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L’islamophobie en 2012 : les faits marquants

Poursuivant la tendance notée depuis 2008, la progression des actes islamophobes s’accentue de manière très inquiétante en 2012. Sur l’année 2012, le CCIF a recensé 414 actes islamophobes envers des institutions ou individus, contre 298 en 2011 et 188 en 2010, soit une augmentation de 38%. On répertorie 364 actes visant les individus pour l’année 2012 (contre 262 en 2011), soit 102 actes de plus : chaque jour en France, un individu est victime d’islamophobie.

La tendance observée sur les années précédentes n’est pas inversée : les femmes restent les principales victimes d’actes islamophobes. Elles représentent 87,3% des cas visant des individus.

Après les agressions verbales (menaces, insultes, harcèlement, différentes formes de rejet), le passage à l’acte se libère de manière assez grave. Les agressions ont plus que doublé, avec une progression de 134.6%, soit 122 actes contre 52 l’an passé. La violence s’est exacerbée car nous notons plusieurs menaces avec armes à feu ainsi qu’une tentative d’homicide à Vaulx-en-Velin (69) sur un homme.

La cible principale : encore une fois les femmes voilées, qui comptent pour 76% des cas d’agression physique ou verbale.

L’État est encore une fois impliqué dans une large proportion des actes islamophobes, avec un fonctionnaire mis en cause dans 39% des cas recensés.

Plus perturbant encore, la situation à l’école : plus d’un acte sur deux dans le service public est le fait d’un agent de l’Éducation Nationale.

Nous observons une mutation de l’islamophobie, qui après avoir été longtemps et majoritairement l’œuvre des services publics, s’étend désormais au monde du travail, dans le secteur privé, sous forme d’atteintes interpersonnelles ou d’agressions : nous sommes passé d’une islamophobie politique à une islamophobie culturelle, relayée médiatiquement et politiquement. Cette évolution est corrélée à un certain nombre de prises de position du HCI contre les libertés individuelles et de débats politiques stigmatisant les musulmans.

En milieu professionnel, la situation s’aggrave. L’islamophobie au travail passe de 3,59% des actes recensés en 2010 à 10,47% en 2012.

Marginaliser les femmes qui portent le voile : un phénomène qui s’amplifie puisque 16.8% des actes visant à exclure les femmes voilées se déroulent au sein d’entreprises de services : certaines auto-écoles, salles de sport, cabinet médicaux, restaurants et centres de formation professionnelle interdisent l’accès aux femmes voilées. Le passage à l’acte islamophobe se fait de manière décomplexée.

Les institutions toujours plus visées : nous notons 50 actes perpétrés, soit prés d’un par semaine (forte croissance de 38%). La tendance notée en 2011 quant à l’évolution dans le choix des cibles des attaques se confirme en 2012. Si 21 mosquées ont été visées, les attaques touchent désormais aussi les associations, centres culturels ou boucheries halal.

Fait nouveau, on ne s’attaque plus seulement aux lieux de cultes de l’islam (mosquées et cimetières) mais de plus en plus aux commerces (boucheries halal et restaurants) et aux résidences de familles musulmanes (deux maisons ont été recouvertes de tags et de croix celtiques entre autres).

Quelques actes significatifs de l’islamophobie en France en 2012

-Amiens (80), le 5 mai, deux hommes âgés de 70 et 71 ans ont été sauvagement agressés alors qu’ils se dirigeaient vers la mosquée.

-Aigues-Mortes (34), le 4 août, un homme et sa compagne ont tiré à plusieurs reprises sur un groupe de jeunes qui fêtaient la rupture du jeune du Ramadan, puis sur une voiture dans laquelle se trouvaient une femme et sa fille de 9 ans.

-Annecy (74), le 26 octobre, un homme armé d’un fusil à pompe est venu menacer les fidèles qui sortaient d’un local où ils s’étaient rassemblés pour fêter l’Aïd al-Adha , en leur criant des injures racistes.

-Marseille (13), le 28 octobre, une jeune fille de 17 ans a été hospitalisée après avoir été frappée à coups de bâtons par un homme dans la rue au prétexte qu’elle portait le niqab. Ce n’est pas la première agression de ce genre : depuis l’instauration de la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public, nombreux sont ceux qui, comme cet homme, estiment que c’est à eux de la faire respecter, par la violence…

– Une famille musulmane a retrouvé une tête de sanglier dans la poussette de leur enfant.

– Une famille musulmane découvre une croix celtique et le message « La France aux français» sur les murs de leur maison.

-Une femme voilée a été insultée et agressée au couteau par des jeunes devant son domicile.

-Une femme âgée de plus de 60 ans portant un voile a été agressée par un homme qui l’a insultée avant de lui porter un coup de poing au ventre.

-Une femme enceinte portant un jilbab (long voile) a été agressée par un homme qui lui a donné un coup de poing dans le visage et lui a arraché son voile.

-Une femme en niqab à Nantes a été violemment agressée par un homme qui lui a totalement retiré son voile et a provoqué une ITT de 3 jours selon le médecin légiste.

-Deux femmes dont une voilée s’installent dans un restaurant à Marseille. Le responsable indique que le restaurant n’accepte pas le voile et ajoute, face à sa surprise, qu’il accepte pas non plus la kippa.

Les chiffres figurant dans notre rapport ne sont que la partie émergée de l’iceberg, bien en-deçà de la réalité islamophobe à laquelle nous sommes confrontés depuis plusieurs années. En effet, certaines victimes préfèrent se taire, se méfient des agents de la force publique, qui refusent parfois de recueillir leur dépôt de plainte, les autorités minimisant trop souvent la charge islamophobe. Ces violences qui s’accentuent d’année en année menacent de plus en plus l’équilibre de notre pays et la cohésion sociale.

Le Collectif contre l’islamophobie en France