Mikado en Tour Operator Quelques brèves de terrain…..Théorie de la conquête 25 oct.2009
Aujourd’hui a été décrété Jour de Jérusalem, en réponse aux attaque réitérées des colons sur l’Esplanade des moquées. Ceux-ci ont pénétré sur l’Esplanade vendredi après-midi, soutenus dit-on par les soldats israéliens (on peut au moins penser qu’ils ne se sont pas opposés à cette incursion). Mikado, au nom de l’AIC, organise une journée de formation, dans Jérusalem et aux environs, avec pique-nique convivial. Nous nous joignons quelque temps aux jeunes gens qui parlent anglais pour la plupart.
Nous connaissons le contenu de son discours. Aussi je ne transcris que des « bribes » qui me semblent utiles pour d’éventuelles interventions.
Mikado, qui constate par ailleurs une offensive réelle des « settlers », dit avec humour : « Nous sommes le SEUL pays où TOUS les ministres travaillent ENSEMBLE depuis 1967 à transformer Jérusalem, une cité palestinienne, en cité ISRAELIENNE JUIVE…. Et cette stratégie de judéisation (ou judaïsation ? ?) se développe selon 4 axes : – la planification (planning)
– la politique de la résidence (residency policies)
– la colonisation
– l’enfermement (closure)
– La planification, c’est l’interdiction absolue de construire autour des quartiers et des villages, de développer et de moderniser : outside and inside the neighbourhood, ceci dans le but d’éliminer les Arabes, et, souvent, sous le prétexte écologique de « verdurisation », qui ne sera peut-être que temporaire (silwan…)
– La politique de la résidence, totalement contraire aux lois internationales, interdit totalement depuis 4 ou 5 ans la réunion des conjoints arabes si l’un d’eux vient de l’autre côté (mais partir est possible et même souhaité… ). Ceux qui sont partis depuis plus de 7 ans ne peuvent rentrer chez eux : ce sont les présents-absents et il y en a 120000 dans ce cas, qui voient leurs biens saisis. Et la loi évolue : pour pallier les retours successifs au bout de 3 ans, on parle maintenant de …7 ans durant toute la vie.
– La colonisation….Pas besoin de développer. Regarder une carte de Jérusalem Est suffit : Sheikh Jarrah et le Mont Scopus sont truffés de colonies et on cherche à en créer d’autres …
– L’enfermement n’a pas pour objectif la sécurité mais la déconnection de Jérusalem des territoires. Il s’agit de couper ceux-ci des institutions, des hôpitaux, de la vie culturelle et sociale c’est-à-dire de couper les veines qui alimentent le pays et de stopper le flux entre Jérusalem et son environnement palestinien. Depuis l’annexion en 1977, le système se perfectionne et la construction du mur, en passant outre à la ligne verte de 1967 dont la notion est perdue, a singulièrement aggravé la situation, créant des zones dont les habitants sont coupés de leur administration d’origine : cartes bleues qui se retrouvent à l’est du mur, cartes vertes qui se retrouvent à l’ouest sans qu’on leur accorde les droits équivalents, villages enfermés qui sont des poches de non-droits (200 000 Palestiniens seraient dans ce cas, le long du mur…)
Si, à Jérusalem, c’est une question de démographie, en Cisjordanie, c’est une question de territoire.
L’expulsion des Arabe n’est pas possible : il y en a trop et puis la communauté internationale se poserait des questions ! Donc on utilise une autre tactique : la séparation.
Mikado cite (il a son papier dans la poche…) Rudi Liebermann , pas Avidgor, le sinistre ministre des Affaires Etrangères, mais le maire d’une colonie et conseiller de Sharon qui dit : « Il n’est pas besoin de rêver à 3 ou 400 000 nouveaux colons, il n’est pas besoin de couvrir de colonies toutes les crêtes de Judée- Samarie. Il suffit d’assurer la CONTINUITE de la présence juive…Une zone industrielle, une station service, le contrôle des routes, de l’eau… et la main sur le robinet suffisent pour créer cette continuité… » (Nous sommes à ce moment-là sur le terrain : une colonie perchée à notre gauche, une autre à notre droite, au milieu : pentes et vallon libres, mais nous apercevons une industrie et, près de nous, dans le no man’s land : une station service. C’est la démonstration sur le terrain de la tactique de Lieberman… : M. ne nous a pas amenés là par hasard ! Ce qui compte, c’est le drapeau israélien planté au bon endroit. (Le drapeau comme symbole de la conquête qu’on trouve partout, dans la vieille ville, chez les colons à Sheikh Jarrah et ici…) La démonstration est percutante…Il précise en outre que la surface prévue pour chaque colonie est bien supérieure à la surface bâtie et que très souvent, sur le cadastre israélien, une colonie est contiguë à une autre…sans qu’on s’en doute.
Ben Gourion et Sharon, deux vrais stratèges, pensent qu’Israël en est encore à une guerre de constitution : on avance petit à petit comme la conquête de l’Ouest américain, en suivant « la voie ferrée ». Pas de frontière, c’est trop tôt…Peut-être, au plus, un accord transitoire à long terme, 40 ou 50 ans…
Ce qui n’est pas à nous est à eux : les villages palestiniens seront des enclaves et on peut en avoir autant qu’on veut (cf. les trous dans l’emmenthal !). Rice veut la continuité palestinienne ? Celle-ci casserait la continuité israélienne. Donc pas de continuité mais la CONTIGUÏTE, par des ponts et des tunnels.
En 1991, les USA avaient offert à Shamir 13 milliards de dollars contre le gel de la colonisation. Shamir refusa. Peu après, Peres, que M. traite de « menteur méprisé », accepte les 13 milliards et le gel, qui ne sera jamais effectif, mais obtient « le droit à la croissance naturelle » qui sert d’excuse en ce moment à Nétanyaou…
« Plus ça change, plus c’est la même chose » disait Escarpit dans un bouquin, le Littératron, il y a longtemps : cela aussi c’est toujours valable.
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