Jean Clair présentait son dernier ouvrage, Hubris,, à la librairie Kléber, interrogé par le sempiternel Miclo-le-causeur.
Notre correspondant de la Feuille de Chou a une nouvelle fois été frappé par l’évolution conservatrice (dans les deux sens du terme) de celui qui dirigeait jadis Chroniques de l’art vivant, une revue qui défendait la peinture contemporaine avec brio.
Or, depuis quelques années, Jean Clair a fait marche arrière. Il brûle désormais ce qu’il adorait et revient à une sorte de classicisme quelque peu régressif.
Jean Clair 2 f2cradio
Jean Clair3 f2cradio
Jean Clair4 f2cradio
Jean Clair5 f2cradio
Le ton même de sa causerie laisse passer quelque lassitude. Il se demande, question rhétorique, ou pas, pourquoi, vers la fin du 19e siècle, ces mutations brusques dans les arts, les “dissonances” en musique, les déformations en peinture,etc.
Le romantisme déjà avait amorcé le mouvement (qui hait les lignes). Et si on remonte plus haut dans l’histoire de l’art, on trouvera bien des “monstruosités”.
Une dame dans le public, a demandé quand on reviendra à la beauté…
On a envie de lui répondre: quand le monde sera apaisé. C’est pas demain la veille!
Comment ne pas voir que si Picasso a déformé le corps humain, si Schoenberg a rompu avec les règles, c’est que, plaques sensibles d’un monde qui, pour certains, était la ” Belle Epoque“, ils étaient déjà sensibles aux horreurs à venir de la guerre de 14-18, horreurs qui d’ailleurs se déroulaient dans ces années-là dans la conquête coloniale en Indochine ou en Algérie.
Espérer, comme cette dame , que reviendrait l’ère du beau relève d’une vision en rétroviseur. Pourquoi pas le Bien, le Vrai, le Beau platoniciens? Si les oeuvres sont plus souvent jugées “intéressantes” que belles, ce n’est pas l’effet du hasard ou d’on ne sait quel attentat antihumaniste. En tout cas, cet attentat, ce n’est pas aux artistes qu’il faut l’attribuer, mais au Capital toujours plus déshumanisant.
Mais comme le dit si bien Marx, cela ne nous empêche pas aussi d’apprécier encore Mozart ou Giotto, preuve d’une certaine intemporalité de l’art, sensible à chaque époque.
Aucun commentaire jusqu'à présent.