Liban: deux rabbins font une apparition surprise au sud
OLJ/Agences | lundi, avril 2, 2012
Les deux rabbins américains sont entrés dans une ancienne synagogue habitée depuis des décennies par des familles dans le “quartier juif” de la ville et où seules l’étoile de David et des inscriptions en hébreu sont encore visibles.
Photo Mahmoud Zayyat /
Les habitants de Saïda au Liban-Sud ont été surpris lundi de voir deux rabbins en tournée dans les vieux quartiers de la cité pour y inspecter des sites juifs, a constaté l’AFP.
“Depuis 40 ans, on n’a pas vu un seul rabbin à Saïda. Les dernières familles juives sont parties après l’invasion israélienne du Liban en 1982, par peur des représailles”, a affirmé un habitant sous couvert de l’anonymat, précisant qu’elles avaient encore des terrains et des propriétés dans la ville.
Pourtant reconnue comme l’une des 18 confessions religieuses au Liban, la communauté juive s’est réduite au fil des années face aux violences et à l’amalgame fait entre juifs et Israéliens, passant de 22.000 membres au début du XXe siècle à 300, selon des estimations non officielles.
Les deux rabbins américains, membres de Neturei Karta –un mouvement de juifs antisionistes prônant le “démantèlement” de l’État d’Israël– sont entrés dans une ancienne synagogue habitée depuis des décennies par des familles dans le “quartier juif” de la ville et où seules l’étoile de David et des inscriptions en hébreu sont encore visibles.
Ils portaient des keffiehs, coiffure symbole des Palestiniens, et un insigne sur leur poitrine où on lisait “je suis juif et pas sioniste”.
Les deux hommes se sont ensuite dirigés vers le cimetière juif de Saïda, où sont enterrés des centaines de Libanais juifs, témoin de l’importance de cette communauté qui s’est éteinte dans cette ville dans les années 80, en pleine guerre civile au Liban (1975-1990).
Le cimetière a été vandalisé à plusieurs reprises dans le passé.
Par la suite, les rabbins se sont rendus sur la tombe de Zébulon, l’un des fils du patriarche biblique Jacob, jadis objet de pèlerinage mais aujourd’hui tombée dans l’oubli.
“Nous (les juifs) vivions en paix avant l’avènement du mouvement sioniste mondial (au 19e siècle, ndlr). L’occupation israélienne a contribué à créer un sentiment de haine contre les juifs”, a commenté le rabbin Yisroel Dovid Weiss lors de la tournée.
Les deux hommes avaient participé le 30 mars dans le sud du Liban à la “Journée de la terre”, célébrée chaque année par la minorité arabe d’Israël pour commémorer la mort en 1976 de six Arabes israéliens lors de manifestations contre la confiscation de terrains par Israël.