme religieux est antisioniste ! En effet, ces pratiquants, en Israël et dans la « diaspora » sont fidèles à l’idée messianique selon laquelle les Juifs et les autres Nations ne seront admis en « Terre sainte » qu’à la fin des temps, par une action divine, et non humaine de rassemblement. Donc, pour eux, Israël est un État illégitime !
Pour certains opposants à l’État d’Israël, du genre Soral ou autre, leur antisionisme masque en effet des positions antisémites. L’extrême-droite est divisée sur la question. Certains, à la différence aujourd’hui de Marine Le Pen qui prétend aimer les Juifs et l’État sioniste, sont restés farouchement antisémites, car la préférence nationale ou européenne voudrait que chacun soit confiné dans sa case avec sa tribu.
Lés évangélistes protestants sont super-sionistes pour des motifs antisémites : leur théologie prévoit qu’en vue de leur conversion avant la fin des temps, les Juifs du monde doivent être préalablement rassemblés en Israël.
On vérifie ici qu’il n’y a pas plus antisémites que les sionistes. Le but du sionisme depuis Herzl a été et reste le rassemblement des Juifs du monde en « leur » État. Le sionisme, de droite, de gauche, d’extrême-droite, qu’il soit juif, chrétien, ou laïque est un antisémitisme. Un certain philosémitisme même n’est qu’un antisémitisme à peine masqué.
Mais là, on craint que Mathieu Cahn ne suive plus…
Il croit encore, ou fait semblant de croire, avec son parti et son gouvernement, que la solution du conflit au Proche-Orient serait dans la coexistence de « deux États avec un état (sic) israélien qui respecte le droit international (!!!) et les frontières fixées par les résolutions de l’ONU (!!!) mais dont, en contrepartie, l’existence est reconnue et la sécurité assurée ».
Comme si les gouvernement israéliens successifs, de droite comme de gauche, jadis, ne faisaient pas tout pour réaliser le Grand-Israël, c’est à dire réaliser le projet sioniste du début, concédant seulement au peuple indigène palestinien, quelques réserves, des bantoustans, sous haute surveillance, comme les Indiens d’Amérique du Nord.
A la fin de son pensum scolaire d’été, Mathieu Cahn s’appuie sur Shlomo Sand qui ne se dit pas antisioniste et sur ce pauvre Arafat qui a été bien mal payé en retour de sa reconnaissance de l’existence de l’État d’Israël.
Et Cahn d’oser, dans une dernière provocation, souhaiter que cet État (palestinien), qui n’existe pas, « accorde les mêmes droits démocratiques à tous ses citoyen, juifs comme palestiniens… ».
Que Monsieur Netanyahu commence donc par les accorder aux citoyens palestiniens d’Israël !
Schlomo ben Jacov, juif et antisioniste
membre de l’UJFP-Alsace (Union juive française pour la paix) et de IJAN (International Jewish Antizionist Network)
1er septembre 2015
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