Ce texte qui suit, d’une citoyenne francophone israélienne, illustre l’ampleur du désastre moral et intellectuel de la société israélienne. Ce désastre nous atteint par ricochet, faute d’une résistance structurée, salissant les racines juives à travers le monde et la transmission culturelle à nos enfants. Nous avons un devoir de parole et de résistance.
Le discours raciste qui s’étale y est sans complexe, inconscient de son abjection. Ce thème pivot d’un envahissement de la France par les musulmans (« la France se noie dans les eaux troubles d´un islam intolérant et majoritaire », « le meilleur moyen de faire de la France un pays musulman ») a fait frémir d’indignation nos médias et nos intellectuels lorsqu’il était porté en Suisse par l’affiche des minarets, lorsque Le Pen s’en est saisi. Mais aucune conscience ne s’offusque lorsque ces horreurs sont proférées par des individus de notre origine juive, tout au plus un silence gêné, chez nous comme dans les médias. Nous sommes placés devant une grande responsabilité de résistance à l’effondrement des consciences parmi nous.
Ces mots abjects ne sont pas un accident dans une atmosphère saine. Ils sont la tendance grandissante et de plus en plus décomplexée. Israël est rongée par son idéologie de guerre au point de porter un Libermann au poste de vice-premier ministre. En France, lorsque Le Pen menaçait les places du pouvoir c’est un peuple uni qui a manifesté, qui s’est opposé. En Israël les équivalentes élucubrations ne provoquent aucun sursaut massif, aucun réflexe de dignité. Voila qui est rendu possible par un déni d’humanité au peuple palestinien. Un déni d’humanité après un déni d’existence. C’est ce déni ambiant qui permet à cette soldate perturbée de ne rien percevoir de l’ignoble de ses photos. C’est cette ambiance qui permet la prolifération de sites « juifs » aux relents indignes. C’est cette ambiance qui permet aux israéliens de tolérer dans le silence les souffrances faites aux palestiniens. Les bombes qui carbonisent les corps, l’existence avilissante et ghettoïsée, l’enseignement de la désespérance. Ce terreau est l’avenir de la force brune. Il submerge Israël depuis l’assassinat de son président.
Au sortir de longs siècles de minorité oppressée la culture juive pouvait s’honorer de porter un grand humanisme, une culture de la liberté partagée. Marek Edelman, Joseph Epstein, Raymond Aubrac sont de ces figures de dignité, de résistance à l’oppression et d’engagement pour une société de respect de tous. C’est cette dignité d’être juif qui est aujourd’hui salie. C’est cette dignité d’être homme parmi les hommes qui est offensée. Être homme, être digne, c’est refuser de fermer les yeux lorsqu’un soupçon de « crime contre l’humanité » apparaît. C’est tout faire, tout de suite, pour une clarté absolue, pour ne pas prendre le risque de poursuivre dans la sauvagerie. Et il a semblé normal d’user des ficelles politiques pour enterrer le « dossier », vulgaire tas de papier aux cris enfermés. Ah, ce n’était juste pas malin de poursuivre l’offensive sur Gaza, de tirer sur un navire humanitaire hors des eaux territoriales, de publier des photos souriante auprès d’hommes entravés.
Cet aveuglement ravage l’humanité déposée en chaque être. Il produit ces jeunes incapables de discerner la gravité de leurs actes. Il donne ces adolescents déboussolés par des choix qu’ils ne peuvent comprendre. Ce sont nos racines qui sont martyrisées avec les corps des palestiniens. Il faut sortir de là ! Vite !
Ce qui nous vient d’Israël est désespérant. Ce ne sont pas les courageux pacifistes et refuzniks qui feront le poids. Ils sont les justes d’aujourd’hui, notre honneur de demain et les passerelles pour sortir de l’enchaînement guerrier. Mais ils sont submergés.
Croyants ou non, sionistes ou non, proche ou non d’Israël, nous sommes concernés en ayant une racine juive. Nous sommes contraints à être concernés : cette guerre est menée en notre nom et elle entre dans notre histoire même à corps défendant. Nos enfants nous interrogeront autant sur l’horreur nazi que sur cette guerre sans fin.
Cette guerre envahit notre vie jusqu’à ricocher sur notre pays, la France, le monde et son fonctionnement. Ces relents racistes qui polluent Israël sont venus imprégner nombre de nos concitoyens juifs. Notre histoire faisait que cette situation était inimaginable avant, inacceptable. Il n’est que d’entendre un Glucksman proférer ses propos à l’égard des banlieues pour mesurer l’ampleur de notre déchéance. Bien sûr, les diplômes n’assurent pas de la sagesse philosophale, mais comment se voiler la face et ne pas avouer comme ces ignominies trouvent de bienveillance. Jusque dans ma famille ! Nos proches se trouvent envahis par les nauséeuses stigmatisations. Nous avons un devoir de résistance.
Une résistance pour la planète également. Dans la lignée de Bush, le gouvernement israélien piétine le droit, les institutions internationales, les lois pour sortir le Monde de la guerre perpétuelle. Nous avons le devoir de prendre notre place dans un combat pour la paix, pour que l’avenir n’entre pas dans le volcan de la loi du plus fort.
Notre combat pour la paix porte notre dignité et notre liberté. Seul notre engagement de juifs du monde entier, croyants ou non, sionistes ou non, proche ou non d’Israël, peut avoir le poids d’arrêter cette guerre, de faire émerger l’Etat palestinien dans les frontières de 67, de faire reconnaître le Tribunal International. Alors seulement nos enfants sauront trouver la voie d’une fraternisation et d’un avenir de respect partagé. Nous devons cela à notre avenir.
Serge Grossvak, le 22 août 2010
“L´angélisme de Mr Delanoë est un danger pour la laïcité
Il serait sans doute illusoire d´attendre de la plupart des hommes politiques qu ils tournent sept fois leurs langues dans la bouche avant de s´ exprimer en public.
Le désir de briller, de s´imposer et l´ambition d´une carrière politique est sans doute le moteur qui fait battre le cœur de la classe politique et aveugle quelque peu les yeux de la raison. Certains d´entre eux par ailleurs, peuvent prendre des positions courageuses et il serait donc injuste et mensonger de les mettre tous dans le même sac, celui de la légèreté, de l´inconscience ou de la malhonnêteté.
Mais justement, nul n´étant à l´abri d´une erreur de jugement et compte tenu des conséquences prévisibles de tout discours politique, la plus grande prudence s´impose.
Voici une déclaration publique de Mr Delanoë, Maire de Paris sur la laïcité française et les fêtes religieuses non chrétiennes.
Le désir de Mr Delanoë de voir toutes les communautés religieuses de la France vivre en bonne entente l´honorent mais force est de constater que son souhait de voir supprimer deux fêtes chrétiennes du calendrier français pour être remplacées par une fête juive et une fête musulmane et ce, au motif que la société française a évoluée et qu´elle est aujourd’hui laïque …est une aberration et un non sens.
D´une part, les juifs n ont jamais rien demandé et se sont toujours arrangé pour vivre leurs croyances sans ne rien imposer à personne et sans ne jamais poser aucun problème de nature religieuse dans le pays où ils vivent.
Cette tentative de se servir de la communauté juive pour noyer le poisson des revendications musulmanes est malhonnête. Vous ne verrez jamais les représentants de la communauté juive demander que la fête de Kippour ou de Rosh Hashana devienne des fêtes nationales françaises ! Vous n entendrez jamais des juifs français exiger que la nourriture dans les cantines scolaires soit cachère;
La religion est une pratique personnelle, familiale et communautaire aussi mais toujours dans le respect des lois françaises et sans prosélytisme aucun.
Lorsqu´une fête juive ne permet pas à un enfant de venir à l´école, et bien il s´absente et apporte un mot d excuse mais il n est pas question que toutes les classes de France s´absentent ” par souci identitaire ” !
Et puis, les fêtes juives ne concernent que les juifs et une fête n´est nullement une bonne occasion de se réjouir mais est un rendez-vous spirituel qui s´inscrit dans une histoire qui a un sens pour un peuple qui se rattache à ses Pères.
Mr Delanoë devrait prendre le temps de saisir que l´identité française n´ est nullement faite de toutes les identités, sinon la France se noie dans des eaux sans couleur ni saveur ou plutôt, la France se noie dans les eaux troubles d´un islam intolérant et majoritaire qui a bien compris que le meilleur moyen de faire de la France un pays musulman est justement de se servir de l´angélisme des français attachés au respect d´Autrui.
Vivre dans une société qui affirme son souci de laïcité ne veut nullement dire qu´il faille renoncer à l´histoire de la France, à ses valeurs et à ses fêtes. S´il en est ainsi, la France ne sera bientôt plus laïque et ne pourra même plus se payer le luxe de se souvenir de son histoire et de son identité.”
Rachel Franco
11 Août 2010
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