El Watan
Dans un communiqué publié hier par la presse égyptienne, le Conseil de recherche islamique d’Al Azhar, à l’issue d’une réunion présidée par l’imam Mohamed Sayed Tantaoui, nommé par le président Hosni Moubarak, a qualifié de « légitime le droit de l’Egypte de construire une barrière qui empêche les nuisances venant des tunnels construits sous Rafah », la ville frontalière entre l’Egypte et la bande de Ghaza.
Selon l’imam, « ces tunnels sont utilisés pour la contrebande, la drogue et autres marchandises qui menacent la stabilité de l’Egypte ». L’Egypte avait annoncé la construction d’une barrière allant jusqu’à 30 m de profondeur pour couper les vivres à près d’un million et demi de Palestiniens vivant dans la bande de Ghaza, soumis à un blocus imposé par Israël, depuis l’arrivée au pouvoir de Hamas et qui utilisent les tunnels de Rafah comme seul moyen de survie et de communication avec le monde. Dans sa guerre criminelle contre Ghaza, l’Etat hébreu avait accusé « les contrebandiers » d’utiliser aussi ces galeries pour acheminer des armes et s’est entendu avec le régime de Moubarak pour y faire face. Al Azhar va dans le même sens qu’Israël, déclarant que « ceux qui s’opposent à la construction de cette barrière violent les commandements de la loi islamique ».
Une telle déclaration est très grave parce qu’elle va donner raison aux extrémistes religieux qui justifient le recours au terrorisme par une interprétation éhontée des préceptes de l’Islam. En fait, la réaction d’Al Azhar reflète celle du régime de Moubarak, qui porte une grande responsabilité dans les souffrances qu’endurent le peuple palestinien et particulièrement la population de Ghaza, en décidant de fermer la frontière, au moment où l’aviation israélienne larguait ses bombes sur les civils. Jeudi dernier, quelque 200 militants d’ONG internationales, venus participer à « une marche de liberté pour Ghaza », ont été violemment dispersés par la police égyptienne au Caire. Des échauffourées ont éclaté entre les militants et les policiers au moment où ces derniers tentaient d’évacuer la rue.
Les images transmises par les chaînes de télévision, notamment Al Jazeera, montrent des scènes violentes : des policiers s’acharnaient sur les militants, surtout des femmes qui recevaient des coups de pied avant d’être traînées par terre et poussées dans des enclos. Selon le communiqué des organisateurs, « des membres de “la marche de liberté pour Ghaza”, ont été retenus de force dans des hôtels autour du Caire ou contraints par la violence à pénétrer dans des sortes d’enclos érigés à l’aide de barricades place Tahrir, dans le centre de la capitale, par la police égyptienne et d’autres forces de sécurité ». Le même communiqué fait état de blessés ensanglantés et aux côtes cassées alors que des témoins repris par l’AFP ont déclaré que des policiers avaient frappé plusieurs manifestants à coups de poing.
Ce rassemblement pacifique a été organisé pour protester contre le refus du régime égyptien de laisser passer les 1300 participants à « la marche de liberté » dans la bande de Ghaza à l’occasion du premier anniversaire de la guerre israélienne contre Ghaza. « Nous sommes enfermés dans notre hôtel. Il y a un cordon de police et six cars de policiers antiémeute dehors et on nous a dit qu’on ne pouvait pas partir », a révélé à l’AFP un des organisateurs venu du Portugal, Ziyaad Lunat. Mercredi dernier, seuls 86, sur les 1300 militants, ont pu être autorisés à se rendre à Ghaza, après que l’épouse de Moubarak ait intervenu pour eux. Même les cérémonies de recueillement à la mémoire des victimes du sionisme sont interdites par le régime égyptien. Israël ne peut pas trouver meilleur que Hosni Moubarak pour terminer le sale boulot qu’il a commencé il y a une année.
Par Salima Tlemçani
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