Manifestation européenne des ArcelorMittal à Strasbourg : ‘Flash-ball…? : usage non règlementaire?’

Un métallurgiste belge a été grièvement blessé à un œil mercredi au cours des affrontements qui ont émaillé la manifestation des ArcelorMittal à Strasbourg ( DNA d’hier). Le ministère de l’Intérieur a diligenté une enquête.

Un intérimaire belge d’ArcelorMittal, blessé lors d’une manifestation des métallurgistes mercredi à Strasbourg, a perdu l’usage de son œil après avoir été touché par un tir de Flash-Ball, ont indiqué hier plusieurs sources syndicales.

John David, 25 ans, travaille en intérim sur le site de Flémalle, dans l’agglomération de Bruxelles. Il était venu mercredi à Strasbourg pour la manifestation des « métallos » venus de Liège (Belgique), de Florange (Moselle) et du Luxembourg.

« On a appris ce matin [hier, NDLR] qu’il avait perdu définitivement l’usage de son œil », indique un syndicaliste wallon du syndicat belge FGTB, Jean-Michel Hutsebaut.

« Les récits affluent pour dire que les forces de police tiraient avec des balles en caoutchouc à hauteur d’homme, à hauteur de la tête », a-t-il ajouté, dénonçant « un pas inacceptable qui a été franchi ».
La victime toujours hospitalisée

L’accident a eu lieu lors d’un face-à-face tendu avec les forces de l’ordre, qui empêchaient les manifestants d’approcher du Parlement européen.

Le jeune homme, dont le visage était en sang, avait été évacué par deux collègues avant l’arrivée des pompiers. « Il est toujours à l’hôpital civil de Strasbourg, où il devrait rester encore 5 à 6 jours en soins », a précisé Fabrice Jacquemart, porte-parole de la FGTB Métal.

Douze gendarmes et policiers ont été blessés par des projectiles, selon la préfecture, lors de cette manifestation qui « n’avait pas été déclarée » ( DNA d’hier). Craignant des débordements, les autorités avaient décidé la « fouille systématique et préventive des autocars en provenance de Liège », ce qui avait déclenché la colère des manifestants.

Hier, la préfecture du Bas-Rhin se refusait à tout commentaire, indiquant simplement que le ministère de l’Intérieur avait « diligenté une enquête auprès des directions générales de la police et de la gendarmerie ».

Lutte Ouvrière a réagi en dénonçant « un gouvernement aux ordres de Mittal », estimant que « la police, c’est contre le patronat licencieur qu’il faut l’envoyer. Car les vrais casseurs, ce sont Mittal, Peugeot et les autres qui cassent les usines pour sauver leurs profits. Cela juge le gouvernement « socialiste » qui montre dans quel camp il est, celui du grand patronat. »
Un casseur présumé en comparution immédiate

Par ailleurs, l’interpellation de deux métallurgistes belges au cours de la manifestation a abouti à une convocation en justice pour le mois prochain, avec la remise en liberté, dans la soirée de mercredi, des deux manifestants.

Quant aux deux jeunes Français qui auraient profité de la manifestation pour se livrer à des dégradations et à des violences, ils étaient toujours en garde à vue hier soir dans les locaux de l’hôtel de police de Strasbourg. Âgés de 17 et 18 ans, ils doivent être déférés ce matin devant le parquet. Le jeune majeur devrait être présenté en début d’après-midi à la chambre des comparutions immédiates du tribunal correctionnel.
Bernard Thibault se dit « scandalisé »

Du côté de la CGT, Bernard Thibault, numéro 1 du syndicat, a affirmé hier être « scandalisé » par la « réception brutale » des métallurgistes par les forces de police et a dénoncé le comportement de la police qui assimile les manifestants à « des délinquants ».

« Je suis scandalisé par ce que j’apprends du déroulement de la journée de manifestation » mercredi, où des salariés « belges, luxembourgeois, français, voulaient être reçus et entendus parce qu’ils sont confrontés à la stratégie d’un même groupe, qui s’appelle M. Mittal », a affirmé le secrétaire général de la CGT.

« La réception a été brutale de la part des forces de police », et « je m’inquiète de cette ambiance qui est en train d’entretenir, voire d’alimenter, la tension dans notre pays », a-t-il dit.

Selon lui, « on cherche à discréditer l’action syndicale, à la criminaliser au point que les forces de police se comportent à l’égard de salariés manifestant comme à l’égard de casseurs et de délinquants et je refuse cette assimilation ».