Misère

Lettre ouverte concernant les conditions d’hébergement inacceptables de la famille Krasznai et de nombreuses familles installées dans des campements à Strasbourg.

Les Enfants de Don Quichotte
Strasbourg-Quai Sturm

A l’attention de M. le Maire de Strasbourg

Roland Ries

Strasbourg, le 12 juin 2012

Objet : Conditions d’hébergement de la famille Krasznai et de nombreuses familles   installées dans des campements à Strasbourg.

Monsieur le Maire,

Par la présente, nous souhaitons attirer votre attention sur la situation d’hébergement particulièrement indigne vécue par de nombreuses familles installées en campement sur le territoire de la commune de Strasbourg et tout particulièrement sur les conditions d’hébergement de la famille Krasznai, rue de Rothau.


A l’heure actuelle, des dizaines de familles et de personnes isolées se retrouvent installées en caravanes sur des terrains vagues, dans des conditions d’hébergement inacceptables qui ne respectent pas la dignité des personnes.


Il est plus que temps de mettre fin à ces situations d’hébergement misérables induites par la faiblesse des dispositifs d’hébergement et de logement mis en place par les pouvoirs publics lors des précédentes périodes hivernales.


Des situations d’hébergement extrêmement précaires se sont développées et pérennisées à Strasbourg, comme par exemple sur le terrain que nous avions précédemment occupé « rue de l’Abbé Lemire » à la Montagne Verte, où vivent plusieurs familles. De tels campements se développent sur tout le territoire de la commune sans qu’il ne soit apporté par les pouvoirs publics de solutions concrètes et dignes pour ces personnes ; la fin du dispositif d’hébergement hivernal n’a fait qu’amplifier le phénomène.


En outre, nous souhaitons vous alerter sur la situation que rencontre actuellement la famille Krasznai, qui suite à la signature d’une convention d’occupation précaire avec la Ville de Strasbourg, va devoir payer chaque mois la somme de 300 euros au CCAS de la ville.


Cette famille de Roms Hongrois de Zamoly, est arrivée sur le territoire de la commune de Strasbourg en 2001, pour fuir les persécutions dont ses membres étaient l’objet dans leur pays. Beaucoup d’entre eux ont alors obtenu l’asile politique. A l’heure actuelle, une grande partie d’entre eux sont installés dans des caravanes, rue de Rothau, sur un terrain appartenant à la Ville de Strasbourg.


Notre association accompagne cette famille depuis juillet 2010, date de leur arrivée sur le Campement des « Enfants de Don Quichotte » situé rue de l’Abbé Lemire à la Montagne Verte.


Cette famille, composée d’une vingtaine de personnes avec des enfants, a pu accéder au dispositif d’hébergement mis en place par l’association Regain de novembre 2010 à juin 2011. Vous aviez d’ailleurs été leur rendre visite au moment des fêtes de Noël. Cette famille a par la suite été remise à la rue, suite à la fermeture de la structure, sans aucune solution d’hébergement. La Ville de Strasbourg a par la suite consenti à céder deux caravanes à l’association Regain qui les a mises à disposition de ces familles. Elles ne disposaient cependant d’aucun lieu pour les installer.


Devant cette situation, nous avons décidé de les installer sur un terrain rue de Rothau, que la Ville de Strasbourg a par la suite équipé d’un WC chimique et d’un branchement électrique.

Durant toute cette période, nous avons été en contact avec des élus et des fonctionnaires de la Ville pour permettre une installation de cette famille dans des conditions relativement convenables et pour relayer les attentes et trouver des solutions pour surmonter les difficultés rencontrées.

Cependant, depuis quelques mois, la situation n’a plus évolué. Les fonctionnaires et les élus de la Ville n’ont pas souhaité apporter d’amélioration dans les conditions de vie de ces personnes. Cette famille se retrouve à l’heure actuelle dans des conditions d’hébergement extrêmement difficiles : pas de douche, recherche d’eau potable dans les bornes incendies, présence de rats, pas de sol viabilisé et maintenant un loyer de 300 euros.


En effet, le 25 mai 2012, la Ville de Strasbourg a, sans nous en avertir et sans que l’on puisse en discuter aucune des conditions, fait signer à la famille Krasznai une convention d’occupation précaire qui prendra fin le 1er septembre 2012, par laquelle elle s’engage à verser la somme de 300 euros par mois au titre de la participation aux frais d’électricité.


Cette somme est bien entendu insupportable pour cette famille sans ressources.


De plus, pour obtenir cette signature les fonctionnaires de la Ville présents, ont mentionné que notre association, ainsi que l’avocat de la famille Krasznai, étaient en accord avec les conditions de ladite convention ce qui est complètement faux et mensonger.


Notre association est scandalisée par ces manières de faire inacceptables tant sur la forme que sur le fond.

Nous attendons de votre part que vous preniez toutes les dispositions nécessaires pour permettre à l’ensemble de ces personnes de disposer de conditions de logement et d’hébergement dignes en accord avec les valeurs de solidarité que la Ville de Strasbourg met régulièrement en avant.


Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de nos salutations les plus distinguées.

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