UNE TOURNEE HISTORIQUE DU FREEDOM BUS

La première tournée du Freedom Bus vient de se terminer. Elle a rassemblé des Palestiniens et des Internationaux dans des localités de toute la Cisjordanie en Palestine occupée.

Au cours de cette tournée, ont été visitées quelques unes des zones les plus assiégées de Cisjordanie. Des comédiens et des musiciens palestiniens ont mis en scène des récits d’habitants de ces localités sur des problèmes tels que la démolition des maisons, les confiscations de terres, les incursions de l’armée, les arrestations arbitraires, la violence des colons, la pénurie d’eau, les conséquences du Mur et bien d’autres. Le théâtre interactif et l’animation musicale ont été complétés par des séminaires universitaires, des visites de villages, des concerts de hip hop, des représentations de marionnettes géantes et des manifestations.

Le Bus de la Liberté s’est d’abord arrêté à Faquaa où, bien que le nom du village signifie des bulles d’eau de source, les villageois sont en lutte pour l’accès à l’eau à cause de la barrière de séparation israélienne et des confiscations de terres. Des soldats israéliens ont regardé de loin la représentation avec des jumelles. Ils ont pris des phots et filmé la foule de l’autre côté des barbelés.

Le Bus a continué vers Nabi Saleh, un petit village entouré de colonies, où nous avons entendu plusieurs récits de femmes du village très actives dans la résistance non-violente. Un prisonnier récemment libéré s’est joint à la représentation. Tandis que les villageois se rassemblaient joyeusement autour de lui pour lui souhaiter la bienvenue de retour, il a fait part au public de son expérience de la détention dans une prison israélienne.

Dans le camp d’Aïda, proche de Bethlehem, les acteurs du Freedom Théâtre ont eu la chance de jouer dans un magnifique théâtre de plein air construit exprès pour l’occasion, à côté du Mur de séparation. Tandis que nous jouions à l’ombre du mur, l’éclairage du spectacle illuminait les graffiti de résistance. C’était un cadre vraiment étonnant. Un homme âgé a commencé à raconter son histoire par une blague : « Quand des gens viennent chez nous, en général ils choisissent de passer par la porte d’entrée. Mais pendant la deuxième Intifada, nos visiteurs (les Israéliens) passaient par les murs. » Il se référait à la pratique israélienne consistant à envoyer des bombes dans les murs des maisons pour se déplacer à l’intérieur du camp. Un groupe de soldats israéliens s’est ainsi introduit dans sa maison où ils sont restés dix sept jours jusqu’à ce que l’armée fasse exploser une bombe à travers les murs de cinq maisons voisines.

Une autre étape a conduit le tour à Ramallah où, dans le cadre improbable d’une salle de conférence d’entreprise, nous avons entendu des récits de Gazaouis qui ont vécu la guerre à Gaza de décembre 2008-janvier 2009. Le spectacle a été diffusé aux habitants de Gaza et lorsque les acteurs du Freedom Bus se sont présentés, ils ont dit qu’ils rêvaient de pouvoir jouer un jour à Gaza sans avoir besoin de fils et de câbles. Une femme du groupe de Gaza a résumé ce que beaucoup ressentaient en disant : « je suis heureuse de vous voir mais malheureuse à cause des frontières entre nous. »

A Al-Walajah, un village confronté à l’étranglement par le Mur de séparation, le Freedom Bus s’est joint aux habitants en une marche créative de protestation contre les attaques des maisons et des terres. Les villageois de Walaja possèdent la terre depuis des générations mais n’habitent qu’un côté de la vallée depuis qu’ils ont été chassés de leur village d’origine en 1948. Bientôt, ils vont aussi perdre la vallée et le Mur va tout bonnement emprisonner le village.

Le Freedom Bus s’es rendu à Hebron ou Al Khalil, une des plus grandes villes de Cisjordanie qui est aussi un centre de négoce traditionnel. Ces temps-ci, les marchés de Hebron sont néanmoins silencieux. Les boutiques sont fermées et les Palestiniens sont constamment menacés d’attaques de la part des colons très extrémistes qui se sont installés dans les étages supérieurs des maisons palestiniennes. Nombre de maisons de la vieille ville ont été évacuées. « Bienvenue dans la ville fantôme » nous a dit un petit garçon.

Des colonies construites en haut d’une colline près de Jérusalem ont vue sur une vallée déserte dans laquelle nous avons trouvé le tout petit village de Khan al-Ahmar, un campement bédouin de cabanes délabrées faites d’assemblages à la main de bidons, de plastique et de bois. Le Freedom Bus avait délibérément choisi de se rendre à Khan al-Ahmar afin de mettre en lumière les conditions de vie souvent oubliées des Palestiniens bédouins d’Israël-Palestine. Ces gens sont empêchés de vivre selon leur mode de vie traditionnel et leurs maisons sont constamment menacées. Un vieux Bédouin a cependant dépeint les Bédouins comme « des gens ardents et résilients » qui résisteront aussi longtemps qu’ils le pourront. Ainsi qu’un jeune Bédouin l’a dit : « le chanteur peut mourir mais le chant vivra ».

Il est difficile de juger de l’expérience de cette Tournée de la Liberté. En bref, les participants internationaux sont repartis de Palestine occupée avec des souvenirs pour la vie. L’impression sans doute la plus forte a été celle de la fermeté et de la créativité des gens qui vivent sous occupation. Les récits, animés par les acteurs du Freedom Bus, ont été un remarquable témoignage d’une lutte collective menée pour vivre dignement face à l’oppression.

Cette historique Tournée de la Liberté n’aurait pas été possible sans votre soutien. Comme nous nous tournons vers un avenir dans lequel nous espérons de nombreuses autres tournées, nous vous invitons à vous joindre à notre voyage permanent.

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Traduction ATL Jénine