Jeudi 29 mars, le CRE (Conseil des Résidents Étrangers) de la Ville de Strasbourg et le CoFraCiR (Conseil français pour la citoyenneté de résidence) ont organisé conjointement un débat public au Foyer de l’Etudiant Catholique, sur le thème : « Quelle vie citoyenne pour les résidents étrangers au lendemain des élections » ?
Dans le cadre de la campagne présidentielle, tous les partis politiques (à l’exception du FN) avaient été invités à venir s’exprimer sur ce thème.
Pendant plus de 3h, les représentants locaux du Modem, de l’UMP, d’EELV, du PS, du NPA et du Front de Gauche ont présenté leurs programmes et leurs points de vue, puis ont répondu aux questions du public (une centaine de personnes) venu les interpeller.
Passé l’habituel jeu de ping-pong entre les deux partis au pouvoir depuis 30 ans -le PS dénonçant la xénophobie de l’UMP qui dénonce à son tour, l’inaction et le laisser-faire du PS depuis 1981, gauche plurielle comprise, sur le sujet des droits des étrangers-, le débat s’est clairement radicalisé après les interventions du NPA et du Front de Gauche et a permis de passer la parole à la salle.
Ainsi, de questions pragmatiques en témoignages souvent émouvants, c’est toute la mécanique (infernale) et le parcours (du combattant) de la naturalisation qui ont été exposés au grand jour, et toute la politique raciste et xénophobe de la présidence actuelle autour de “l’identité nationale” qui a été dénoncée par la grande majorité des personnes présentes.
Des responsables associatifs aux simples citoyens, tous ont été témoins et/ou victimes des effets dramatiques et quotidiens de la chasse systématique aux pauvres et aux étrangers, de la suppression des aides et des subventions aux associations les aidant, tous ont rapporté un climat de xénophobie, de stigmatisation, de culpabilisation, de discrimination, d’intimidation et de peur jamais atteint depuis des décennies…
Certains ont déploré le sentiment terrible de se sentir “étranger dans son propre pays en étant français“, d’autres se sont attristés en évoquant l’idée que, bien qu’ils participent de génération en génération à la richesse de la France, il demeure, à l’intérieur des familles, une “fatalité de l’absence de droits et de reconnaissance” qui se transmet -elle aussi- de génération en génération!
Les interpellations directes et les critiques féroces se sont relayées toute la soirée en direction des représentants de l’UMP, à la tribune et groupés dans la salle qui, ou bien, pratiquaient la mauvaise foi et la contre-vérité, ou déversaient un discours nationaliste et xénophobe trop bien huilé, et surtout bien trop entendu…
Un dernier tour de tribune a permis quelques mises au point:
Après que le représentant du NPA eut demandé à son homologue du PS s’il reviendrait sur les lois Guéant en cas de victoire aux élections présidentielles, et que le responsable du PS eut répondu un presque imperceptible et du bout des lèvres “oui” -bien peu convainquant-, tous ont repris les critiques de la salle à l’encontre des représentants de l’UMP, conseillant même à cette “bande de racistes” de “se casser“!
Durga J. pour la Feuille de Chou