Merci à Jean-Claude Richez d’avoir rappelé, à l’occasion de son décès, que Jean-Luc Béquignon avait été un temps, dans les années 70, militant de la Ligue communiste et de la LCR à Strasbourg

Eh oui, triste nouvelle, le dimanche 25 juillet, Luc Bequignon s’en est allé.
Ci-dessous ce que j’ai posté dans l’après-midi sur Facebook.
Apéro hommage vendredi 7 à 17h au Milano.

Amicalement
Jean Claude

LE 25 JUIN LUC BEQUIGNON S’EN EST ALLÉ

… et oui une grande tristesse. Militant de la Ligue communiste puis de la LCR, brillant étudiant en mathématiques, il fut de tous les combats des années soixante-dix.

C’était en 1973 contre la loi Debré, les luttes lycéennes de 1974 et la lutte contre la sélection à l’université, mais aussi pour la défense des libertés, et contre la répression, avec le Secours Rouge, avec les Comités Chili en 1974, le soutien à la révolution portugaise, la solidarité internationale avec les Espagnols en lutte contre Franco et les grandes mobilisations autour du procès de Burgos pour sauver les militants basques Garmendia et Otaegui.

Il fut aussi de l’occupation du terrain à Marckolsheim comme des grandes manifestations contre l’implantation de la centrale nucléaire Fessenheim. Il participa activement à la longue grève de 1976 contre la réforme du 2° cycle (licence et maitrise à l’université) engagée par Saunier-Seité, marquée à Strasbourg par l’occupation de la faculté des lettres et des affrontements avec la police.

La montée du Front national l’inquiète : « Tu te rends compte que quand je prends le bus il y a au moins une personne sur trois qui a voté pour eux ! » m’expliquait-il un jour, au lendemain d’une des élections au début des années 80, alors que le FN faisait ses premières percées, particulièrement spectaculaires en Alsace. Il était naturellement aussi, sur ce terrain, de toutes les ripostes.

« L’histoire nous mord la nuque » écrivait alors notre camarade Daniel Bensaïd, la révolution était notre horizon immédiat ! Elle tardait à venir. Nous commencions à être prisonnier de la dialectique de l’élan absolu et de l’illusion déçue. Comme aimait à l’expliquer quelques années plus tard, en 1988, le même Bensaïd :
L’idée même de révolution, hier rayonnante d’utopie heureuse, de libération et de fête, semble avoir viré au soleil noir” (rapporté par Pierre Birnbaum, Le Monde 10.01.2010).

Nous nous sommes par la suite très souvent croisés, il a longtemps vécu sur le quai des Bateliers, de l’autre côté de l’Ill, en face du quai au Sable. Luc se consacrait à l’enseignement et entamait des études de grec et un mémoire de maitrise consacré aux Mémoires de Yannis Makryanis (1797-1864), l’une des grandes figures de la lutte pour l’indépendance de la Grèce, considéré comme l’un des fondateurs de la littérature grecque moderne, par le grand poète grec Séféris : « Le maître de la prose grecque moderne ».

L’une de nos dernières rencontres, totalement fortuite, fut sur une petite route, entre Karavostasis et Livadi, sur l’île des Cyclades de Folegandros, l’une des terres de relégation par excellence pour les opposants à toutes les dictatures grecques !

Je garderai toujours en mémoire Luc s’en allant par la ville à grand pas, souvent un sac en plastique à la main, s’en allant pour la révolution, pour aller faire cours, pour la piscine, … sur le chemin de Livadi ! Ce matin, l’immeuble où a longtemps vécu Luc au 25 quai des Bateliers était fleuri de pétunias.

Photos Faire part de décès dans les DNA / Luc vendant Rouge au milieu des années 70/ Son immeuble au 25 quai des bateliers à Strasbourg/ Portrait de Makryanis /Sur la route de Livadi / Karavostasis à Folegandros.

Amicalement,
Jean-Claude

IVe Internationale