Alain Badiou à la librairie Kléber.
Il y avait du monde à la Salle Blanche pour Badiou, intellectuel philosophe, presque pipeul maintenant, pour la présentation de son petit livre, un entretien sur l’amour.
On a déjà dit ici ce qu’on pensait de ces séances dans la librairie quasi officielle de la place, au détriment des autres. On s’y rend, cependant, souvent, pour voir et entendre, en chair et en os, les zôteurs, mais, pour Badiou, malgré l’estime et l’intérêt même qu’on a pour son œuvre, on doit dire qu’on a été frustré.
Cinq minutes pour la signature, avant la séance, au fond de la salle, cinq minutes, en fin de séance, et encore, il a expédié ça, en ne faisant, après la quatrième, que mettre son paraphe, pressé, comme on nous l’a annoncé par les horaires de la SNCF. Comme une impression d’être otages d’une entreprise de communication, de la librairie, pour faire vendre du Badiou, comme toute autre marque.
Il a parlé une heure, environ, répondant chaque fois longuement au jeune questionneur.
Ma voisine de chaise, bien que pas du métier philosophique, a visé juste en trouvant après les derniers mots que c’était un peu léger. Il est vrai que cet opuscule n’a pas la densité et parfois une certaine opacité pour les non spécialistes, de plusieurs œuvres plus consistantes. Mais affleurait cependant la thématique propre au philosophe.
La thèse, qui peut sembler, eu égard à l’époque, paradoxale, mais le paradoxe est le pain quotidien du philosophe, prend le contrepied de ce qui se pense, et est repéré-dénoncé comme idée ou pratique soixante-huitarde de l’amour. Consommation purement sexuelle, jetabilité, papillonnage, expériences tous azimuts, etc. A quoi Badiou oppose l’Amour, c’est-à-dire la rencontre hasardeuse, anti Meetic, d’un (e) autre, qui s’éternise par l’engagement (le même concept qu’en politique).
Il ne s’agit ni du mariage, ni de la fidélité, quoique, mais d’un pari que 1+1 ça fait du 2, (on reconnaît les préoccupations mathématiques de l’auteur) lequel deux crée le monde.
On voit bien ce qui dans ce concept de l’amour s’oppose au temps présent du libéralisme consommateur, du tout jetable et de l’instantanéité.
L’amour c’est un pari d’éternité sans la transcendance.
Une fois ceci dit, on a eu l’occasion d’entendre seulement deux questions venues de la salle, et déjà une jeune femme de la librairie était au milieu de la salle, debout, attendant avec une discrète impatience perceptible, que Badiou ait fini sa (longue) dernière phrase, et hop, il était déjà parti.
Combien de livres vendus ? La librairie nous donnera-t-elle son bilan ?
On avait plusieurs questions au bord des lèvres, et cela devait être la même chose chez beaucoup de participants, dont plusieurs philosophes du métier.
Par exemple :
- Quelle différence entre cet amour et la conception traditionnelle de nos parents ou grands-parents, inspirée des monothéismes et des contraintes sociales ?
- Cet amour n’est-il pas une forme historique européenne d’abord, née, comme le disait Denis de Rougemont, dans L’amour et l’Occident, de l’age courtois ? Qu’en est-il de l’amour en Chine, au Japon, en Afrique ou ailleurs synchroniquement et diachroniquement ?
- Y a-t-il vraiment, dans cette création du monde par le 1+1 qui fait Deux, un point de vue unique sur le monde ? Chacun ne reste-t-il pas seul en son enfermement sensoriel , psychique et intellectuel ? Ne serait-ce pas une illusion, ce sentir du Deux ?
- Que peut-on opposer de sérieux à Schopenhauer pour qui le désir et l’amour ne sont qu’une ruse de la nature pour perpétuer l’espèce ?
- Et ma voisine de se demander ce qu’il en était de l’oppression masculine sur les femmes dans cette affaire d’amour?
Il y a sûrement plein d’autres questions qui se posent. Il faudrait un cadre moins pressé par le temps que ces séances de com pour les exposer et y répondre. Reviens, Badiou , ailleurs !
note: le fichier audio intégral de l’intervention fait une heure (trop gros pour être joint ici…)
A ce soir, pour Elisabeth Roudinesco!
France Culture, Séguin
11h, ce matin, je mets France Culture, et j’entends de la musique sacrée pendant des minutes et des minutes. Tiens, y aurait-il une grève ? Mais pourquoi cette musique-là ? Encore un sale coup porté à la laïcité ? Non! Cela se passe à Tunis, chez le très dictatorial et laïcard Ben Ali! Doivent être aux anges, les musulmans du coin !
Séguin, je dois le dire, même si presque tous les politiques, sauf Tibéri, disent quelque chose du genre, je le trouvais plutôt sympathique, l’homme, républicain, à la Chevènement, sa bouille, son “non à Maastricht”, son « gaullisme social », un anti libéral, antithèse de Sarkozy, qu’on n’imagine pas au Fouquet’s, de droite cependant.
Au journal, sur la 2, Guaino, l’âme damnée de Sarko, et son nègre de clavier, au bord des larmes, sincère, semble-t-il, parle du disparu.
On se demande ce que Séguin faisait à droite. On l’imagine, avoir été appelé aux affaires, comme premier ministre, qu’il n’a jamais été, en temps de crise grave, genre 68, afin de mieux tromper les travailleurs, un peu comme autrefois, Chaban-Delmas et sa « nouvelle société».
Salut l’artiste !
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