Campagne “Ecrire à Messieurs Hollande et Valls” (RESF)
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lettre de Colette
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre,
Je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps…
Je voudrais vous dire ma déception et mon espoir,
Ma déception que la politique que vous menez en matière d’immigration continue à briser des familles, à briser des vies, à nier l’espoir.
Hommes, femmes et enfants ne sont pas des statistiques à additionner dans la colonne “expulsions”, mais des êtres de chair et d’os qui ont derrière eux des vies malmenées et aspirent à une vie ouverte et sereine, à partager avec nous.
Mon espoir, encore ténu, que vous sachiez admettre que vous faites fausse route et que vous reveniez à une politique humaniste de la France comme terre d’accueil, fidèle à sa tradition de pays des Droits de l’Homme.
“Le changement maintenant”, disiez-vous ? Oui, maintenant, vite, avant que la déception ne tue l’espoir …
Respectueusement vôtre,
Colette Jamet-Roussillat
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A : M. Valls, ministre de l’intérieur
Monsieur le ministre,
J’ai fui l’Azerbaïdjan quand j’avais 12 ans. J’ai perdu ma famille. En Ukraine, j’ai reçu une obligation de quitter le territoire. En Russie, où mes deux enfants sont nés, j’ai reçu une obligation de quitter le territoire. En France, j’ai reçu une obligation de quitter le territoire.
Depuis que je suis en France, je peux conduire mes enfants à l’école (9 ans et 7 ans). Je peux apprendre la langue du pays. Je peux travailler comme bénévole pour aider les gens à la Croix- Rouge. Je peux préparer un examen pour obtenir un diplôme de Français (DELFA1). Mes enfants peuvent participer à toutes les activités de l’école et à toutes les sorties scolaires. Depuis que mes enfants sont à l’école, je participe beaucoup à la vie scolaire en tant que parent d’élève. Ma fille a pu s’inscrire au Conservatoire de Lyon pour suivre un cursus danse. Mes deux enfants ont pu avoir des parrains et marraines républicains pour les soutenir. Je peux être entourée pour mes démarches administratives.
Mais nous vous coûtons plus cher que si nous avions des papiers et le droit de travailler. Quand j’aurai ces papiers et ce droit, je ne serai pas un poids. Je paierai des impôts.
Je suis d’origine kurde. Cette origine n’est pas un lieu. Monsieur le préfet nous a présentés à l’ambassade d’Azerbaïdjan, qui ne nous a pas délivré de laisser-passer. Aucun pays n’accepte de nous accueillir : ni l’Azerbaïdjan, ni l’Ukraine, ni la Russie, où nous avons séjourné, ni les nombreux pays dont nous avons contacté les ambassades. La France veut nous obliger à quitter le territoire mais nous ne pouvons pas le faire. Pouvez-vous nous dire où aller, ou, plus simple, nous donner des papiers ?
Mes enfants ont des amis ici. Toute la famille est bien entourée par des amis, des personnes qui nous soutiennent, des médecins, des associations. Je connais très bien la ville de Lyon. Le CICR n’a jamais retrouvé ma famille. Nous ne retrouverons jamais un tel entourage ailleurs.
Je me sens proche de la France. J’y suis presque. J’y serai complètement quand j’aurai des papiers, et personne ne le regrettera.
Cordialement,
Nane Mamoï
P.S. Ce que je fais ici je ne peux pas le faire ailleurs, et de toute façon, je ne peux pas aller ailleurs, ça tombe bien finalement.
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