Depuis 4 ans le cercle de silence se rassemble place Kléber à Strasbourg le 30 à 18h chaque mois.
Conférence de presse du 30 avril à 17h15 au Club de la presse-Strasbourg-Europe place kléber
Rencontre avec le Frère Alain Richard, point sur la situation des sans papiers en Alsace, et perspectives par delà les échéances électorales.
Frère Alain Richard par lui-même
« C’est à Toulon que je suis né en 1924. Mais en 1927, mon Père, qui avait été gazé durant la guerre de 1914-18, meurt de maladie. Ma famille s’installe alors à Avranches, puis en 1936 à Versailles.
En juin 1944, mon frère aîné, officier de Marine et membre de la Résistance, est arrêté, torturé et tué.
Diplômé Ingénieur Agronome de Paris en 1946, j’entre en 1947 au Noviciat franciscain, prononce mes
vœux solennels, puis reçois le sacerdoce en 1953.
Aumônier de JOC, ACO, JIC, ACI., je deviens également vicaire à la paroisse d’Orsay (Essonne). Ensuite pendant 6 ans Aumônier de la Faculté des Sciences d’Orsay, je vis alors en petite fraternité franciscaine d’Aumôniers.
En 1967 je demande d’être déchargé du ministère d’aumônier que j’aimais énormément, mais pour explorer avec 2 autres frères le ministère qui nous paraît essentiel de la vie franciscaine en elle-même ; je travaille alors chez un architecte urbaniste.
En mars 1973 je rejoins dans un slum de Chicago, une petite fraternité insérée qui m’a demandé de venir. Pendant 6 ans j’ai travaillé principalement comme travailleur industriel “à la journée”, le plus souvent envoyé dans des usines métallurgiques.
Fin 1979 la Province franciscaine de l’Ouest des USA m’ayant invité à venir à Oakland (Californie), j’y ai travaillé pendant 3 ans dans une usine de fabrique d’abat-jour, puis vis d’un artisanat d’icônes qui me donne la flexibilité de répondre à des appels extérieurs. J’organise un réseau de groupes de jeûneurs pour appeler à la justice et à la paix. San Francisco, Oakland, Washington DC, New York, Panama, Guatemala, Las Vegas, seront certains des endroits où je participerai à des jeûnes.
In 1983 on me demande de participer au démarrage d’une équipe des Brigades Internationales de Paix au Guatemala. J’y suis retourné 4 autres fois pour des temps de 2 à 7 mois. Le Guatemala est devenu un peu mon second pays, d’autant plus qu’un des dictateurs a jugé nécessaire de m’en expulser !
En 1989, vivant dans une communauté à Las Vegas , Nevada, je participe à la fondation de Pace e Bene, un service franciscain de non-violence et de critique de la culture, et en est le principal animateur durant près de 10 ans. Egalement je participe parfois au démarrage d’équipes de P.B.I. : Sri-Lanka, N.E. Canada, Haïti, et j’ai animé des sessions et retraites aux USA, dans plusieurs pays latino-américains et en Australie.
Fin 1998 je suis revenu en France, et vis depuis dans la communauté de Toulouse. Conférences, sessions, retraites en rapport avec la violence, la non-violence, les peurs …. et plus largement sur les relations humaines et la Trinité, prennent une large part de mon temps.
Je représente Franciscans International à la Coordination Internationale pour la Décennie pour une culture de non-violence et de paix. L’urgence du travail pour la paix continue de m’habiter. La non-violence m’apparaît le moyen le plus conforme à l’Evangile pour que la paix grandisse. Ma vie de franciscain y est de plus en plus à l’aise. » Fr. Alain Richard.
Le Cercle de silence Strasbourg
Liste des associations signataires en Annexe 1
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Carte des Cercles de silence en France Annexe 2
Annexe2_Carte_Cercle_en_France
La politique actuelle d’immigration se donne pour objectif de procéder chaque année à un quota d’expulsions déterminé à l’avance. Une telle démarche opère une véritable entreprise de déshumanisation qui cache le drame des êtres humains frappés par son application aveugle.
Désormais, c’est en notre nom et arbitrairement que des personnes, même rentrées légalement sur le territoire français, sont expulsées loin de leurs lieux d’asile, de leurs lieux de vie, de leurs lieux de travail, de leurs cercles d’amis.
C’est en notre nom et arbitrairement que des demandeurs d’asile sont renvoyés dans leur pays d’origine dont ils cherchaient à fuir les persécutions.
C’est en notre nom et arbitrairement qu’un père ou une mère est arraché à ses enfants.
C’est en notre nom et arbitrairement que des enfants, des personnes âgées, des personnes gravement malades sont enfermées dans des centres de rétention dans l’attente de leur expulsion.
Cet objectif d’expulsions à atteindre est à l’origine d’une entreprise de deshumanisation qui, en masquant le drame humain de ceux qui la subissent, frappe aussi ceux qui sont chargés de son application aveugle. Les agents administratifs, judiciaires, les policiers sont de plus en plus nombreux à exprimer leur malaise d’être un des maillons d’une chaîne d’exécution dont personne ne se tient vraiment pour responsable.
Nous pensons que nous sommes tous RESPONSABLES.
Le respect de la loi a pour finalité de permettre de vivre ensemble. Jamais la loi ne devrait être convoquée pour anéantir les plus faibles d’entre nous.
Derrière le chiffre à atteindre disparaissent le visage et l’histoire de ces autres qui voudraient tant être des nôtres. Lorsque qu’on enferme ces personnes, qu’on les expulse, c’est notre propre humanité que l’on détruit.
De véritables tragédies humaines ont lieu quotidiennement à Strasbourg et elles ne cessent de se multiplier et de s’aggraver. Nous avons la conviction qu’elles sont largement méconnues d’un très grand nombre.
Une politique peut-elle consister à atteindre un quota, au mépris de la vie, de la famille, de la dignité d’hommes et de femmes qui vivent pacifiquement avec nous ? La France peut-elle renoncer à sa tradition d’accueil ?
Parce que le cercle de silence est une action non-violente de protestation qui rassemble des femmes et des hommes de divers horizons et convictions philosophiques, politiques ou religieux, nous appelons toutes celles et tous ceux qui souhaitent s’associer à notre protestation de façon non-violente et silencieuse à nous rejoindre le 30 de chaque mois.
Les 30 de chaque mois donnent lieu à un cercle de silence place Kléber à Strasbourg.
Cela se passe chez nous
A Strasbourg comme ailleurs des personnes de tous âges vivent dans la peur constante d’être arrêtées par la police chez eux ou pendant leurs déplacements à l’école, à la poste, au travail, aux courses alimentaires chez le médecin.
A 10 km de Strasbourg on les enferme au centre de rétention de GEISPOLSHEIM en vue de leur expulsion vers le pays qu’ils ont fui. Cet enfermement peut durer 45 jours.
Leur crime ? Ils n’ont ni papiers ni autorisation de séjour (au titre du droit d’asile) malgré l’existence de liens familiaux en France ou malgré la gravité de leur état de santé.
Certains d’entre eux malgré un long séjour légal en France n’ont pas vu (après la fin des études, le divorce, la majorité atteinte…) renouvelé leur titre de séjour.
Objectifs du gouvernement français : 25 000 expulsions en 2007
26 000 expulsions en 2008
30 000 expulsions en 2011
35 000 expulsions en 2012.
En onze ans, les placements en rétention ont plus que doublé, pour atteindre plus de 33000 en France métropolitaine en 2010, et plus de 60 000 avec l’Outre-mer.
Au centre de rétention de Geispolsheim : 839 personnes enfermées et 475 expulsées en 2007, 401 personnes expulsées en 2008, 362 en 2009, 314 en 2010. Pour 2011, les données ne sont pas encore établies.
Annexes 3, 4 et 5 – Histoires d’ici.
Annexe 6 – réaction à une loi de 2011, la loi « Besson ».
• Réaction de l’évêque d’Arras au démantèlement de la jungle calaisienne – Septembre 2009
« Dans le cadre d’une opération hautement médiatisée, le campement de fortune de quelques centaines d’immigrés a été évacué et rasé cette semaine. Il constituait certainement une verrue sur le littoral calaisien. Personne ne pouvait décemment souhaiter voir s’édifier durablement ce tombeau de la dignité humaine. Il n’était pas davantage question de laisser trafiquer en paix des exploiteurs d’adultes et de jeunes en quête d’espérance et d’avenir. Ces derniers veulent tout simplement vérifier que sous les noms de paix, de justice, de liberté, de fraternité, de partage se cache une réalité !
Il a été répété que la France ne peut accueillir toutes les misères du monde et que les Calaisiens ne doivent pas faire les frais de dispositions européennes ubuesques.
Les déclarations volontaristes, les images qui font choc, les pelleteuses et les bulldozers, les visites ministérielles peuvent laisser croire pour l’énième fois que le problème est résolu !
Des êtres doués de bon sens ne peuvent imaginer un seul instant que ne se poursuivra pas et ne s’amplifiera pas la poussée des pays pauvres vers les pays riches, des pays à la démographie galopante vers les pays à faible taux de population. Le développement des moyens de communication invite, de façon permanente, ceux qui ont peu à aller vers ceux qui ont beaucoup.
En face de ces vastes mouvements la mise en scène calaisienne apparaît vite comme une goutte d’eau dans un océan. L’humanité ne peut pas croire indéfiniment qu’elle forgera son avenir en avançant les mains sur les yeux. Les terriens ont longtemps cru que la planète était un joujou entre les mains d’enfants gâtés qui la façonneraient au gré de leurs désirs et de leurs caprices. Résultat : nous peut-être, mais surtout nos descendants devrons compter avec une nature qui se rebelle et se modifie selon ses lois propres.
De la même manière, parce que nos aînés dont nous sommes héritiers n’ont pas pu, su ou voulu poser tous les termes des équations du développement, du partage, de l’utilisation des ressources et des richesses, il faut, de toute urgence, compenser un dangereux déséquilibre. Bien évidemment, ce travail ne concerne pas que la France. Son histoire lui confère, cependant, le droit et le devoir de s’y engager résolument et d’y appeler les peuples et les nations.
Ce vaste chantier du vingt et unième siècle demande de la volonté et de l’audace. Il repose sur la conviction que chaque être humain, de tous les lieux et de tous les temps est reconnu dans l’égale dignité qu’il partage avec ses semblables. Chapeau à tous les bénévoles qui, contre vents et marées, contre les logiques et les pouvoirs, se dépensent et se dépenseront sans compter pour reconnaître et sauvegarder en des hommes, des femmes, des jeunes qu’ils ne sont pas allés chercher, des personnes dignes et responsables.
+ Jean Paul JAEGER
Evêque d’Arras
Club de la presse Strasbourg Europe
Lundi 30 avril 2012