Les « commandos Delta » blessent une manifestante à Athènes.
Le 15 novembre dernier à Athènes, à la fin d’une manifestation contre le FMI, des affrontements avec la police ont lieu. Les « commandos Delta », une unité spéciale à moto, chargent les manifestants.
Une manifestante de nationalité américaine est grièvement blessée. Les témoignages rapportent que les flics se sont acharnés sur elle en la frappant à la tête avec ce qui semblait être « un morceau de marbre » et en lui lançant des coups de pieds dans le ventre. Ils la laissent semi-inconsciente sur le trottoir. Transportée à l’hôpital, elle doit être veillée par un nombre important de camarades pour éviter que la police ne puisse venir la harceler jusque dans la salle de soins.
Elle souffre d’une fracture du crâne, d’une hémorragie dans l’oreille interne et d’une entaille du cuir chevelu, blessures qui ont été qualifiées par les médecins de « potentiellement dangereuses ». Elle a pu sortir de l’hôpital au bout de quatre jours, mais la fracture du crâne, si elle avait été accompagnée d’un déplacements des os, aurait pu être mortelle ou gravement invalidante.
Les commandos Delta sont une unité de policiers voltigeurs de la police grecque en tous points semblables à ceux qui furent responsables, en France, de la mort de Malik Oussékine en décembre 1986. La police a tué plusieurs fois ces deux dernières années en Grèce et cette nouvelle affaire arrive presque deux ans après la mort d’Alexis qui avait enflammé le pays en décembre 2008.
Les médias grecs, en partie à cause de la nationalité de la manifestante blessée, ont présenté cet épisode comme une « bavure ».
Une bavure, au sens propre, c’est quand, sur un dessin ou un texte calligraphié, un peu d’encre a coulé : bref, c’est une tache. La bavure est la petite saleté sur la feuille bien écrite du maintien de l’ordre. Comme si tout allait bien, sauf la bavure. Quand on utilise ce mot, on sous-entend que la police ferait bien son travail et que tout irait pour le mieux s’il n’y avait pas les « bavures ».
Pourtant, que ce soit en Grèce ou en France, loin d’être exceptionnelles les violences sont au cœur de la pratique courante de la police. Certes, elles n’aboutissent pas toutes à la mort ou à la blessure grave, elles ne font pas tous les jours, sous leur nom de « bavures », les gros titres des journaux, mais elles sont en revanche constantes et quotidiennes : manière de parler, contrôle arbitraire, baffes, harcèlement, racisme, etc. Ces méthodes sont une part non judiciaire de la « punition » que l’Etat entend infliger à ceux qui le gênent.
Il ne saurait donc être question de bavures, mais de « violences policières » au sens large, et il faut bien comprendre que les cas extrêmes de mort ou de blessures graves comme celle-ci ne sont que la face visible et médiatique d’un phénomène permanent.
Un mouvement international de solidarité avec la camarade blessée est en cours.
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