Communiqué

Le débat sur l’identité nationale : la position du CCRE

Quelles sont les questions que soulève le débat sur l’identité nationale au regard des missions du Conseil Consultatif des Résidents Etrangers de Strasbourg ?

Tout d’abord il n’est pas inutile de rappeler que les résidents étrangers représentent 15% de la population strasbourgeoise, soit 37000 habitants, dont 35% de résidents européens (dernier recensement).

Comment se fait, aujourd’hui comme hier, l’essentiel de la vie en société ? Elle se construit dans la relation de proximité, avec ses voisins, avec les parents des camarades de classe des enfants, avec collègues de travail ou d’études, dans les associations sportives et culturelles, les communautés religieuses, les organisations syndicales et politiques. Les lieux et les services publics jouent un rôle essentiel pour rapprocher le résident étranger des institutions publiques et privées. « Je suis résident, donc je suis » pour aller dans le même sens que Descartes. Un résident est citoyen sans distinction aucune, de race, de couleur, de sexe, de langue et d’opinion politique. C’est le principe même de « la citoyenneté de résidence » que le CCRE défend avec la plus grande ferveur.

Par cette rencontre et cet échange entre les résidents étrangers et les institutions se concrétiseront une meilleure compréhension des règles de fonctionnement et de vie de la société en France.

L’identité se construit avec l’évolution de l’histoire. Ce sont les femmes et les hommes, citoyennes et citoyens de la nation, qui en donnent les contours. De là, nait aussi l’émergence d’une nouvelle identité valorisant l’histoire commune pour certains, le partage des savoirs et de la culture pour d’autres, dans le respect des origines et des parcours de vie différents.

La confiance dans la diversité comme source de promotion sociale et d’ouverture à l’autre est une des composantes majeures de la société moderne. Il s’agit alors de dépasser la cohabitation pour aller vers la coopération. L’identité aujourd’hui ne peut être que multiple, plurielle, européenne reposant sur des valeurs universelles.

Le dialogue interculturel est un processus, une démarche, une construction commune. Il est fondamental pour la cohésion sociale. Opposer l’identité nationale à d’autres identités semble une démarche obsolète et périmée à l’heure où notre société est de plus en plus ouverte et où la mobilité des personnes et des projets est si intense.

Mais ces processus doivent être accompagnés par une gouvernance démocratique. La responsabilité à ce titre des pouvoirs locaux et régionaux est fondamentale. Si les résidents étrangers sont bien intégrés localement, ils seront plus aptes à partager les valeurs démocratiques, fondement de tous les Etats de droit. Malheureusement, le CCRE observe, avec stupéfaction, les déviations sur lesquelles ce débat est entrain de tourner, à savoir la stigmatisation de l’immigration et même d’une partie de la population française comme source de danger pour la cohésion sociale. Nous nous interrogeons sur la finalité d’un tel débat, initié par un ministère portant le nom de l’immigration loin de faire l’unanimité au sein de la société, qui risque de conduire au rejet d’une partie de la population, créant ainsi un mur entre citoyens, et contrastant avec les célébrations, en grande pompe, des 20 ans de la chute du mur de Berlin.

Enfin, en plus du fait d’appartenir à des origines et cultures différentes, nous avons tous ce sentiment d’être Strasbourgeois à part entière, et la France doit rester ce pays qui reconnaît à chacun le droit d’être différent au sein d’une seule et même République.

Bureau du Conseil Consultatif des Résidents Etrangers de Strasbourg

10 décembre 2009

Contact :

Tel : 03.88.60.99.35

cc.residents-etrangers@cus-strasbourg.net

www.vousaussi.org

Le CCRE en bref

Installé par le Maire de Strasbourg et le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, le 19 juin 2009, le Conseil Consultatif des Résidents Etrangers de la Ville de Strasbourg dans sa nouvelle version, réunit 40 habitants, résidents étrangers hors UE, tirés au sort, dans le Collège 1, 58 associations référées à l’immigration dans le collège 2 et 5 associations d’accès au droit et de solidarité (THEMIS, CASAS, CIMADE, CLAPEST et Parole sans frontière) dans le collège 3.

Dans le cadre de la démocratie locale à Strasbourg et avec les autres instances (Conseils de quartier, conseil des jeunes et assemblée des jeunes, les ateliers territoriaux de partenaires, les ateliers urbains), le CCRE veut associer le plus largement possible les résidents étrangers à l’élaboration des projets de la Ville et de mettre en œuvre une citoyenneté de résidence. Le CCRE est également sollicité pour donner son avis sur toutes les questions liées à la vie quotidienne : accès au droit, lutte contre les discriminations, culture, logement, éducation, mémoires…