Message de Ziad Medoukh, professeur de français à l’Université Al-Aqsa
Gaza, le 21 février 2012
Depuis plus d’une semaine, la bande de Gaza vit une véritable crise humanitaire. La fermeture de l’unique centrale électrique a provoqué de longues coupures de courant, jusqu’à 18 heures par jour, ce qui signifie que la maison ou le quartier ont droit à six heures d’électricité quotidiennes.
Vous imaginez ? Plus d’un million sept cent mille habitants privés d’électricité pendant des jours et des jours !
Outre ces coupures, en plein hiver, à Gaza, c’est la pénurie d’eau. Tous les puits municipaux qui approvisionnent les habitants fonctionnent à partir du courant électrique.
Vous imaginez ? Des foyers privés d’eau pendant des jours et des jours !
Cette situation est liée au manque de fioul et de carburant qui entraient normalement dans la bande Gaza par Israël et l’Egypte.Cette pénurie a des conséquences dramatiques sur la vie quotidienne des Gazaouis et paralyse les secteurs économiques de cette région sous blocus.
Imaginez-vous une terre sans électricité, sans eau et sans carburant ? Nous sommes au deuxième millénaire quand même !
Israël refuse l’entrée de matériel et de pièces de rechanges pour cette centrale endommagée par les multiples bombardements, notamment lors de sa dernière offensive contre Gaza en 2009.
L’Egypte refuse de continuer à fournir du carburant via les tunnels, à Gaza. Nous avions mis toute notre espérance dans leur révolution , mais un an après la chute de l’ancien régime de ce pays voisin, pour les Gazaouis , rien n’a changé.
A cause du manque de carburant, les moyens de transports ne peuvent pas fonctionner, les étudiants sont contraints d’aller à pied à l’école ou à l’université, la vie est paralysée.
Beaucoup d’usines ont fermé leurs portes, des milliers de travailleurs se retrouvent au chômage, ce que aggrave la situation déjà délicate des habitants de cette prison à ciel ouvert.
Les hôpitaux et les centres médicaux sont les plus touchés, beaucoup d’opérations chirurgicales sont annulées, beaucoup d’appareils médicaux sont en panne, la vie de centaines de patients est menacée.
L’état d’urgence a été décrété dans la bande de Gaza et même les quelques générateurs qui continuent de fonctionner vont être arrêtés, faute de fioul.
Devant cette crise, les Gazaouis s’interrogent :
Où sont les organisations de droits de l’homme ?
Où est le monde dit libre ?