LA CHASSE A L’HOMME, L’INJUSTICE, L’ARBITRAIRE,
ASSEZ !

Il était environ 15 heures cet après-midi du 10 novembre. Jeans KWAXU MAWO était tranquillement installé dans la voiture d’un ami français en compagnie de celui-ci, sur le parking d’une grande surface de Tours- Nord. Ils ont alors vu arriver 4 policiers, une femme et 3 hommes, qui leur ont demandé leurs papiers d’identité. Cette « demande », parfaitement incongrue dans cette circonstance, laisse fortement penser que la police « pistait » Jeans, et connaissait sa situation de « sans papiers » avant même de l’inviter à les suivre au commissariat de Tours, où il est resté, les 2 premières heures, sans être, ni en garde-à-vue ni placé en rétention… jusqu’à ce qu’à 17 h 15 un arrêté préfectoral le déclare officiellement en rétention administrative.

La suite probable des événements est la suivante : comme Siaband Bakoyan arrêté le 25 octobre, comme les 3 membres de la famille Békéri, arrêtés le 1 er décembre, comme Monsieur Tumasian, arrêté le 5 novembre, Jeans Kwaxu Mawo va être conduit au Centre de rétention de Rennes. Les arrestations précédentes se sont soldées par des remises en liberté sur ordre des juges. La Préfecture d’Indre-et-Loire serait-elle en mal de satisfaire aux quotas d’expulsion ?

Cette chasse à l’homme aveugle ne tient aucun compte des situations humaines. Elle bafoue sans vergogne les droits des étrangers. Ni la santé très fragile de Jeans Kwaxu Mawo, qui souffre encore dans sa chair des tortures subies au Congo lors de la guerre civile, ni le fait qu’il avait formé deux recours, l’un auprès de la
Cour nationale du Droit d’asile, l’autre devant le Tribunal administratif d’Orléans, n’ont freiné le zèle des autorités préfectorales.
Jeans Kwaxu Mawo fait partie du Collectif 37 des travailleurs sans papiers, dont 2 autres membres ont déjà été « intimidés » récemment par la police. Le Comité de soutien au Collectif s’insurge contre la multiplication de ces actes arbitraires, et exige la libération immédiate de Jeans Kwaxu-Mawo.

Tours, le 10 novembre 2011
Le Comité de soutien au Collectif 37 des Travailleurs sans papiers d’Indre-et-Loire

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Nous vous invitons à inonder la Préfecture de fax et de mails en vous inspirant du “modèle” ci-dessous, que chacun adaptera à sa guise. Répercutez cet appel sur vos listes de contacts.
Deux recommandations cependant :

1/ Eviter soigneusement tout terme injurieux. (6 camarades du RESF de Pau ont été condamnés en correctionnelle pour avoir écrit au Préfet des Pyrénées atlantiques en usant de noms d’oiseaux !)

2/ Dans la case “objet” du courriel, ne rien indiquer qui puisse laisser deviner l’objet précis du mail : ne pas mettre le nom de Jeans, ni le mot “arrestation”, etc.

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Modèle de lettre au Préfet d’Indre-et-Loire, à envoyer par fax et mail aux adresses et n° suivants :

Joel.fily@indre-et-loire.pref.gouv.fr
edgar.perez@indre-et-loire.pref.gouv.fr (Directeur de Cabinet)

Tel : 02 47 33 10 01 (Cabinet du Préfet)
et 02 47 33 10 20 (Secrétariat de E. Perez)

Fax : 02 47 64 76 23 (Cabinet du Préfet)
et 02 47 84 04 05 (fax général)
Fax du Secrétaire général : 02 47 64 76 66
Fax du service des étrangers : 02 47 64 76 73

Monsieur le Préfet,

C’est avec stupeur et consternation que je viens d’apprendre l’arrestation et la mise en rétention au commissariat de Tours, sur votre ordre, de M. Jeans Kwaxu Mawo. Né le 10 mai 1986 à Kinshasa (Rép Démo du Congo), de nationalité congolaise, il a été victime d’exactions et de tortures lors de la 2ème guerre du Congo. Sa famille a été prise à partie par les forces tutsies qui ont notamment violé sa mère, sa sœur et ses cousines. Puis ses cousins et cousines furent tués à la machette. Lui-même a subi des violences atroces dont il garde des séquelles physiques. Enfin, son père fut torturé puis tué par les forces militaires congolaises.

Entré en France en 2003 à l’âge de 17 ans, séparé de sa mère dont il n’a plus de nouvelles, il a été placé par ordonnance d’urgence du Procureur de Brive auprès du centre départemental de l’Enfance en tant que mineur isolé. Il y restera jusqu’au 28 juin 2005 avant de rejoindre Tours.

Le 13 janvier 2006, il obtient une carte de séjour “Vie privée et familiale” pour des raisons de santé. Ce titre de séjour lui est régulièrement renouvelé jusqu’au 5 octobre 2010, date à laquelle lui est signifiée une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ont suivi 2 récépissés de demande de séjour, le dernier arrivant à échéance le 15 janvier 2011. Depuis cette date il est « sans papiers ».

Il a régulièrement exercé une activité professionnelle constante du 22-11-2006 au 1- 02-2011, malgré une santé très fragile. Il souffre en effet de symptômes post-traumatiques attestés notamment par un médecin expert du Centre de Victimologie de Paris. Il est totalement inenvisageable qu’il puisse être soigné au Congo, lieu de ses tortures.

Il est d’autant moins concevable qu’il soit menacé d’expulsion, que deux procédures engagées par son avocate sont en cours, un recours auprès de la Cour Nationale du Droit d’Asile, l’autre devant le Tribunal Administratif d’Orléans.

Comptant sur votre humanité, je vous demande instamment, Monsieur le Préfet, d’ordonner la libération immédiate de M. Jeans Kwaxu Mawo.

Signature :