Théo Klein, réveille-toi, ils sont devenus fous!”

Chères Amies,

Chers Amis,

Donnant une conférence hier soir à Saint-Etienne, je n’ai pas pu vous adresser aussitôt ce communiqué du Pôle Palestine – ainsi que le texte intégral de l’éditorial de Richard Prasquier qu’il commente.

A quelque chose retard est bon : cela me permet de vous annoncer que le rassemblement de protestation annoncé aura lieu, avec l’autorisation de la Préfecture, mardi prochain à 19 heures place du Panthéon !

Vous comprendrez, en lisant ces deux documents, le caractère crucial de cette manifestation : il en va, au-delà de Stéphane Hessel et de la défense des militants pacifistes accusés par Michèle Alliot-Marie, de la défense des libertés d’opinion et d’expression menacées par la droite et l’extrême droite israéliennes, là-bas comme ici – avec la complicité de leurs inconditionnels français.

Qu’en resterait-il de nos droits de citoyens si chaque groupement communautaire obtienait l’interdiction de toute manifestation lui déplaisant ? Et si des Canto-Sperber, obéissant à des Pécresse, faisaient taire les partisans du droit international, de la paix et de la justice.

En l’occurrence, comme déjà pendant l’hiver 2008-2009 (1 400 morts palestiniens, 13 morts israéliens), l’actuel président du CRIF prétend parler au nom des juifs de France, dont il ne représente q’un sur dix environ, pour mieux défendre le gouvernement le plus extrémiste de l’histoire d’Israël et, à ce titre, plus isolé que jamais dans l’opinion et la société internationales.

Et, non content de plaider en faveur d’une politique criminelle et suicidaire, qui entraîne les Israéliens comme les Palestiniens vers l’abîme, il dénonce comme « antisémite » quiconque le désapprouve, surtout s’il s’agit de juifs.

Mais que dit Richard Prasquier quand Israël accueille – début décembre 2010 – une délégation de près de 35 parlementaires et responsables européens d’extrême droite – dont le Néerlandais Geert Wilders, le Belge Filip De Winter et le successeur de Jorg Haider, l’Autrichien Heinz-Christian Strache? Or elle y a été accueillie avec les honneurs dus aux hôtes de marque : réception à la Knesset, rencontres avec des ministres et des dirigeants de différents partis, séjour à Sderot à l’invitation du maire travailliste, sans oublier une tournée de colonies juives en Cisjordanie. Qui se ressemble s’assemble : le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères Lieberman – cet ancien videur de boîte de nuit moldave décidé à débarrasser l’Etat qu’il veut juif de ses Palestiniens – a conversé avec Wilders, qui rêve, lui, d’interdire le Coran. Qu’ont donc en commun les descendants – directs ou indirects – de la mouvance d’où surgit la « bête immonde » et les héritiers des victimes du génocide nazi – du moins celles et ceux qui refirent leur vie là-bas?

Il est vrai que, selon l’AFP, « Wilders a plaidé contre la restitution de territoires en échange de la paix avec les Palestiniens, proposant l’installation “volontaire” des Palestiniens en Jordanie, qu’il décrit comme le véritable Etat palestinien. “Le conflit ici au Moyen-Orient ne porte pas sur le territoire et les frontières, mais sur l’opposition entre le jihadisme islamique et la liberté occidentale”. Les gens “se trompent en pensant qu’en abandonnant la Judée-Samarie (Cisjordanie, NDLR) et Jérusalem-Est pour les donner aux Palestiniens, cela mettra fin au conflit entre Israël et les Arabes”, a-t-il estimé, selon la même source. Il a défendu les colonies juives en Cisjordanie comme des “petits bastions de la liberté, défiant des forces idéologiques qui nient non seulement à Israël, mais à tout l’Occident le droit de vivre dans la paix, la dignité et la liberté” ».

Quelles étranges lunettes porte donc Richard Prasquier pour diffamer Stéphane Hessel, Leila Shahid ou Michel Warschawski, et épargner les néo-fascistes européens, barbouillés il est vrai aux couleurs de l’islamophobie?

Disons-le clairement: en exigeant l’interdiction du meeting du 18 mai à l’Ecole normale supérieure et en se félicitant avec arrogance de l’avoir obtenue, le président du CRIF ne dissimule plus le camp qu’il a choisi. D’étapes en étape, le judaïsme a toujours comporté deux grand courants: Spinoza et ses excommunicateurs, Martin Buber et Zeev Jabotinsky, les Résistants de la Main d’œuvre immigrée (MOI) et l’UGIF créée par Vichy, les partisans d’une Palestine binationale et les organisateurs de la Nakba, l’Itzhak Rabin d’Oslo et ceux, Netanyahou en tête, dont les campagnes de haine ont armé idéologiquement son assassin, Avraham Burg et Liebermann… Bref, Prasquier est définitivement tombé du côté vers lequel, depuis longtemps, il penchait.

A le lire félicitant les ambassadeurs français de la droite et de l’extrême droite israéliennes de l’avoir aidé à bâillonner – du moins le croyait-il – Stéphane Hessel, crachant ainsi au visage des quelque 10000 signataires de son Appel et des centaines de milliers de lecteurs de son petit livre, on est presque tenté d’imiter les animateurs du Printemps de Prague et de lancer: “Théo Klein, réveille-toi, ton (lointain) successeur devenu fou!”

Amitiés à toutes et tous,

Dominique Vidal