BUCAREST (ROM), 24 oct 2012 (AFP)
Des centaines d’associations s’occupant de l’intégration des Roms, des handicapés et des personnes vulnérables en Roumanie sont au bord de la faillite après l’interruption du versement de fonds européens en raison de manquements des autorités roumaines.
Des centaines de personnes concernées ont protesté dans plusieurs villes mercredi.
L’association “Impreuna” (Ensemble) qui travaille depuis 13 ans pour le développement des communautés roms attend ainsi depuis plus d’un an le remboursement des dépenses qu’elle a engagées pour cinq projets de formation professionnelle.
Ce délai est habituellement de 45 jours.
“C’est la première fois que l’existence même de l’association se trouve en péril. Dans deux mois, si la situation ne change pas, nous devrons mettre la clé sous la porte”, a expliqué à l’AFP Gelu Duminica, président d’Impreuna.
L’association a déjà dû se séparer de la moitié de ses employés faute de pouvoir les rémunérer.
Cette situation n’est pas rare dans le milieu associatif roumain.
Or, dans un pays où l’Etat est souvent accusé de passivité et d’inefficacité, les ONG jouent un rôle crucial dans le développement de la société, soulignent diplomates et experts.
“Nous ne pouvons plus continuer ces projets financés par l’UE car nous n’avons plus d’argent mais nous ne pouvons pas non plus les arrêter car en obtenant ces fonds nous nous sommes engagés auprès de Bruxelles à les finaliser sous peine de devoir tout rembourser”, explique à l’AFP Amedeea Enache, directrice de la fondation Estuar, spécialisée dans l’intégration des personnes souffrant de déficience intellectuelle sur le marché du travail.
La Commission européenne a mis à disposition de Bucarest 20 milliards d’euros entre 2007 et 2013 pour aider comble son retard par rapport aux autres Etats membres.
Et 3,5 milliards d’euros sont attribués aux programmes de développement des ressources humaines (POSDRU).
Ces fonds sont versés par l’intermédiaire du gouvernement roumain mandaté par Bruxelles à la fois pour approuver les demandes de financement mais aussi pour gérer les remboursements qui sont effectués tout au long de la mise en place des projets.
Mais un rapport d’audit de la Commission a mis au jour des problèmes dans l’évaluation et l’éligibilité des projets. Bruxelles a interrompu les versements en mai.
“Le gouvernement roumain a la responsabilité de faire en sorte que l’activité de ces projets ne soit pas affectée”, a indiqué à l’AFP la Commission. En clair, Bucarest doit assurer les remboursements.
Mais le gouvernement invoque l’absence de ressources. Après une forte pression des ONG, 110 millions d’euros ont été débloqués fin septembre pour régler environ 1.500 demandes de financement.
Entre temps, le ministère du Travail chargé du POSDRU assure avoir pris une “série de mesures essentielles et urgentes” pour remédier aux lacunes relevées par Bruxelles.
La Roumanie risque de perdre 100 millions d’euros en cas de suspension des versements jusqu’à la fin de l’année et 1,1 milliard d’euros si elle se poursuit en 2013.
Le Premier ministre, Victor Ponta, a admis mercredi que la Roumanie subirait des conséquences financières à la suite de ces manquements.
Des experts européens viendront juger les progrès des autorités roumaines et décider d’une éventuelle reprise des remboursements.
“Ces fonds européens représentaient une chance inouïe pour le développement de la société civile roumaine mais l’incapacité institutionnelle de notre Etat les a transformés en un véritable calvaire”, explique Flavia Preda, responsable d’une coalition d’ONG au Centre de ressources pour la participation publique.
“C’est malheureux mais l’argent européen n’est plus du tout attractif aujourd’hui et les associations font tout pour trouver d’autres sources de financement moins risquées”, conclut M. Duminica.
Note F2C
D’ici que le Qatar débarque…
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