Place Broglie son intervention intégrale, suivie d’une analyse critique.


J.-L. Mélenchon – Discours de Strasbourg par lepartidegauche

ne jamais attendre les consignes pour agir” JLM

http://www.jean-luc-melenchon.fr/2012/05/23/je-marche-camarade/

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899 connexions, 23 mai 2012. Ce n’est qu’un début…

Mélenchon dans le texte

Pour l’essentiel on est d’accord avec l’orientation politique mise en œuvre par Jean-Luc Mélenchon au nom du Front de gauche, bien qu’on se sente plus proche du NPA, (confirmé par le Quiz du Monde avant la présidentielle) sauf que ce parti refuse d’entrer dans la coalition à gauche du PS. Peut-être qu’après les législatives, alors qu’il a déjà subi deux scissions, celle de la Gauche Unitaire, puis de la Gauche Anticapitaliste, reviendra-t-il sur son isolement, à différencier de celui plus principiel de Lutte Ouvrière.

On a écouté JLM en live à Strasbourg, puis on l’a réécouté.

Un bon point d’abord. Dès son arrivée en scène, alors que les jeunes des premiers rangs criaient “Jean-Luc”, comme au Zénith, on l’a vu articuler nettement sur ses lèvres “résistance”, et les jeunes ont changé leur slogan, passant ainsi d’un culte de la personnalité du “leader maximo” à une lutte collective.

JLM a l’art de se mettre le public-citoyen dans la poche, non pour lui-même, quoique, mais pour la cause. ” Ses premiers mots: “ça fait du bien de se retrouver”, alors que c’est ici la première fois. Et il souligne, thème récurrent, la “fierté”, la mobilisation exemplaire en peu de temps, et la liberté individuelle de chacun-une qui additionnée produit des foules de citoyens. Peut-être se trompe-t-il quand il ajoute que en Alsace c’est du “jamais vu” à gauche. On se souvient de l’énorme manifestation contre le Congrès (déjà) du FN. Et l’Alsace n’a pas toujours été à droite!

Il évoque d’abord l’Alsace, en tant que terre “disputée âprement”, mais tout finit bien, pour lui, par la “patrie républicaine”. Cette thématique de la fierté et de la patrie républicaine, revient plusieurs fois. Comme si cela aurait été honteux d’être allemand plutôt que français, à condition que cela ait été le résultat d’un choix que les Alsaciens n’ont jamais eu. Toujours ils ont été tiraillés entre l’Allemagne et la France ou repliés sur la Heimat alsacienne entre 1870 et 1918. On voit planer même si les mots ne sont pas prononcés, la “République une et indivisible” chère au PG et au PCF.

Cette thématique remporte du succès car il l’articule avec celle du mélange “nous sommes la France, fière d’être mélangée”. Succès assuré dans la jeunesse métissée collée au podium qui n’a entendu pendant cinq années que les discours d’une fRance sarkozée méconnaissable.

Tout de suite après, vient la tirade ouvertement franc-maçonne sur “l’obscurantisme” et “la lumière”, “la raison” et “l’argumentation” et l’appel bienvenu aux “fâchés pas fachos” à rejoindre une saine colère non dévoyée.
Quelqu’un m’a fait remarquer que Mélenchon portait le triangle rouge des déportés politiques, mais la pointe vers le haut, comme pour figurer la pyramide égypto-maçonne, alors qu’elle se porte la pointe en bas.

La colère loin d’être aveugle et de taper sur l’immigré doit tomber, dit-il, non sur le capital, mais sur “le financier”. Plus tard il s’en prendra à deux reprises à la “cupidité”, thème dangereux en ce qu’il laisse entendre quelque chose d’un vieil anti-judaîsme chrétien toujours en vogue sur les sites conspirationnistes. Il n’y a pas que la banque Rothschild! Ce n’est ni l’argent, ni le banquier, ni l’usurier rapace, ni bien sûr l’étranger, qui doivent être la cible de la lutte populaire, mais le capital qui n’est pas une personne mais un processus.

Très pédagogique, Mélenchon en appelle à la patience et même à la discipline dans chaque étape du combat. D’abord on a voté Hollande au second tour, sans condition (c’est le front uni ouvrier trotskiste dans son essence pure…). Il a gardé de bonnes choses de son militantisme chez les lambertistes. Également une stratégie de revendications de transition qui part des exigences des citoyens pour les élever à la nécessité de combattre la classe dominante qui, menacée, n’hésite pas, elle à à user de la violence contre-révolutionnaire.

Avec son “insurrection citoyenne”, on n’est pas sûr de n’avair pas affaire à un nième réformisme “radical”, éloigné en temps de crise de la radicalité qu’il faut pour casser l’appareil d’État de la classe dominante. Vieux débat entre réforme et révolution qu’il faudra reprendre dans le cours de l’action.

Lorsqu’il est question de la souveraineté populaire, foulée aux pieds après le succès du non au référendum européen, on se demande s’il ne faut pas introduire la question d’une souveraineté européenne, sans quoi on verse immanquablement dans le souverainisme national, forme obsolète aujourd’hui et dangereuse car elle fait l’accord confus entre les souverainistes de droite et ceux de gauche plus le FN.

Que la souveraineté et la République ne s’arrêtent pas aux portes de l’usine, oui, mais là aussi, cela implique un affrontement à terme entre capital et travail dont il fait l’économie dans sa parole.

Mélenchon fait l’éloge du travail, après avoir déclaré que celui-ci n’était pas seulement une torture. Certes on peut comprendre ce discours qui s’adresse à des chômeurs et à des jeunes sans boulot ou précarisés. Mais de là à faire silence sur le revenu d’existence sans même parler du droit à la paresse, il y a un pas. La productivité du travail rend possible immédiatement des semaines de 32 h et moins si on partage le temps entre tous-

En prof qu’il a été, il sait capter l’attention par des “écoutez-moi bien”, et des formules rigolotes sur “la politique à la papa” ou “les godillots” PS. Et quand la foule croit pouvoir se moquer de ceux qui ne rêvent que d’être ministres, il casse l’affaire en disant “ils ont le droit, je l’ai été” et les rieurs sont de son côté.

Il fait très 3e République avec son éloge du travail bien fait, de la “belle ouvrage”. On se croit dans une étape du tour de France des compagnons. Il consacre un temps à parler du passage de la propriété capitaliste à la propriété sociale collective, vantant la solution des coopératives ouvrières, sans dire qu’elle sont aussi confrontées à la loi du profit et que certaines licencient les salarié-coopérateurs.

Plus marxiste, il rappelle que les idées deviennent force matérielle irrésistible.

“Mobilisez vous” dit-il “là où vous êtes”, avec, ajoute-t-il comme si ça suffisait, ” vos bulletins de vote”. Un peu de crétinisme parlementaire? Remember Allende!

Il provoque la dite “majorité alsacienne” en parlant des enfants de l’immigration, des Arabes, du Concordat. “L’Alsace fraternelle existe, la voilà!” Applaudissements garantis.
Des remarques éthiques s’en suivent contre l’argent qui n’est pas tout, ou la solidarité contre la concurrence, et même, l’amour contre la haine!

“Préparez-vous avec discipline”. En passant, il se compare, sans le dire à de Gaulle qui a aussi tenu discours sur cette place, et d’ailleurs, par moments, on croit entendre le général. Il n’a pas pensé à Rouget de Lisle qui juste à deux jets de pierre, dans le bâtiment occupé par la quasi défunte Banque de France a chanté le Chant de marche des soldats du Rhin, “notre” Marseillaise.

Jamais les députés du F2G ne voteront une motion de censure de la droite, mais à l’inverse, ils n’accepteront pas des mesures budgétaires contraires aux intérêts des travailleurs.

Patriotique mais orienté, il parle du drapeau et des ses couleurs, avec une préférence pour le bord extérieur, rouge, qui flotte dans le vent…Le blanc n’est pas très utile. Songeait-il en même temps au Rot und Wiss alsacien?

Et avant les traditionnelles Internationale suivie de la Marseillaise, il échappe au culte de la personnalité déjà galopânt en disant je m’appelle Josiane Nervi-Gasparini, Antoine Splet et Marc Baader, candidats à Strasbourg.

Son discours et les chants finis, y compris “On lâche rien”, il s’en va, suivi par une vraie meute de groupies vers la rue de l’Outre.

JCM