Salut à toutes et à tous,

Voici la 3e vidéo (courte et saisissante) qui retrace les deux derniers jours de notre Marche et de notre mobilisation au Caire :

http://nabil-ennasri.over-blog.com/article-video-la-marche-pour-gaza-3-42436328.html

Vous y verrez notre coup d’éclat qui a consisté à déployer un énorme drapeau palestinien sur une des pyramides de Guizeh, la manifestation du 31 décembre où nous avons été frappés par la police égyptienne et notre rassemblement devant l’ambassade d’Israël au Caire. Ce furent des moments inoubliables et vous pourrez également constater combien le peuple égyptien partageait notre engagement et nos revendications…

A DIFFUSER SANS MODERATION !!!

Amitiés.

Nabil.

Catherine Samary

Bonjour tout le monde,
J’ai attendu un peu, pour prendre du recul au retour de cette Marche pour Gaza libre… On en aura besoin, et de façon collective. Je vous livre quelques réflexions, 1°) à partir de l’excellente et dernière (en date) vidéo sur la Marche… 2°… au-delà, en deçà…

1°) Cette video que vous avez déjà reçue et peut-être vue a été réalisée par la précieuse “équipe Palestine Vivra” (Durée: 5’50)
http://www.dailymotion.com/video/xbr8il_marche-pour-gaza_news

Je veux partir d’elle, parce qu’elle est importante dans ses symboles pour notre Marche pour Gaza libre : depuis le drapeau palestinien mis sur la pyramide (merci à la belle équipe sportive et motivée de l’avoir accroché si “haut”, à la hauteur de nos motivations…) – jusqu’à la manif du 31 (une manif importante parce que réalisée le 31, le jour où l’on aurait voulu évidemment se déployer à Gaza avec ceux et celles qui nous attendaient.

Il était important qu’on parvienne à exprimer l’essentiel de notre objectif : briser le silence sur Gaza, mettre en avant les exigences de justice, de condamenattion de la politique d’Israel, de remise en cause de tous les murs autour de Gaza, y compris egyptien…

Il était important aussi que cette manif-là ait été discutée et décidée par toutes les composantes des Marcheurs. Il faut comprendre les difficultés et désaccords pour trouver un “lieu” pour se rassembler et manifester malgrè les déploiements policiers (devant l’ONU aurait été mieux, mais au plan logistique difficile…). Même si le lieu de la manif n’était pas “public”, il l’était forcément connu des flics lorsque plusieurs centaines de personnes avaient débattu de ce lieu : les flics étaient mobilisés; et un gros contingent de 400 iternationaux ont été bloqués dans leur hôtel…
La proximité du Musée national laissait quelques marges pour se déployer – mais c’était un lieu touristique (d’où les réticences, quant à l’aspect “politique” du lieu) .. Mais, en contre-partie, on a réussi à se déployer en bloquant la rue quelques minutes, avant d’être repoussés sur un terre-plein latéral ; je pense que le principal était qu’on parvienne à manifester, ensemble…
Car nous y étions ensemble sufisamment pour représenter un “évènement” protestataire réel de “La Marche”, contre tous les murs étouffant les Gazaouis…
Le lieu était peu “populaire”, mais des bus passaient et étaient ralentis par la manif ; j’étais à côté du Cde qui filmait, et j’ai vu avec émotion, un autre aspect important que montre la vidéo : les baisers envoyés du bus qui passait par ces femmes qui nous regardaient au travers des vitres pendant les quelques minutes où nous avons “tenu la rue”…

MERCI et MILLE BRAVOS DONC à toute l’équipe qui a permis de réaliser cette video et toutes les autres, qui aident à stimuler les mobilisations et transforment des échecs partiels en victoires partielles…

Les traces video de nos résistances et mouvements, sont importantes, car elles sont un moyen de contrer les silences, occultations et manipulations des medias dominants, de populariser et donner à partager des “moments” particuliers, et forts en charge symbolique.. De montrer qu’il est possible d’agir, même si c’est difficile.

2°) Mais, bien sûr, les videos ne montrent pas (ne peuvent pas montrer) “tout” – et sélectionnent ce qui donne “la pêche” et. ce qui est “visible” ; elles appuient mais ne remplacent pas l’analyse et les discussions; elles ne peuvent couvrir l’intégralité de ce qui se “fait” et des débats suscités par chaque choix, compliqué et les enjeux pour les lendemains …

Je veux ici souligner le principal point important, source de difficultés réelles et de divergences d’appréciation (évolutives…) sur “quoi faire” et comment pour Gaza ?
… dans le contexte régional auquel nous nous sommes (tou-te-s) confronté/es…
Le siège de Gaza n’est pas seulement une question israélo-palestinienne, mais s’inscrit évidemment dans les enjeux géo-stratégiques. Mais cette “banalité” est “hiérarchisée” et évolutive. La place de l’Egypte, mais sa conjoncture politique actuelle, sont des éléments spécifiques à analyser en tant que tels, dans ce “tout”. Et c’est ce que nous avons bien mal maitrisé…
Je ne suis pas compétente pour faire cette analyse. je sais seulement qu’elle était et reste au coeur des débats sur l’action de cette Marche au plan politique, dès lors qu’il ne s’agissait pas seulement d’actions dans nos pays, mais “d’aller à Gaza”…
L’Egypte avait la clé pour entrer. Etait-ce une erreur d’y croire ?
Sans doute oui, en partie. D’un autre côté, nos illusions (partielles et de plus en plus minces avec le temps), nous ont permis “d’y aller”… Et, au total, c’était important et positif…

Mais cela signifiait forcément se retourner contre le gouvernement egyptien. et son propre mur de la honte…
Il faut qu’on en discute, et comprenne l’évolution de notre démarche, sereinement.

Le but initial de la Marche, partagé par toutes les composantes il y a quelques mois, était d’aller à Gaza, d’y apporter des liens et de l’aide (sur la durée) dans une démarche politique (pas simplement humanitaire) : il s’agissait de contester politiquement les gouvernements qui étaient responsables directement ou de façon complice du blocus de Gaza et de l’impunité d’Israel : notre cible était Israél et nos gouvernements occidentaux en premier lieu…

Certes, on pouvait garder ce but (les dénonciations politiques, les exigences envers nos gouvernants) et les exprimer sans aller à Gaza. Briser le silence, dénoncer les hypocrisies, par tous les moyens. Et c’est ce qu’en pratique nous nous sommes résolu-e-s à faire. Mais il faut comprendre, mesurer l’évolution d’optique et les contradictions que cela soulevait – et soulève pour la suite… par rapport à l’Egypte.

Notre Marche (de même que le Convoi Viva Palestina) ne pouvait aller jusqu’à Gaza qu’en passant par l’Egypte (comme d’autres convois avaient pu le faire avant) – et toutes les composantes (françaises comme internationales) avaient initialement jugé possible cet objectif; et DONC, avaient prévu cette Marche dans le cadre d’une “négociation” avec le pouvoir egyptien (et non pas d’une contestation) : en pratique, nous ne voulions pas nous mêler de la scène politique egyptienne, et donc agir avec les opposants au régime et contre lui, parce que notre cible était israél et les puissances impérialistes dominantes, et l’Egypte notre point de passage.
Nous avons donné nos n° de passeports en toute transparence de nos objectifs aux autorités égyptiennes (quel que soit tout le mal qu’on en pensait)…

ET d’ailleurs, arrêtons nous un moment sur ce point : pas plus qu’il n’est tolérable que des gouvernements impérialistes “choisissent ” les “bons ou les “mauvais” gouvernements, ou bombardent un peuple et un pays “au nom de la démocratie”, pas plus nous n’avions de légitimité à contester de l’extérieur, en “civilisateurs” le gouvernement Moubarak, à la place des Egyptiens eux-mêmes… Et si nous avons eu de multiples échos de soutien à nos actions, nous avons eu aussi des manifestations et articles critiquant ces occidentaux “donneurs de leçons”… Là était le point sensible…
Même “par en bas” et dans la rue, il était en partie CHOQUANT de manifester en “civilisateurs”, “courageux” PARCE QUE bénéficiant en réalité de la protection de nos passeports occidentaux et ambassades.

Mais cet enjeu s’est transformé, infléchi… de la faute même du gouvernement Moubarak : nous ne voulions pas manifester contre lui, mais nous DEVIONS désormais absolument le faire à partir du moment où il bloquait l’aide apportée à Gaza…
A l’arrière-plan, sans doute, il y avait à la fois sa crise politique interne (avec la double contestation des Frères musulmans d’Egypte et de Gaza), et cette odieuse construction du Mur contre les tunnels que de fait notre Marche allait mettre en évidence… (et dont j’avoue encore ne pas vraiment comprendre les tenants et aboutissants).

La question des bus pour Gaza s’est posée de façon évolutive dans ce contexte : dans un premier temps, chaque groupe (et notamment les composantes françaises, Capjpo et collectif national) avait eu sa démarche propre pour négocier des bus. Certains l’avaient fait avec des compagnies privées, et des RV publics. Les autorités egyptiennes sont intervenues directement auprès des compagnies privées pour tout bloquer. Le groupe Capjpo avait donné RV à ses bus devant l’ambassade de France et y est resté en campement politique – et c’était une voie de “sortie” politique.
D’autres initiatives se poursuivaient en parallèle (outre l’important rassemblement devant la Maison de syndicat des journalistes contre la venue de Metanyaou au Caire, ou des composantes de l’opposition egyptiennes – gauche, nationaliste et Frères musulmans – se retrouvaient avec les Marcheurs) ; et l’autre groupe français tentait, sans autorisation officielle, et en passant par des réseaux militants, de partir vers Gaza avec 3 bus ouverts à des composantes internationales (Inde, EU, Belgique, Grece…)… en étant bloqués non loin du Caire…

La composante des Etats-Unis (Codepink) négociait de son côté avec la femme de Moubarak et nous a placés devant un dilemme au dernier moment, en obtenant 2 bus autorisés.
Après hésitation (de nos amis de Gaza, comme de nous même) nous avons convergé sur un jugement négatif de cette opération qui visait à couvrir/blanchir la politique de Moubarak concernant Gaza, et à diviser les Marcheurs en désignant les “hooligans” et les gentils.

Nous avons refusé ce jeu là et avons cherché à trouver un cadre unitaire pour manifester au Caire le 31…

Mais il faut être clair : le sens de cette manifestation était non pas une opposition “générale” à ce gouvernement (cela serait un non sens, de l’extérieur) mais une contestation particulière, centrée sur la Palestine et Gaza parce que l’Egypte prétend aider les Palestiniens et Gaza, et parce qu’elle était le passage obligé de nos convois…
Donc, nous manifestions contre les murs de toute nature, y compris egyptien, qui emprisonnaient Gaza…

Pour concrétiser le contexte : l’assemblée populaire égyptienne a voté début janvier (après notre manif, donc) une résolution réaffirmant sa solidarité totale avec la cause Palestinienne, son engagement à oeuvre à un Etat palestinien avec Jérusalem est comme capitale, sa determination à lutter contre le bmocus israélien de Gaza… et prétendant que la construction du Mur contre les tunnels est une exigence “de la Charia” : le droit d’un pays à se protéger, à se sécuriser (contre les trafics de drogue, d’armes, contre le “terrorisme”)… C’est le discours sécuritaire de Sarkozy, et la base sur laquelle la France soutien cette ignominie….

Cette résolution “morale” du parlement egyptien “en faveur” du Mur, s’opposait ce faisant à l’éthique des travailleurs egyptiens qui avaient justement commencé à se mettre en grève contre la construction de ce même mur … au nom de “la charia” (solidarité avec les Palestiniens).
L’islam est mobilisé politiquement – et les autorités de la grande mosquée d’Al-Azhar ont… soutenu le gouvernement Moubarak… (certains de nos Marcheurs, musulmans, sont allés protester sur ce fait…).

Conclusion provisoire :
Que faire et comment faire pour se joindre aux Gazaouis réellement ; pas pour leur faire “supporter” l’insupportable, mais pour que l’aide serve à rejeter avec eux l’insupportable… ? C’est une question qu’il faut continuer à se poser en dialogue avec nos partenaires de Gaza, la fois politiquement et concrètement…

a) Pour résister il faut d’abord vivre, manger, permettre aux enfants d’étudier et de jouer, soigner les malades, reconstruire les maisons… Quelle négociation (et donc quels compromis) étaient nécessaires pour la survie de la résistance ? Quels autres étaient au contraire contre-productifs, et politiquement condamnables ? Nous voulions que les intéressés, pas “nous” extérieurs, en jugent, en premier…

b) Comme Nahla Chahal l’a évoqué dans son commentaire aux Marcheurs, les brigades de policiers qui nous ont quelque peu bousculés et repoussés n’étaient pas les mêmes que le régimeegyptien envoie à la charge contre ses opposants quand ils manifestent . Je dois dire que j’étais choquée par les interventions qui ont lancé des “we are not afraid” (nous n’avons pas peur) … indécents : nous n’avions pas de raison d’être effrayés, car nous n’avons pas subi de violences (quelques bousculades, seulement) ni même d’arrestation (même si un policier nous a “aimablement” escorté, mon mari et moi, jusqu’à l’aéroport pour être sûr qu’on parte, et savoir où on allait…). Nous étions protégés par nos passeports et nos ambassades…
Evitons le cocorico.

Par contre, il était juste d’utiliser “par procuration” ce privilège pour dire ce que partagent bien des Egyptiens. Mais il était important d’être conscients de nos limites – et de nos privilèges – et de prendre contact en Egypte, avec ceux et celles qui, dans l’avenir, construiront avec nous un front internationaliste durable jusqu’à ce que tous les murs autour de Gaza aient sauté ! C’est aussi ce que nous avons cherché à faire, et pourquoi nous n’avions pas pour seul objectif la “visibilité” de nos actions…
Différents niveaux d’interventions, et formes politiques d’actions doivent pouvoir être pensés comme complémentaires, pas opposés sur des critères étroits, et encore moins sur le court terme : le plus dur est encore devant nous.

Bien à vous.
Catherine S.

Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Paix / Union Juive Française pour la Paix

lecollectifsbg@yahoo.fr – 06 22 37 80 43 06 83 69 17 93
Gaza: un an après, le crime continue.
Témoignages de Farida et d’Alain sur la marche pour la liberté de Gaza,
marche pacifique organisée pour exprimer la solidarité de la
communauté internationale avec la population de Gaza ,
soumise par Israël à un blocus inhumain.

Mardi 12 janvier 2010 – 19h –
Maison des Associations
1a place des Orphelins
67000 Strasbourg