DNA 10/02/11
L’auteur de “Indignez-vous!” à Strasbourg aujourd’hui
Hessel revendique sa judéité et défend sa position sur le conflit israélo-palestinien
Stéphane Hessel, auteur de “Indignez-vous”, est aujourd’hui à Strasbourg pour une série de rencontres avec le public. Au club de la presse, l’ancien diplomate a évoqué les relations entre Israël et les territoires palestiniens, sujet abordé dans son ouvrage et qui suscite depuis des mois un vif débat. Stéphane Hessel a revendiqué sa judéité tout en réaffirmant que les événements de Gaza (décembre 2008, janvier 2009) étaient “difficilement pardonnables”.
Hessel revendique sa judéité et défend sa position sur le conflit israélo-palestinien
Dans “Indignez-vous!” Stéphane Hessel consacre deux pages à son “indignation à propos de la Palestine”. Il en est question dans le chapitre suivant aussi et ces propos ont suscité un très vif débat depuis quelques mois. Stéphane Hessel a “l’indignation sélective” et cultive la “haine d’Israël”, ont argumenté ses détracteurs dans de nombreuses tribunes.
L’ancien diplomate ne fuit pas ce débat, comme il l’a montré au Club de la presse, ce jeudi à midi. Ses déplacements en Cisjordanie et à Gaza ces dernières années et plus encore depuis la Guerre de Gaza (décembre 2008, janvier 2009) ont constitué pour lui “un choc” et sa position s’en est trouvée radicalisée.
“Un choc d’autant plus important et plus intense que j’ai toujours été un ami d’Israël. J’étais là quand Israël a été créé en 1948. J’étais aux Nations Unies et j’observais cela. J’applaudis à l’existence d’un Etat pour les Juifs”, a argumenté M. Hessel au Club de la presse Strasbourg-Europe.
“Mais lorsque le gouvernement d’un tel Etat se comporte comme se sont comportés les colonistes américains, tombant sur des Indiens soi-disant sauvages et n’ayant qu’une idée, c’est de les écarter et de les faire disparaître si possible ! Que des Israéliens qui ont réussi à avoir un pays se comportent de cette façon à l’égard de leurs voisins, c’est quelque chose qui est pour un Juif, que je suis, insupportable. Je le dis très clairement, si j’ai pris l’exemple de Gaza dans ma petite brochure pour dire voilà quelque chose qui m’indigne c’est, croyez-le bien, pas par manque de sympathie pour les Israéliens et pour les Juifs en général dans le monde qui sont mes compagnons. J’en suis un et je vis pour eux et avec eux, mais il faut qu’ils aient le souci de leur avenir qu’ils sont en train de compromettre en faisant autour d’eux les massacres et les violences qui sont difficilement pardonnables. Et cela, je le dis et je le proclame et quand on m’attaque là-dessus en disant “Vous êtes un ennemi d’Israël”, je dis au contraire : je suis un ami d’Israël et j’estime qu’il est encore possible que les gouvernants israéliens prennent la bonne orientation et deviennent les voisins et amis respectueux d’un Etat palestinien” a dit Stéphane Hessel.
Stéphane Hessel, qui est né à Berlin et a émigré à Paris avec ses parents à l’âge de 7 ans, est issu d’une famille juive de Pologne par son père. Ses grands-parents paternels ont rompu avec la tradition juive en faisant baptiser leurs enfants dans la religion luthérienne à leur arrivée à Berlin.
Stéphane Hessel lors de cette même rencontre a confié qu’il regrettait avoir répondu un jour, lors d’une interview, qu’il ne serrerait pas la main de Nicolas Sarkozy : “c’est pour moi un moment détestable que j’ai beaucoup regretté par la suite”, a-t-il confié à propos de cette réponse. “C’est exactement le contraire de ce que je pense et que je souhaite. On peut ne pas soutenir un homme politique, mais l’idée de répugner à lui serrer la main, c’est le contraire de la position que j’aimerais prendre dans la vie”.
Ch.B.
Stéphane Hessel est ce soir à 19h30 au PMC, salle Schweitzer, à Strasbourg, dans le cadre des Dialogues de Strasbourg.
“Indignez-vous” a été diffusé en 1,3 million d’exemplaires à ce jour et doit être traduit en 24 langues.
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