A la veille du second tour de l’élection présidentielle, le Printemps des quartiers, émanation du Forum social des quartiers populaires, a réuni de 3 à 400 personnes dans une salle paroissiale à Mulhouse.

Les quasi invisibles de la campagne électorale,(n’en parler jamais, y penser toujours en les instrumentalisant) que les politiciens ne convoquent, comme Sarkozy et Hollande, dans leurs discours, que comme repoussoirs à vocation xénophobe et islamophobe, ont écouté la présidente du Parti des Indigènes de la République,( le bien nommé PIR), l’intellectuel Aalin Gresh qui écrit dans Monde diplomatique, et, selon la vulgate médiatico-politique, celui qui n’est désigné que par une épithète homérique (“Achille-au-pied-léger”),le prétendu “ très controversé intellectuel musulman…”, au cœur du débat Sarkhollandais, malgré sa nationalité suisse qui ne lui permet pas de voter en France, puisque la Confédération helvétique n’est pas dans l’Union européenne…

A travers eux, les quartiers populaires, ceux qui se sont révoltés en 1995, et qui ont disparu ensuite de l’actualité, se font entendre, devant une assistance diverse et métissée à l’image, non d’une France identitaire fixiste essentialisée, qui désormais n’existe plus (si elle a jamais existé…) que dans les discours racistes, de l’extrême-droite à la droite dure et la gauche molle, et même une partie de l’autre…

Assistance qui a largement participé au débat en attendant de s’organiser à la base afin de faire entendre la voix des classes populaires, et de changer la politique par sa nouvelle visibilité.
On ne s’étonnera pas (mais on protestera) de l’absence totale des médias régionaux qui se sont contentés, pour la presse écrite, d’annoncer la réunion, mais ont boycotté tant la conférence de presse, que les débats à la salle Saint-Fridolin.

Les quartiers populaires n’existent-ils que quand les bagnoles flambent?

La campagne électorale en tout cas a confirmé cette réalité.

Surtout conserver, auprès des citoyens et du public, l’idée reçue selon laquelle dans ces zones (bien entendu, “de non- droit“) on ne rencontre que des dealers, des conducteurs de scooters sans casque, des musulman(ne)s, et de jeunes teneurs de mur qui guettent les patrouilles policières avant de lancer des cailloux dans leurs Intifada de banlieue.

Tariq Ramadan