Même avant le second tour des législatives, on peut être assuré qu’il y aura plus de médecins que d’ouvriers au Palais Bourbon. Sans vouloir établir des quotas, il serait cependant juste, dans une VIe République à venir, de revoir la représentation nationale afin qu’elle soit plus conforme à la France réelle.
Une dizaine de généralistes pourraient être élus députés
Sur la cinquantaine de généralistes qui se présentaient aux législatives, les deux tiers, candidats de petits partis, ont disparu des écrans radars et retrouvé leur cabinet. Parmi les autres, seul le socialiste Jean-Paul Bacquet a été élu dès dimanche soir. Sur les 15 confrères qui restent en lice pour le second tour, entre 8 et 10 semblent avoir des chances de siéger au Palais Bourbon. Résultats et commentaires…
Les résultats du premier tour des législatives de ce 10 juin 2012 sont tombés dimanche soir. Retenons que, parmi les 50 généralistes candidats, un seul a été élu dès le premier tour, 15 sont en ballotage et 34 éliminés. Comme on pouvait s’y attendre, c’est le docteur Jean-Paul Bacquet, candidat socialiste dans la 4ème circonscription du Puy Du Dôme (63), qui passe tranquilement avec 50,92% des suffrages : 5 points de mieux qu’en 2007 ! 15 de ses confrères sont pour leur part toujours en lice, en ballotage, dans des situations et avec des chances de succès très diverses pour dimanche prochain.
A commencer par les candidats de l’ex-majorité qui ont déjà été député. Pour quatre d’entre eux, le second tour n’est a priori pas gagné : ce sera difficile pour Claude Malhuret (UMP), candidat à la 3ème circonscription de l’Allier (03) pour récupérer son siège laissé en 1997 et qui est assez largement devancé par un socialiste (42,51%). Même constat dans le Finistère pour Jacques Le Guen (UMP), élu depuis 2002, et qui aura du mal à s’imposer cette fois dans la 5ème circonscription du département : avec 35,55% des voix, il est distancé de plus de six points par son adversaire socialiste et les décomptes des uns et des autres confirment que la circonscription a basculé à gauche. Candidat dans la 2nde circonscription des Pyrénées Orientales Fernand Siré est lui aussi dans une position plus que délicate, quoique en ballotage avec 27,70% des voix. Il est embarqué dans une triangulaire qui pourrait lui être fatale, car il n’a pas de réservoir de voix, face à un candidat socialiste qui le devance (32,14%) et un candidat FN qui le talonne (23,59%). Pour ce sexagénaire qui a succédé à Arlette Franco, la contreperformance est cinglante : près de 20 points le sépare du score de celle dont il était suppléant au premier tour des législatives de 2007… Vingt points qui s’expliquent par une poussée extrèmement forte du FN dans cette circonscription. La bataille sera plus ouverte en revanche pour Philippe Boënnec (UMP), candidat dans la 9ème circonscription de Loire Atlantique, qui fait 37% à quasi égalité avec son challenger socialiste: dans cette circonscription, comme dans bien d’autres, les quelques 9% du Front National les départageront.
Election en vue pour Morange (UMP) et le Guen PS)
Quant à Sauveur Gandolfi-Scheit (UMP), candidat à une réélection dans la 1ère circonscription de Haute Corse (2B), il perd près de 13 points par rapport aux précédentes législatives. L’affaire reste néanmoins jouable pour lui, puisqu’il est en tête du premier tour, quoique en position de triangulaire, avec 31,19% des voix face à un candidat régionaliste (24,71%) et à Jean Zuccharelli (radical de gauche) (23,55%). Pour trois des candidats sortants, le second tour s’annonce beaucoup moins risqué. Christian Hutin (DVG), candidat à la 13ème circonscription du Nord (59), se retrouve même en grand favori avec 47,87% des voix contre le FN qui n’a obtenu que 23,30%. Pour lui qui était élu de la 12ème circonscription plus favorable à la gauche, la greffe a parfaitement prise. Promendade de santé aussi pour Jean Marie Le Guen (SOC), candidat à la 9ème circonscription de Paris (75), lui aussi à son avantage avec 47,17% des voix à son actif contre 21,82% à l’UMP : l’adjoint à la santé du maire de Paris se paie même le luxe de faire beaucoup mieux que Hollande au 1er tour de la présidentielle dans ce 13 ème arrondissement de la Capitale. Parallèlement, Pierre Morange (UMP), candidat à la 6ème circonscription des Yvelines (78), n’a pas de gros soucis à se faire avec 45,23% des voix. Il sera opposé au 2nd tour à un candidat RDG qui n’a obtenu que 27,86%.
Les nouveaux vont devoir se battre pour s’imposer
Les situations sont plus contrastées pour certaines nouvelles figures qui n’étaient pas député. Parions sur les chances de François Simon (EELV) à Toulouse, qui avec 22,24% des voix est 13 points derrière le candidat UMP Jean-luc Moudenc, mais vient de bénéficier du désistement du candidat dissident socialiste (21,36%). Ce sera presque impossible en revanche pour Hervé Poher, dissident socialiste, arrivé troisième dans la 6ème circonscription du Pas-de-Calais et qui -quoique qualifié- pourrait jeter l’éponge au bénéfice de la candidate officielle du PS. Triangulaire compliqué aussi pour Ladislas Polski (DVG), mais un peu plus ouverte tout de même, puisqu’il arrive en deuxième position dans le Var avec 27,27% des voix, nettement derrière l’UMP (34,37%), mais devant le candidat FN (23,24%). Avec 23,56% des voix pour Philippe Calleja (UMP), candidat à la 2ème circonscription d’Ariège (09), c’est carrément mission impossible en revanche contre son adversaire socialiste qui a obtenu 44,53% au premier tour. La victoire reste envisageable par contre pour Eric Alauzet (EELV) quasiment ex-aequo (36,78%) à l’issue du premier tour dans la 2ème circonscription du Doubs et qui a des réserves de voix Front de Gauche. Même constat pour Claude Leonard (UMP) candidat dans la 2ème circonscription de la Meuse qui, outre un petit 25,91% peut compter sur les 14% de reports de voix d’un candidat divers droite éliminé. Dans la 2ème du Doubs, comme dans celle de la Meuse, ce seront d’ailleurs les électeurs du FN qui joueront en fait les arbitres.
Paul Bretagne (avec Ibtihel Belghith)