Pétition
Nous féministes…
Le vice des riches ne doit pas devenir le vice des pauvres
Jeunes filles et jeunes hommes de 2012, si vous saviez ! Cet article souhaite simplement faire un peu d’histoire. La position de la femme dans la société française n’a pas toujours été celle que nous connaissons aujourd’hui. Nous le savons tous… Vraiment tous ? Petit rappel nécessaire semble-t-il à l’adresse de celles et ceux qui, sans doute parce que ces sujets sont peu étudiés, pensent que ce qui est à toujours été et sera encore…
Nous avons emprunté le titre de cet article à Jean Foyer qui était, en 1974, député gaulliste et qui a saisi le Conseil constitutionnel afin de faire invalider la loi sur l’avortement présentée et défendue par Simone Veil, alors ministre de la santé de Valéry Giscard d’Estaing. Il a en effet déclaré pour justifier la saisine du conseil constitutionnel que “Le vice des riches ne doit pas devenir le vice des pauvres”.
L’idée que les femmes ont les mêmes droits que les hommes est toute récente. Auparavant, comme pour toute discrimination, on s’appuyait sur leurs différences, de nature, de fonction, pour justifier le fait qu’elles étaient privées d’un certain nombre de droits. De plus, on les a le plus souvent considérées comme inférieures, incapables de réflexion, de logique, de maturité. Éternelles mineures, elles devaient se cantonner aux charges du foyer. Sauf lorsqu’elles étaient pauvres : on les exploitait alors autant et même plus que les hommes…
1. Le droit de voter
Le droit de vote est accordé aux femmes en France le 21 avril 1944 par le Comité français de la Libération nationale, confirmé par l’ordonnance du 5 octobre sous le Gouvernement provisoire de la République française, mais il n’est utilisé que le 29 avril 1945 pour les élections municipales, puis en octobre pour les élections à l’Assemblée constituante. A titre de comparaison, la Suède avait accordé ce droit de façon complète et définitive en 1919, la Nouvelle-Zélande en 1893 (avec éligibilité en 1919), l’Australie en 1902, etc. De même, c’est seulement en 1946 que le préambule de la Constitution pose le principe de l’égalité des droits entre hommes et femmes.
2. Le droit de s’affranchir de son mari
Il aura fallu attendre 1965 et la réforme du régime matrimonial de 1804 (Code Napoléon) pour que la femme puisse gérer ses biens, ouvrir un compte en banque, exercer une profession sans l’autorisation de son mari. C’est aussi en 1965 que l’enseignement technique est ouvert aux filles. Mais ce n’est qu’en 1970 que la mère devient l’égale du père en matière d’autorité parentale. Sans oublier qu’il aura fallu attendre 1990 et l’Arrêt de la Cour de cassation pour enfin condamner le viol entre époux…
3. Le droit à disposer de son corps librement
En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception qui ne sera remboursée qu’à partir de 1974. Toujours en 1974, c’est la fameuse loi Veil (1). Dans la nuit du 28 au 29 Novembre 1974, 284 députés contre 189 adoptaient la loi autorisant l’IVG, sous certaines conditions. Parmi ces députés, 55 UDR sur les 174, 26 centristes sur 52, 105 socialistes sur 106, 74 communistes. Pour défendre cette loi, une femme, Simone Weil, ministre de la santé, qui subira pendant les deux jours de débats les pires insultes.
On entend ainsi le député Emmanuel Hamel faire allusion à la déportation de Simone Veil (2) pour la déstabiliser : “Vous, sauvée des camps de la mort où vous fûtes captive, est-ce parce que vous avez été prisonnière, puis, dans des circonstances tragiques, avez retrouvé la liberté, que vous voulez pour la femme toutes les libertés ?” Jacques Médecin, lui, n’hésite pas à stigmatiser “une barbarie organisée, couverte par la loi comme elle le fut par le nazisme”. Jusqu’à Jean-Marie Daillet, qui convoque l’image d’embryons humains “jetés au four crématoire”.
La France se réveille le 17 Janvier 1975 avec un nouvel article L-162-1 du Code pénal qui dispose : “La femme enceinte que son état place dans une situation de détresse peut demander à un médecin l’interruption volontaire de grossesse avant la fin de la 10ième semaine de grossesse”.
Mais rien n’est jamais acquis. Les commandos anti-avortement, les régions sans médecins qui acceptent de faire des avortements, tout cela est inquiétant au niveau de la déperdition des moyens. La lutte n’est pas terminée et les propos de Marine Le pen lors de cette présidentielle sur le non remboursement des “avortements de confort” montrent bien que le combat continu (3)…
Aujourd’hui, si dans les textes, les femmes ont les mêmes droits que les hommes, dans la réalité bien des inégalités subsistent : elles occupent encore majoritairement les emplois subalternes, donc moins bien payés; elles sont, plus que les hommes, victimes du chômage et de la précarité; et elles sont, encore aujourd’hui, souvent systématiquement écartées du pouvoir, dans les partis politiques, au Parlement, au gouvernement, dans les entreprises…
En savoir plus
(1) Discours de Simone Veil à l’Assemblée nationale, première séance du 26 novembre 1974
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/interruption/simone_veil_tribune-1.asp
(2) Née Simone Jacob le 13 juillet 1927 à Nice, Mme Veil est déportée à l’âge de 17 ans à Auschwitz-Birkenau, avec l’une de ses sœurs, Madeleine, et sa mère, Yvonne. Elle y passe treize mois et sort seule du camp. Elle ne reverra pas plus son frère ni son père, déportés en Lituanie, mais retrouvera sa sœur aînée, Denise, déportée à Ravensbrück et Mauthausen.
(3) Le 20 novembre 2008, Simone Veil a été élue au fauteuil de Pierre Messmer à l’Académie Française. L’association Laissez-les-vivre* souligne que “cette ignominie se déroule le jour anniversaire de la signature de la convention européenne des droits de l’enfant”. Cette association rajoute “Il nous paraît impossible de ne pas crier publiquement notre indignation vis-à-vis de celle qui a organisé l’extermination légale de HUIT MILLIONS d’enfants depuis 34 ans. En accordant cette nouvelle dignité à Mme VEIL, l’Institut de France se déshonore en insultant la nation.”
Manifestation contre Simone Veil à l’Académie Française – Prenez le temps de lire les commentaires laissés par les visiteurs de ce site
http://www.nationspresse.info/?p=11981
* L’association Laissez-les-vivre SOS Futures Mères est la plus ancienne des associations spécifiquement anti avortement. Son site Internet
http://www.loi1901.com/intranet/a_news/index_news.php?Id=1849