Dimanche 3 mai 2020

Le dernier projet de loi du gouvernement Macron-Philippe-Castaner présenté samedi 2 mai marque un tournant supplémentaire dans la mise en place d’une dictature politico-sanitaire.

La santé de la population n’est qu’un prétexte pour rogner toujours plus les libertés. Il est de plus en plus clair que le gouvernement fait payer aux citoyens le prix de sa propre irresponsabilité première.

L’état d’urgence “sanitaire” est prolongé de deux mois au 24 juillet.

La préoccupation de ce gouvernement n’est pas d’abord la santé de tous, mais le retour au travail pour que le profit capitaliste puisse couler à nouveau dans les dividendes et les paradis fiscaux.

Décider “en même temps” de la reprise du travail, du retour à l’école, d’abord des plus petits (!), de la fin du confinement et de son régime d’attestation pour les moindres actes de la vie quotidienne, signe l’intention véritable de Macron et de la caste capitaliste dont il est le servant.

Ils repoussent, pour un temps bref, le traçage par smartphone, parce qu’ils n’ont pas encore réussi à s’entendre sur ses modalités, mais les gens qui seront dépistés devront s’isoler, soit chez eux, soit dans des hôtels mis à disposition, les même dont les préfets réquisitionnaient les chambres pour y parquer, comme dans les centres de rétention, les sans-papiers en voie d’expulsion.

Des “brigades”, baptisées en vain, pour tromper, d'”anges-gardiens” auront autorité sur nous. Pourquoi pas une milice? Et nous devrons faire appel, après 14 jours, au JLD, Juge de la liberté et de la détention, comme des criminels, pour réclamer notre liberté confisquée.
Notre dossier médical réputé secret sera connu de personnes hors du système de santé.

Notre liberté d’aller et venir, jusqu’ici autorisée jusqu’à 1 kilomètre, pour nous y promener, comme une cour de prison un peu élargie et sans mur physique, serait étendue à 100 km. Il est même suggéré que nous ne puissions partir en vacances comme d’habitude même en respectant sur ces lieux les règles-barrière.

Des reportages à la télé soulignent l’absurdité d’interdire tout accès aux plages. On pourrait comprendre que celles de Cannes, ou Juan-les-Pins, si petites, fassent l’objet de précaution, là où les serviettes, les parasols, les fauteuils sont si proches pour le profit maximum des plagistes, mais quid des kilomètres de plages si vastes de l’Atlantique ou la Manche? Et les sentiers vosgiens survolés par des drones ou des hélicoptères?

Ce gouvernement nous prend pour des mineurs irresponsables.

Emmanuel Kant:

” La paresse et la lâcheté sont les causes qui font qu’un aussi grand nombre d’hommes préfèrent rester mineurs leur vie durant, longtemps après que la nature les a affranchis de toute direction étrangère (naturaliter majores : naturellement majeurs) ; et ces mêmes causes font qu’il devient si facile à d’autres de se prétendre leurs tuteurs. Il est si aisé d’être mineur ! Avec un livre qui tient lieu d’entendement, un directeur de conscience qui me tient lieu de conscience, un médecin qui juge pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner moi-même de la peine. Il ne m’est pas nécessaire de penser, pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien pour moi de cette ennuyeuse besogne. Les tuteurs, qui se sont très aimablement chargés d’exercer sur eux leur haute direction, ne manquent pas de faire que les hommes, de loin les plus nombreux (avec le beau sexe tout entier), tiennent pour très dangereux le pas vers la majorité, qui est déjà en lui-même pénible. Après avoir abêti leur bétail et avoir soigneusement pris garde de ne pas permettre à ces tranquilles créatures d’oser faire le moindre pas hors du chariot où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace si elles essaient de marcher seules.”

A part la parenthèse machiste sur les femmes, rien à retirer de cet extrait de Qu’est-ce que les Lumières?

Le plus incroyable, surtout après l’années des gilets jaunes et des grèves, c’est la quasi absence de toute résistance, sauf celle symbolique aux balcons et fenêtres comme ce 1er mai, alors qu’en Allemagne et ailleurs les manifestations de rue ont recommencé.

L’explication se trouve dans le magnifique opuscule de La Boétie sur la “servitude volontaire”. Les gens ont peur de la mort, et abdiquent de leur liberté souveraine au profit d’une supposée sécurité.

Etienne de la Boétie

“Pour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante — et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir -, de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter — puisqu’il est seul — ni aimer — puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel. Telle est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l’obéissance, obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts. Si donc une nation, contrainte par la force des armes, est soumise au pouvoir d’un seul — comme la cité d’Athènes le fut à la domination des trente tyrans —, il ne faut pas s’étonner qu’elle serve, mais bien le déplorer. Ou plutôt, ne s’en étonner ni ne s’en plaindre, mais supporter le malheur avec patience, et se réserver pour un avenir meilleur.”

Texte intégral

https://www.singulier.eu/textes/reference/texte/pdf/servitude.pdf