dernière minute 0h12

Salam

un appel de participant à la marche il y a quelques minutes nous informe que les forces de l’ordre égyptiennes encerclent les manifestants français réunis devant l’ambassade de France pour protester contre l’interdiction de la marche.
Les autorités egyptiennes ont fait annuler les cars qui devaient transporter les marcheurs jusqu’à Rafah.
Les marcheurs français campent donc devant leur ambassade entourés par la police locale…
Merci d’inonder les répondeurs et boites mails de l’ambassade d’égypte à paris!!!!!

tel: 01 53 67 88 30
mail: questions@ambafrance-eg.org

Des Alsacien(ne)s aussi dans la marche pour Gaza

http://canardpalestine.20minutes-blogs.fr/

Noël 2009 en Palestine

http://noel2009palestine.blogspot.com/

Lettre ouverte de la Marche de la liberté pour Gaza au président Moubarak

26 décembre 2009

Cher Président Moubark,

Nous, représentants de 1362 personnes de 43 pays différents arrivées au Caire pour participer à la Mache de la Liberté pour Gaza en appelons à la réputation d’hospitalité, la vôtre et celle du peuple égyptien.
Nous venons pour la batir la paix. Nous ne sommes pas venus en Egypte pour y créer des troubles ou causer des conflits. Au contraire. Nous sommes là parce que nous croyons que tous les peuples – y compris les Palestiniens de Gaza – doivent pouvoir bénéficier de ce dont ils ont besoin pour une vie digne. Nous nous sommes rassemblés en Egypte parce que nous croyons que vous allez nous recevoir et soutenir notre noble objetif, et nous aider à atteindre Gaza en passant par votre pays.
Nous sommes des personnes qui croyons dans la justice et les droits de l’homme. Nous avons dépensé des ressources durement gagnées, parfois chiches, pour acheter nos billets, retenir des chambres d’hôtel, et des moyens de transports sûrs dans le seul but de montrer notre solidarité avec les Palestiniens de Gaza qui vivent sous l’écrasant blocus israélien.
Nous sommes médecins, hommes et femmes de loi, étudiants, universitaires, poëtes, musiciens. Nous sommes des jeunes et des anciens. Nous sommes musulmans, chrétiens, juifs, boudhistes et athées. Nous représentons des groupes issus de la société civile de nombreux pays qui se sont coordonnés pour ce grand projet avec la société civile de Gaza.
Nous avons collecté des dizaines de milliers de dollars pour l’aide médicale, les fournitures scolaires et les vêtements d’hiver pour les enfant de Gaza. Mais nous réalisons qu’en plus de l’aide matérielle, les Palestiniens de Gaza ont besoin d’un soutien moral. Nous sommes venus leur offrir ce soutien en ces jours difficiles de l’anniversaire de l’invasion qui leur a apporté tant de souffrances.
L’idée d’une Marche de la Liberté pour Gaza – une marche non violente jusqu’au passage israélien d’Erez – est née durant un de nos voyages à Gaza en Mai, un voyage qui fut amicalement facilité par le gouvernement égyptien. Depuis que cette idée est née, nous avons échangé avec votre gouvernement grace à vos ambassades et en direct avec votre ministre des affaires étrangères. Vos représentants ont été des soutiens amicaux. Ils nous ont demandé de leur donner des informations sur les passeports de tous les participants, leurs dates de naissance,leurs professions- ce que nous avons fait en toute bonne foi. Nous avons répondu à chaque demande. Depuis des mois, nous travaillons en pensant que votre gouvernement faciliterait notre passage, comme il l’a si souvent fait. Nous attendions et attendions encore une réponse.
Cependant le temps passait et nous avons du commencer à nous organiser. Voyager à Noel n’est pas facile dans les pays où beaucoup d’entre nous habitent. Il faut retenir les billets des semaines, sinon des mois, à l’avance. 1362 personnes l’ont fait.Ils y ont mis leur argent ou en ont eu de leurs communautés pour payer leurs voyages. Ajoutons à celà un temps sans prix, les efforts et les sacrifices de tous ces gens qui s’éloignent de leurs foyers et de leurs aimés pendant leur saison de fêtes.
A Gaza, des groupes de la société civile – des étudiants, des syndicats, des femmes, des paysans, des groupes de réfugiés – ont travaillé sans s’arrêter depuis des mois pour organiser la marche. Ils ont organisé des ateliers, des concerts, des conférences de presse,des réunions sans fin – tout cela avec des moyens réduits. Ils ont été galvanisés par l’anticipation de la présence de tous ces citoyens venus du monde entier pour soutenir leur juste cause.
Si le gouvernement égyptien décide d’interdire la Marche de Gaza pour la liberté, tout ce travail et ces fonds seront perdus.
Et ce n’est pas tout. Il est pratiquement impossible, à ce point d’avancée, d’arrêter le flot de ces gens vers l’Egypte, même si nous le voulions. De plus, la plupart n’a aucun autre but en Egypte que d’arriver à un point de rassemblement prévu à la frontière de Gaza. Si cette initiative est annulée, cela occasionnera beaucoup de peine injustifiée aux Palestiniens de Gaza et pour un millier d’internationaux qui n’ont en tête que de nobles intentions.
Nous vous demandons de laisser la Marche de la Liberté pour Gaza continuer jusqu’à ce qu’elle puisse joindre les Palestiniens de Gaza pour marcher ensemble le 31 décembre 2009.
Nous espérons vraiment que nous allons recevoir une réponse positive de votre part, et nous vous remercions de votre assistance.

Tighe Barry, Gaza Freedom March coordinator
Medea Benjamin, CODEPINK, USA
Olivia Zemor, Euro-Palestine, France
David Torres, ECCP, Belgium
Germano Monti, Forum Palestine, Italy
Ziyaad Lunat, Gaza Freedom March, Europe
Ehab Lotayef, Gaza Freedom March, Canada
Alessandra Mecozzi, Action for Peace-Italy
Ann Wright, Gaza Freedom March coordinator
Kawthar Guediri, Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestinens et Israeliens, France
Mark Johnson, Fellowship of Reconciliation
Thomas Sommer, Focus on The Global South, India

Analyse 26 (2009)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 27 décembre 2009

cpjmo@yahoo.fr

Analyse publiée sur http://geopolitiquedumoyen-orient.blogspot.com

Les deux défis de l’opposition iranienne

C’est un fait que le mouvement d’opposition iranienne attire la sympathie des peuples d’Occident. Dans la presse occidentale, les superlatifs n’ont pas manqué pour parler du courage des manifestants, bravant mains nues la violence policière.

Le «mouvement vert» en Iran serait-il de même nature que celle des révolutions de couleurs serbe, ukrainienne et géorgienne, activement soutenues et encouragées par les services et les ONG occidentaux?

Certains anticolonialistes, ignorant l’histoire moderne iranienne, n’hésitent pas à qualifier le «mouvement vert» de cheval de Troie du colonialisme occidental en Iran. Un tel jugement, s’il ne résulte pas du manque de connaissance de l’histoire moderne iranienne, résulte souvent plus d’un raisonnement simpliste que de la mauvaise intention. D’autant plus que le pouvoir iranien, acculé et en perte d’audience, traite les meilleurs fils de la révolution islamique, ceux-là même qui ont occupé, ou qui occupent encore, d’importants postes à responsabilité, de «traitres» ou d’«agents de l’impérialisme».

Pour comprendre l’essence même du «mouvement vert», il est nécessaire de revoir les pages récentes de l’histoire de l’Iran et de se demander pourquoi le pouvoir iranien n’arrive toujours pas à venir à bout du «mouvement vert» ou de ses dirigeants?

L’actuel mouvement d’opposition est la prolongation d’un vieux mouvement démocratique et populaire. Celui-ci prend racine dans le mouvement qui a abouti à la victoire de la révolution constitutionnelle de 1906. La répression accrue de l’opposition iranienne ne peut que retarder le but final des manifestants : l’avènement de la République d’Iran, vieux rêve de plus de cent ans!

Historiquement parlé, après la dynastie des Pahlavi, soutenue par les colonialistes anglo-américains, le pouvoir actuel en Iran représente le dernier obstacle face à la République d’Iran, démocratique et respectueuse des libertés fondamentales. Faut-il rappeler que, sur le plan scientifique, économique et social, l’Iran s’est notablement modernisé. Le mouvement n’est plus seulement estudiantin, il est devenu populaire, avec la participation massive d’hommes et surtout de femmes instruits, motivés et épris et libertés.

Le «mouvement vert» iranien présente des similitudes avec les mouvements de contestation soviétique et chinois, qui ont ébranlé la dictature du parti unique. En effet, après l’unité nécessaire à la victoire des révolutionnaires sur les ennemis intérieurs et extérieurs, arrive le temps de la gestion du pays. Or, une fraction d’anciens révolutionnaires s’empare peu à peu des rouages du pouvoir économique et militaire, s’octroie des avantages en tout genre et se transforme en une nouvelle oligarchie. C’est le cas en Iran où le «guide de la révolution» est à la tête de diverses fondations qui se sont approprié une grande partie des entreprises, des terres, et d’autres biens privés confisqués. Selon certaines estimations, ces structures monopolistiques contrôleraient jusqu’à 40% du PIB (produit intérieur brut)(1). Les Pasdarans, l’armée idéologique du pouvoir, gère également, à travers ses sociétés, des pans entiers de l’économie du pays : BTP, pétrole et gaz, télécom, etc.

Une autre particularité du pouvoir autoritaire qui s’est mis en place après la victoire de la révolution- soviétique, chinoise, iranienne- c’est le non respect, par le pouvoir, des libertés démocratiques et de la séparation des pouvoirs, inscrits dans la Constitution.

Afin de réprimer l’opposition qui réclame le respect de la Constitution, le pouvoir autoritaire l’accuse de collusion avec l’«ennemi impérialiste». Les «procès de Téhéran» ressemblent étrangement aux «procès de Moscou» où l’accusé, sans aucun droit, ni avocat digne de ce nom, «avoue» ses «crimes». Certains dignitaires religieux ont lancé des «fatwas» déclarant illégitimes les aveux télévisés, arrachés sous la torture.

Les opposants soviétiques et chinois, durement réprimés, n’ont pas atteint leur but: créer une société démocratique. L’Union soviétique a payé cher l’aveuglement de ses dirigeants : la perte du soutien populaire, la putréfaction du système puis son effondrement. Qu’en sera-t-il de la Chine? De l’Iran?

Issus de la nomenklatura religieuse, les dirigeants de l’opposition iranienne sont assez intelligents pour s’appuyer sur le mouvement démocratique, profond et puissant. Contrairement aux révolutionnaires soviétiques ou chinois contestataires qui furent évincés, voire fusillés par le pouvoir entre les mains du parti unique, le pouvoir iranien est très divisé entre «fondamentalistes», «fondamentalistes modérés», «fraction de la ligne de l’imam», etc.

L’actuel mouvement d’opposition a toutes les chances de résister longtemps aux assauts du pouvoir iranien. Son objectif à court terme sera de pousser à la création d’une société démocratique, où les libertés fondamentales, inscrites dans la Constitution, seront respectées. C’est un mouvement qui peut être long et rien n’indique qu’il y parviendra pacifiquement. Par contre, le cycle répression-résistance pourrait conduire à la transformation radicale du mouvement actuel, balayant le pouvoir et les dirigeants actuels de l’opposition, qui ne cessent de mettre en garde contre la montée de la radicalisation.

Le deuxième défi du mouvement d’opposition consiste à veiller à la souveraineté politique de l’Iran. En effet, les liens trop étroits du pouvoir iranien avec les Russes, ont de quoi inquiéter. Au cours de l’histoire, les Russes se sont montrés aussi agressifs avec l’Iran que les anglo-américains. La Révolution constitutionnelle de 1906 a dû combattre le soutien russe du dernier roi Qadjar. Pour achever la centrale atomique de Buchehr, les Russes trainent les pieds et ne livrent pas les batteries antimissiles S 300 à l’Iran. Pour les Russes, face à l’Occident, l’Iran est une carte à jouer. Ce que conteste le mouvement d’opposition qui réclame plus de fermeté face au jeu russe.

Question: l’opposition poursuivra-t-elle une politique conciliante avec l’Occident au Liban et en Palestine? C’est oublier que la politique moyen-orientale de l’Iran est dictée par des considérations géopolitiques. Encerclé par une centaine de bases militaires américaines au Moyen-Orient et en Asie centrale et constamment menacé de bombardement ou d’invasion par des forces colonialistes occidentales, l’Iran ne peut se défendre qu’en formant une vaste coalition régionale, englobant des résistances anticolonialistes afghane, irakienne, libanaise et palestinienne. Les missiles iraniens du Hezbollah libanais braqués sur Israël immobilisent une grande partie des forces sionistes qui n’osent pas s’attaquer à l’Iran. La politique moyen-orientale de l’Iran est celle de toute la classe politique, y compris celle des dirigeants de l’opposition qui ont occupé d’importants postes à responsabilité au sein de l’Etat.

Un exemple de la lucidité de l’opposition: elle s’est opposée- avec raison- à la décision d’Ahmadinejad de livrer à l’Occident de l’uranium enrichi, carte maitresse dans les négociations en cours avec l’Occident.

Pour rester souverain, l’Etat iranien, qu’il soit dirigé par des laïcs, des religieux ou d’autres composantes de la société, n’a d’autre choix que de suivre les grandes linges de l’actuelle politique étrangère.

(1) P. Escobar, «the Roving Eye», Asia Times on Line, 5 juin 2002. http://www.atimes.com (cité par Azadeh Kian-Thiébaut, dans son livre «la République islamique d’Iran»- Editions Michalon)