Communiqué.

Le temple protestant de Hautepierre a été profané par deux fois et une bible déchirée.

C’est la première fois, à ma connaissance, que des profanateurs portent atteinte au Livre commun aux 3 monothéismes.

Celui qui sert de support aux rituels d’accueil de la vie et d’accompagnement de la mort,notamment.

J’en reste perplexe et consterné car cela signifie que la limite entre le profane et le sacré n’a plus de sens pour eux et qu’elle ne demandera qu’à être franchie en d’autres circonstances.

C’est un constat douloureux et le signe d’un échec pédagogique collectif.

Rue Gioberti est un lieu où l’oecuménisme a souvent résonné en chœurs à l’appel des pasteurs Luther et Sedotzo.

Cette nouvelle transgression fait écho aux profanations récentes contre des tombes juives, musulmanes …et allemandes.

Or , si les hommes sont égaux, écrivais-je déjà, c’est bien devant la mort. Ce qui la rend sacrée.

Dans la mort, il n’y a plus de distinction ni de discrimination. Tous les os ont la même couleur.

Au-delà de l’appartenance communautaire, du vivant , la mort touche à l’universalité de notre condition humaine .

Les profanateurs ne supportent pas cet invariant .Ils ne supportent pas quelque chose de fondamental qui qualifie notre condition commune.

Ils s’en excluent. Ils s’excluent du champ de l’humanité comme tous les bourreaux.

Exclusion qui ne frappe jamais les victimes malgré l’horreur de leur destin.

« Le devoir de mémoire » et plus encore « le devoir de connaissance » sont plus que jamais nécessaires.

Ils s’adressent aussi aux profanateurs que la justice des hommes civilisés condamnera mais que nous ne voulons « pas exclure » du champ de l’humanité.

Comment comprendre cette haine de soi se focalisant sur un bouc émissaire à la fonction expiatoire ?

Les grand-messes sportives et nationalistes auraient-elles supplanté notre rapport au sacré

incarné par certains objets de rituels et par le rapport au contenu du Livre qui doit rester

inconditionnellement vivant ?

Toucher à ce Livre , c’est toucher à plus de 3 millénaires de transmission.

Décidément , Brecht a bien raison qui ne désespère pas : « L’ Homme est bon

Mais le Veau est meilleur ».

Dr Georges Yoram Federmann

Président du Cercle Menachem Taffel