Le rôle d’Israël dans la répression au plan mondial

©2012

Écrit et édité par des membres du Réseau juif international antisioniste (IJAN) après les recherches nécessaires.

Nos remerciements spéciaux à Jimmy Johnson pour ses longues recherches.

Cette publication s’inspire largement de The Israel Connection: Who Israel Arms and Why de Benjamin Beit-Hallahmi (Pantheon City: 1987). Malgré le fait que l’ouvrage date d’il y a 25 ans, le livre continue à jouer un rôle crucial pour documenter le rôle d’Israël dans la répression mondiale. Celle-ci, et la participation d’Israël, s’est énormément développée depuis ; cependant, ces informations restent largement méconnues. Ce qui suit est une tentative modeste de compilation des informations de cette source et d’autres pour faire avancer la trame de cette histoire.Introduction
Cet écrit se centre sur le rôle du gouvernement israélien, de son armée et des organisations et entreprises qui lui sont liées dans l’industrie globale de la violence et de la répression. Les états les plus impliqués dans cette industrie profitent de la guerre perpétuelle et de l’occupation dans le monde entier, tout en maintenant des sociétés largement inégalitaires dans leurs propres pays.
Israël exporte des armes, des technologies, de la formation et des techniques de violence utilisées par les gouvernements et les corporations contre les populations dans le monde entier. Le savoir-faire auquel il fait appel a été développé à travers l’occupation de la Palestine et de parties du Liban, de la Syrie et de l’Égypte, ainsi et à travers la répression et l’agression militaire contre les populations de ces pays.
La colonisation de la Palestine constitua, à l’époque, une attaque contre le mouvement pour l’unité arabe et son indépendance, qui menaçait le contrôle de l’Europe sur les ressources de la région. Israël est aujourd’hui un partenaire junior des Etats-Unis et de ses alliési dans leur stratégie au demeurant inchangée de contrôle des ressources régionales.ii
Pour Israël, ce partenariat lui a permis d’imposer et de maintenir un État colonial de peuplementiii en Palestine. Pour ses partenaires occidentaux, Israël a assuré le contrôle de ce que l’administration Roosevelt appelait « le plus grand prix dans l’histoire humaine : le pétrole arabe ».iv

L’importance d’Israël pour les Etats-Unis reflète l’importance croissante, à la fois du commerce du pétrole et des armes dans l’économie mondiale. Les Etats-Unis, arbitre principal du pouvoir dans le monde est le principal bailleur de fonds d’Israël. La plus grande partie de l’aide à Israël prend la forme d’aide militaire. Le gouvernement des Etats-Unis donne à Israël environ 3 milliards de dollars U.S. par an en forme d’aide financière et plusieurs milliards de plus en contrats et assistance militaire.v Les Etats-Unis fournissent 18% soit presque un cinquième du budget militaire israélien.vi De 1949 à 2011, l’aide directe cumulée des Etats-Unis à Israël est estimée entre 115 et 123 milliards de dollars.vii
En 2009, les dépenses militaires israéliennes représentèrent 15.1% du budget total du pays. Israël fut le premier pays en dépenses militaires en pourcentage du PIB et le premier quant à la somme totale consacrée au budget militaire de tous les pays développés.viii
Israël utilise l’aide américaine pour financer l’occupation continue et progressive de la Palestine et de la Syrie, et pour ses campagnes militaires, qui à leur tour servent de laboratoire pour développer des armes, des technologies de surveillance et des tactiques de contrôle des populations qui sont ensuite vendues dans le monde entier.
Le rôle d’Israël dans le monde

Les capacités uniques d’Israël dans le contrôle des populations, la surveillance des déplacements forcés et l’occupation militaire le situent à l’avant-garde de l’industrie globale de la répression : Israël développe, fabrique et vend des technologies qui sont utilisées pour la répression par des forces armées et policières dans le monde entier.
Le rôle d’Israël dans ce secteur commença avec l’armée israélienne, qui utilisa d’abord ses armes de guerre contre le peuple palestinien dans la Palestine historique et aussi contre les pays voisins. Ces dernières années, comme l’intérêt dans les technologies et techniques de surveillance et surveillance policière a augmenté, une industrie de services de « sécurité d’origine » (homeland security) basée sur des instruments testés sur le terrain, s’est développée pour répondre et exploiter cette demande et exporter ses produits.
Ce secteur inclut les agences gouvernementales, l’armée israélienne et le réseau de sociétés privées qui ont fait un chiffre d’affaires de plus de 2.7 milliards de dollars en 2008.ix Ce secteur représente environ 7% de l’économie israélienne. Le ministère de l’Industrie, du Commerce et du Travail d’Israël écrit sur son site web :
Israël a plus de 300 sociétés de Homeland Security (HLS) qui exportent une variété de produits, de systèmes et de services… Ces solutions sont nées de la nécessité pour Israël de survivre et ont mûri dans la réalité de la menace terroriste continue qui pèse sur le pays…
Aucun autre pays ne possède un tel personnel de police, militaire ou de sécurité expérimenté et aucun autre pays n’a eu la possibilité de tester sur le terrain ses systèmes de solutions dans des situations en temps réel.

En plus du gouvernement, de l’armée et des corporations israéliennes, un réseau d’organisations sionistes fournit un soutien économique et politique à l’État d’Israël. Par exemple, aux Etats-Unis, ces organisations participent à la surveillance et facilitent les échanges entre l’armée israélienne et les forces de police, les agents fédéraux et les forces armées étatsuniennes.x
Ce réseau d’organismes d’états, de corporations et d’associations partagent des renseignements, des informations, coordonnent des stratégies pour la surveillance et la répression et collaborent pour faire des bénéfices. La fonction précise de chacun d’eux varie selon leur rôle.xi
Israël a fourni des armes, entraîné des milices ainsi que des polices militaires et civiles, développé et fourni des technologies de surveillance et des stratégies de répression et fourni les moyens pour un large éventail de techniques de contrôle, des armes « non-létales » aux technologies pour les frontières.
Israël a joué un rôle dans la formation et l’armement des régimes d’apartheid d’Afrique du Sud et de Rhodésie, de régimes coloniaux au Moyen Orient et en Afrique du Nord (Asie du Sud-Ouest et Afrique du Nord, ou SWANA en anglais), et de dictateurs en Amérique centrale et du Sud et en Asie.
Le gouvernement israélien a assumé un rôle essentiel et mondial dans le renforcement des limitations de la liberté de mouvement, de la surveillance policière des communautés et dans l’affaiblissement des luttes de peuples pour la justice. Bien que bien documentée, cette réalité est rarement évoquée ou discutée et encore plus rarement remise en question.
Nos mouvements – de solidarité envers le peuple palestinien, contre la guerre, la pauvreté et une économie mondialisée injuste – doivent prendre en compte la réalité des moyens qu’utilise Israël pour contribuer à la violence et à la répression dans le monde.
Israël vend ses armes, ses technologies, sa formation et ses techniques de violence à ceux qu’il considère comme alliés et même à ceux considérés comme ennemis. Israël vend ou a vendu à des états islamistes, communistes, capitalistes, dictatoriaux et sociaux-démocrates. Le levier derrière les exportations d’armement israéliennes, en plus des bénéfices économiques, est le besoin d’une alliance étroite et forte avec les principales puissances impérialistes qui lui fournissent un soutien militaire et diplomatique continu, des marchés et l’accès à la puissance. Par conséquent, Israël a décidé de favoriser la vente d’armes à ses alliés et aux agents de ces puissances.
Le livre d’Israel Shahak’s, Israel’s Global Role: Weapons for Repression, de 1982, illustre avec des documents le fait que «  de la Rhodésie à l’Afrique du Sud de l’apartheid aux monarchies du Golfe, Israël lie ses intérêts non pas aux masses luttant pour leur liberté, mais plutôt à leurs geôliers ».xii Malgré la concurrence et d’autres conflits existant entre les gouvernements et régimes qui comptent sur la répression, ces mêmes gouvernements et régimes n’hésitent pas à coopérer entre eux contre les mouvements populaires.
Origines: la colonisation de la Palestine et de la région
Israël est un État colonial de peuplement en Palestine, fondé et soutenu depuis plus d’un siècle par une immigration juive continue. Israël fut établi en 1948, avec le soutien des Nations unies. En 1947, les milices sionistes expulsèrent brutalement 750.000 Palestiniens pour prendre leur terre et créer une majorité juive dans le pays. Il en résulta, entre autres, la création d’une importante diaspora palestinienne. Les Palestiniens qui restèrent en Israël constituent une minorité nationale qui est aujourd’hui sujette à une répression et à une discrimination systématiques.
En 1967, Israël agrandit son territoire colonial englobant le territoire restant de la Palestine historique, ainsi que des territoires égyptiens et syriens. Il perpétra une épuration ethnique à grande échelle au cours de son occupation des hauteurs du Golan, de la Cisjordanie –y compris de Jérusalem-Est, de la bande de Gaza et du désert du Sinaï (qui a été complètement rendu à l’Égypte en 1982). Actuellement, une partie de la Syrie est encore occupée et des millions de Palestiniens demeurent sous un régime d’occupation militaire israélien impitoyable.
Aujourd’hui, la colonisation de la Palestine se poursuit.
On refuse aux réfugiés palestiniens le droit de retourner dans leur pays d’origine – un droit officiellement protégé par le droit international.
Les Palestiniens qui vivent dans l’État d’Israël subissent plus de 20 lois d’apartheid.xiii
Les Palestiniens qui vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sont soumis à l’occupation militaire, aux démolitions de maisons, à des déplacements forcés et répétés, à la confiscation de terres et au manque d’accès à l’eau pour les agriculteurs, à de sévères restrictions de la liberté de mouvement, à des violences mortelles, qui sont toutes mises en œuvres par l’armée israélienne, et aussi par les colons juifs.
Les Palestiniens qui vivent à Gaza tentent de survivre à ce que les Nations Unies reconnaissent comme étant une crise humanitaire fabriquée. Leurs vies sont menacées au quotidien par le manque d’accès à l’eau, à la nourriture, au commerce, à l’électricité et aux besoins médicaux, aux attaques continues d’Israël et à l’embargo mis en place par Israël.

Les tentatives pour délocaliser et détruire les communautés de Bédouins dans les « villages non reconnus » du désert du Naqab (Néguev) se sont récemment intensifiées de manière dramatique.xiv
Parallèlement, les communautés de migrants et de réfugiés en Israël, en particulier celles d’origine africaine, sont de plus en plus criminalisées et soumises à la violence de l’État et de particuliers et aux déportations.

Les sections qui suivent fournissent des preuves que le rôle d’Israël dans le soutien et la facilitation de la répression menée par d’autres agresseurs dans le monde. Au Moyen Orient, Israël est le premier agresseur. Au niveau local, Israël ne vend pas à ses propres voisins mais utilise ses propres armes et sa technologie contre eux. Tandis qu’il exporte ses instruments et stratégies d’assassinats en masse, de répression et d’incarcération en dehors de la région, dans la région elle-même, il les commet tous les trois.
Israël exporte ce qu’il utilise pour réprimer et dominer les Palestiniens et commettre des agressions contre ses voisins. Voici quelques-uns de ces instruments, technologies, méthodes et armes :
Formation de la police, de l’armée et de milices.
Systèmes de surveillance utilisés pour criminaliser les populations considérés comme des menaces potentielles à la légitimité ou sécurité des états et régimes répressifs. Ces informations sont utilisées pour les incarcérations de masse, les déportations, les assassinats, la torture et les expulsions forcées pour mettre sous contrôle des terres ou ressources.
Des méthodes d’isolement des populations au moyen de migrations forcées et destructions de terre dans des zones concentrées dont l’espace aérien, les frontières/paramètres et télécommunications sont contrôlés.
Des frontières militarisées et des technologies de frontières utilisées pour empêcher la liberté de mouvement.

Amérique du Sud et centralexv
Israël a vendu les armes à feu de sa fabrication, la mitraillette Uzi et le fusil Galil, dans des pays à travers la région, armant ainsi les escadrons de la mort guatémaltèques, la Contra au Nicaraguaxvi, le Chili de Pinochet et la Junte militaire argentine contre la population et les mouvements populaires.
Au Nicaragua, Israël a fourni 98% des armes que Somoza a utilisées dans la dernière année de sa dictature pour tuer 50,000 Nicaraguayens.xvii
Israël a aussi vendu des missiles, des avions de combat et des blindés et à fourni des experts en contre-insurrection aux forces répressives citées ci-dessus, ainsi qu’aux dictatures du Hondurasxviii et d’El Salvador.xix
Au Costa Rica, dès 1981, en plus de la vente d’armes à la police pour réprimer la population, Israël a fourni des passeports, des faux noms et des armes à la Contra qui opérait du Costa Rica contre le peuple du Nicaragua.xx
A El Salvador, Histadrut, la « fédération du travail » nationale d’Israël (voir encadré page 14), a coopéré avec l’AFL-CIO (Etats-Unis) et la CIA pour affaiblir les coopératives rurales.xxi
Au Salvador Israël a été impliqué dans la formation de la police, de l’armée et des escadrons de la mort de la dictature au début 1972. Il a développé un programme militaire pour les jeunes parrainé par les Forces de Défense Israéliennes (IDF) et soutenu la formation de la police secrète de la contre-insurrection, y compris le commandant militaire Sigifredo Ochoa, responsable de massacres de civils en 1981.xxii
Dès les années 1950, Israël a vendu des armes de petit calibre à la République Dominicaine du dictateur Rafael Trujillo qui a soumis la population dominicaine à un règne de la terreur de 31 ans.xxiii
Au Salvador et au Guatemala, pour aider à la traque gouvernementale d’opposants suspects, Israël introduisit des équipements informatiques pour écouter les téléphones et interférer dans des transmissions radio. Les informations obtenues étaient ensuite utilisées par les escadrons de la mort d’extrême-droite pour assassiner des figures de l’opposition.xxiv

S’inspirant des tactiques de longue date de déplacement des Palestiniens, Israël a aidé à planifier et mettre en œuvre des politiques de la « terre brûlée » au Salvador et au Guatemala. Au Guatemala, ces politiques étaient combinées avec celles de « pôles de développement » – des villages où on concentrait des populations déplacées, qui permettaient un meilleur contrôle gouvernemental des mouvements populaires et la répression des organisations de base.xxv Israël fournissait des armes de petit calibre et des formations militaires aux paramilitaires colombiens et aux trafiquants de drogue dans les années 1980, et depuis, il a entraîné la contre-insurrection et a fourni des avions, des missiles et des armes de petits calibre au brutal gouvernement colombien.xxvi
La dictature de Pinochet de 1973-1990, qui a assassiné, violé et torturé des membres de l’opposition au Chili, y compris des syndicalistes et des socialistes, a acheté à Israël des armes pour le contrôle de masses –y compris des véhicules équipés de canons à eau.xxvii Pendant les années 1980, Israël a aussi fourni au régime de Pinochet des instruments de surveillance.xxviii
Dans les années 1970, Israël a armé le régime militaire sanguinaire de la Junte argentine, qui a imposé sept ans de terrorisme d’État à la population, y compris par la torture et la « disparition » de 22.000 à 30.000 militants de gauche, ainsi que des étudiants, des syndicalistes, des journalistes et d’autres civils prétendument anti-régime.
Le régime argentin et ses alliés ont également ciblé des civils juifs et adopté une rhétorique antisémite. Bien que seul 2% de la population argentine soit juive, entre 10 à 15% des personnes arrêtées, torturés et éliminés pendant cette période étaient juives.xxix
Au lieu de condamner la Junte militaire, Israël a travaillé avec le gouvernement argentin pour établir un programme appelé « l’Option », permettant aux Juifs de fuir en Israël. Au lieu de confronter l’antisémitisme du régime, il s’en servit pour faciliter l’émigration juive en Israël.xxx
Aujourd’hui, en Argentine, le gouvernement a signé un contrat de 40 millions de dollars U.S. avec les Industries Militaires d’Israël (IMI) pour la construction d’une prison.xxxi
Le gouvernement israélien joue un rôle important au Brésil, dans le contrôle intérieur, contrôle de masse, systèmes de surveillance, armements militaires, les prisons et les frontières militarisées.xxxii La formation et l’armement de la police constitue une partie de la campagne anti-favelaxxxiii et d’autres formes de répression intérieure.xxxiv
Le Brésil a signé un contrat avec Israël pour l’acquisition de systèmes de surveillance avancée dans son système de prisons d’État.xxxv

Afrique

~Page complète d’une page de publicité dans le New York Times, 1er novembre 1970.

Israël a fourni des armes au Portugal contre les mouvements de libération nationale du Mozambique, d’Angola et de Guinée-Bissau.xxxvi
Israël a financé et entraîné la répression militaire contre les soulèvements anticoloniaux et/ou contre des dictatures en Côte d’Ivoire, République de Centrafrique, Bénin, Cameroun, Sénégal, Togo, Ouganda, Nigéria et en Somalie.xxxvii
Dans ces situations de guerres civiles néocoloniales, les anciennes puissances coloniales et les puissances impérialistes actuelles arment et même fomentent parfois ces guerres pour diviser et reconquérir l’Afrique. Israël a armé de nombreuses ou toutes les parties en conflit. Par exemple, Israël a vendu des armes aux trois parties impliquées dans la guerre civile d’Angola à différents moments pendant plus de quarante ans.xxxviii
Sous le régime brutal de Mobutu au Zaïre (aujourd’hui République Démocratique du Congo), Israël a vendu des armes à Mobutu et a entraîné des parachutistes, la force de sécurité présidentielle et l’armée, construisant ainsi les forces de ce dictateur pro-occidental.xxxix
Au Malawi, des années 1960 aux années 1980, Israël a fourni des armes à l’armée de garçons du tyran Dr. Banda, employée à l’assassinat des opposants politiques, à terroriser les ouvriers par les coups et à torturer des opposants.xl
Dès 1992, Israël a vendu des armes et ensuite entraîné les militaires du Ruanda et la milice Hutu qui en 1994 a perpétré le génocide contre les Tutsis. Israël a continué à envoyer des millions de dollars en armes même après que le génocide ait attiré l’attention internationale.xli
Actuellement, Israël maintient des liens étroits avec le gouvernement de la Guinée Équatoriale, avec à sa tête le Président Obiang qui prit le pouvoir en 1979. On pense qu’Obiang a ordonné la mort de dizaines de milliers de Guinéens quand il dirigeait le pays et on l’accuse d’avoir dirigé un des régimes les plus tyranniques du continent. La Guinée équatoriale, avec une population de 800.000 habitants, et bénéficiant aujourd’hui des pétrodollars, a acquis auprès de sociétés israéliennes du matériel naval et des avions pour des dizaines de millions de dollars.xlii
La Rhodésie blanche – le Zimbabwe actuel
Israël est demeuré un allié fidèle de l’apartheid colonial blanc de l’État de Rhodésie jusqu’à sa défaite par le mouvement anticolonial en 1979.
Après que les Nations unies aient imposé des sanctions contre la Rhodésie en 1967, Israël continua à commercer avec le régime d’apartheid, en lui fournissant des armes, y compris des mitrailleuses Uzi et des hélicoptères, tout en aidant le pays à fabriquer son propre fusil mitrailleur appelé « Ruzi ». Israël a aidé la Rhodésie à renforcer ses frontières en installant une ceinture de mines de 500 milles longueur.xliii
L’Afrique du Sud de l’Apartheidxliv
Israël a été un allié loyal de l’Afrique du Sud de l’apartheid. Les ventes d’armes à l’Afrique du Sud incluaient des Uzis, des navires dotés de missiles, des missiles Gabriel, des technologies de communication et des radars, des munitions et des drones. Non seulement Israël a armé le gouvernement sud-africain, mais il a fourni des armes et des formations en sécurité à certains des gouvernements marionnettes des Bantoustans.xlv
Israël a aussi contribué à renforcer la frontière sud-africaine en y installant des systèmes de détection par micro-ondes, des systèmes radars, de champs de mines et des grilles électrifiées.xlvi
Histadrut bénéficiait d’un « presque monopole » sur la commerce avec l’Afrique du Sud de l’apartheid et collaborait activement avec ses politiques de Bantoustan.xlvii Iskoor, une société commune sud-africaine-Histadrut produisait de l’acier et des blindages de tanks.xlviii Des sociétés appartenant en partie ou complètement à Histadrut ont contribué à construire le grillage électronique pour empêcher les guérillas anti-apartheid de pénétrer en Afrique du Sud.xlix
Dans les années 1960, Histadrut créa l’Afro-Asian Institute for Labor Studies and Cooperation, financé par la CIA par le biais de l’AFL-CIO. L’Institut avait pour mission de former les étudiants asiatiques et africains pour assumer des positions de leadership dans les mouvements syndicaux de leurs pays respectifs.l L’objectif des organisations syndicales d’État israélienne et étatsunienne était d’empêcher la formation d’organisations de travailleurs indépendantes et d’organiser les travailleurs pour servir à la construction d’État néocoloniaux dans les anciennes colonies.li

Depuis ses débuts en 1920, le Histadrut a été faussement représenté comme et pris pour un syndicat et comme héritier d’une partie de la tradition socialiste. Il défendait non pas le travail, mais le travail juif. Le Histadrut était dirigé par le parti travailliste de Ben Gurion, qui plus tard dirigea Israël. Le Histadrut, qui cependant prétend représenter les travailleurs, agit comme un gouvernement dans la formation. En tant que tel, il agit souvent à la fois comme employeur, en charge de différentes industries collectives servant le projet de colonisation et dans l’intérêt des employeurs, pour empêcher l’organisation des travailleurs. Après l’établissement de l’État d’Israël, le Histadrut a continué à fonctionner dans cette fonction duale, en priorisant l’intérêt de l’État et de l’industrie, tout en disant représenter les travailleurs. Jusqu’aux années 1990, c’était le deuxième employeur du pays, en taille. C’est pourquoi dans ce document on s’y réfère à la fois comme syndicat et employeur.
Les composantes syndicales de Histadrut et d’AFL-CIO ont contribué à faciliter les relations entre les ouvriers israéliens et étatsuniens d’une part et les deux états d’autre part, si bien que les intérêts économiques des états sont protégés. Les deux syndicats, ainsi que les états avec qui ils collaborent partagent la même méfiance envers l’auto-organisation des travailleurs qui menace leur capacité à contrôlé les travailleurs organisés. De plus, l’auto-organisation des travailleurs est une base importante de la force des mouvements populaires. C’est pourquoi, la collaboration entre la CIA, AFL-CIO et Histadrut dans la sape de l’auto-organisation des travailleurs au Salvador et en Afrique du Sud est un reflet des intérêts communs que partageaient le régime répressif du Salvador et le régime d’apartheid sud-africain. (www.thirdworldtraveler.com/Middle_East/Israel_ElSalvador.html)

À la fin des années 1970, on a attribué à Israël la fourniture d’informations, de techniques et de matériaux pour la construction d’armes nucléaires par l’Afrique du Sud.lii
Plusieurs kibboutzimliii israéliens ont profité de la répression des noirs sud-africains. Ainsi que d’autres usines d’État israéliennes, le kibboutz Beit Alfa, qui développa une industrie florissante en vendant des véhicules antiémeutes utilisés dans les townships noirs.liv Mishmar-Haemek produisait des casques pour la police et l’armée de l’Apartheid et Lohamei Hagetaot, connu pour son musée de l’Holocauste, était en charge de la gestion d’une usine chimique dans le Bantoustan KwaZulu.lv

Asie du sud-ouest, Asie du sud et Pacifique
« Du point de vue de notre existence et de notre sécurité, l’amitié d’un pays européen est plus précieuse que les points de vue de tous les peuples d’Asie. » David Ben Gurion, 1957
En Iran, sous le règne du Shah, Israël a servi à protéger ce brutal régime fantoche pro-américain. À son tour, le Shah a été l’un des premiers dirigeants de la région à reconnaître Israël en tant qu’État. Au cours de la révolution iranienne qui a renversé le Shah, Israël a vendu plus de 150 millions de dollars d’armes au régime.lvi
À partir de 1954, la police secrète du Shah a reçu une formation de la part de la CIA et d’Israël.lvii
Israël a participé avec les États-Unis au scandale Iran-Contralviii et a aussi vendu des armes à l’Iran séparément.lix
Pendant les guerres civiles au Yémen et à Oman, Israël a soutenu les dictatures arabes en fournissant du matériel de guerre et en les entraînant. L’implication israélienne a été coordonnée avec les États-Unis.lx
Le gouvernement israélien et les sociétés israéliennes ont fourni des dizaines de millions de dollars de technologie navale et aérienne (y compris les drones), de formation au renseignement, de guerre électronique, et de missiles mer-mer au gouvernement du Sri Lanka dans ses efforts visant à détruire les groupes tamouls exigeant une patrie indépendante dans la partie nord du pays (Les Tamouls constituent 17 % des 16 millions d’habitants du Sri Lanka).lxi
En 1978, Israël a vendu des avions et des hélicoptères d’attaque américains en Indonésie pendant que les militaires commettaient un génocide contre le peuple du Timor oriental. De 1978 à 1999, l’armée indonésienne a tué plus de 200 000 Timorais. Le commerce des armes d’Israël s’est poursuivi avec la dictature de Suharto, jusqu’à sa démission en 1998.lxii
Israël a apporté son soutien à la dictature pro-américaine de Marcos aux Philippines. Il a fourni des gardes du corps pour Marcos et dispensé des formations clandestines au travers de sociétés privées.lxiii
L’Inde achète davantage d’armements israéliens que l’armée israélienne. Israël est le deuxième plus grand fournisseur d’armes de l’Inde. Celle-ci les utilise non seulement pour menacer le Pakistan, mais aussi pour réprimer sa propre population, y compris les Jammu, au Cachemire, avec parmi eux des tribus forestières et des groupes de résistance naxalites.lxiv
En 2009, Israël a envoyé des instructeurs pour former la police en Inde dans un stage de « contre-terrorisme » qui a ciblé tout spécialement les leaders musulmans.lxv
Israël a récemment aidé l’Inde à moderniser ses forces militaires, y compris avec les plans de Falcon et les systèmes d’alerte de fabrication israélienne, les radars sur aérostats installés à la frontière indo-pakistanaise, et l’amélioration des missiles Barak pour les utiliser contre des avions, des hélicoptères et des missiles de croisière.lxvi

États-Unis
Israël et les États-Unis partagent une forme de colonialisme de peuplement dans laquelle les peuples autochtones, plutôt que d’être exploités principalement en tant que force de travail, subissent une épuration ethnique, et ceux qui restent sont en diminution et isolés dans des zones toujours plus petites.
Comme de nombreux pays, les États-Unis achètent des armes de guerre israéliennes pour les utiliser contre d’autres à l’extérieur de ses frontières, et des technologies israéliennes de surveillance et de stratégies de maintien de l’ordre à utiliser dans la répression interne.
Les organisations sionistes au sein des États-Unis, grâce à des programmes financés par le Department of Homeland Security, ont établi un partenariat avec le gouvernement américain pour cibler les territoires palestiniens ainsi que d’autres communautés et organisations arabes, iraniennes et musulmanes.lxvii La propagande ad hoc s’est installée et a alimenté une violence croissante contre ces communautés.
L’influence de ces organisations financées par le gouvernement sur ​​la politique de sécurité nationale est intégrée à d’autres politiques qui ont des effets importants et de grande portée pour tous ceux qui vivent aux États-Unis. Les communautés de couleur et d’immigrants sont les plus touchées par la répression policière et politique, la surveillance et la politique d’immigration. Les autres plus ciblés sont ceux qui s’expriment ou s’engagent autrement en dissidence.
Depuis 1949, le total cumulé estimé de l’aide américaine directe à Israël varie entre 115 milliards et 123 milliards de dollars. Les États-Unis apportent à Israël environ 3 milliards de dollars par an en aide économique et militaire directe. Cette aide prend le pas sur la capacité à répondre aux besoins nationaux y compris l’éducation nationale et la santé.
Au cours de ces deux dernières décennies, l’Anti-Defamation League, organisation juive sioniste fondée pour lutter contre l’antisémitisme, a participé à la surveillance de plus de 1 000 organisations de justice sociale et de droits de l’homme y compris les opposants à l’apartheid sud-africain, le Syndicat uni des travailleurs de ferme, la Fondation Vanguard Public, le Conseil du travail/AFL-CIO, la NAACP (Association nationale pour l’avancement des gens de couleur), la MADRE (Organisation pour le droit des femmes), Greenpeace et le Centre pour les Droits constitutionnels.lxviii
Elbit, la compagnie israélienne qui a construit le Mur de l’Apartheid en Palestine, a participé à la conception et fourni la technologie de surveillance pour le mur frontière américano-mexicain – communément appelé Mur de la Mort.
Rendu possible par le financement « anti-terroriste » du gouvernement américain, le gouvernement et les entreprises israéliens ainsi que des organisations sionistes basées aux États-Unis ont collaboré et formé la police locale, la Garde nationale, et le Department of Homeland Security aux tactiques répressives, y compris la surveillance et le contrôle des foules. Par exemple :
Depuis 2003, l’Anti-Defamation League (ADL) a formé près de 700 personnels de haut niveau de Law enforcement représentant plus de 220 organismes différents sur « les menaces extrémistes et terroristes ». Dans la seule année 2010, l’ADL a formé plus de 10 500 policiers de Law enforcement.lxix
Suite à l’ouragan Katrina, une délégation de 25 membres de la Garde nationale s’est rendue en Israël. Le but était de se former au maintien de l’ordre après les catastrophes naturelles et les attentats terroristes.lxx
Depuis 2005, le Department of Homeland Security a fourni des financements « anti-terroristes » à des organisations à but non lucratif basées aux États-Unis pour les impliquer dans l’identification et la prévention de l’activité « terroriste ». Des fonds alloués aux organisations non gouvernementales précisément dans ce but, 73 à 80 % sont destinés aux organisations juives sionistes. En 2008, cela veut dire que 19 millions sur les 25 millions de dollars sont allés à ces organisations ; en 2011, c’était 15 millions de dollars sur 19 millions.lxxi
Conclusion

De l’Amérique du Sud à l’Afrique du Sud et de la dictature de Mobutu à celle de Trujillo, Israël, agissant souvent de concert avec les États-Unis, a joué un rôle clé pour miner les luttes populaires en fournissant aux régimes répressifs des outils pour la violence de masse de l’État.
Les faits et les chiffres donnés ici n’abondent pas dans le sens des nombreuses théories fantaisistes qui circulent sur le rôle du « contrôle du monde » israélien – ou juif. Au contraire, les théories du complot antisémite qui interprètent mal ces faits ou des faits similaires servent à renforcer la propagande israélienne, aident Israël à se présenter comme victime, et justifient même son industrie comme une nécessité de répression contre un tel antisémitisme. En outre, cela permet aux alliés et aux clients d’Israël de camoufler leurs propres intérêts dans la répression des mouvements populaires pour la liberté. De tels complots rendent un mauvais service aux mouvements de libération partout dans le monde, y compris à la lutte palestinienne.
Grand profiteur de guerre et État colonial, Israël peut utiliser ses bénéfices pour réprimer et déplacer les Palestiniens, en développant davantage d’armes encore plus meurtrières dans le processus. Compte tenu du fait que la plupart des gens ignorent l’étendue de l’industrie de l’armement israélienne et l’échelle de l’industrie dans sa fonction de lutte contre les mouvements, nous avons réuni ici quelques-uns des aspects les plus atroces de la répression d’Israël dans le monde entier.
Le racisme d’Israël est enraciné dans des siècles de colonialisme européen. Il est intégré à l’impérialisme mondial dont il obtient des investissements, un soutien et une couverture. Israël a travaillé main dans la main avec des régimes répressifs dans tous les coins du monde de manière à faciliter la répression, le meurtre, l’assassinat, le viol, la torture, la disparition, l’enlèvement et l’emprisonnement de ceux qui luttent pour la liberté et la justice. Ses industries d’armement et de répression continuent aujourd’hui au travers des institutions de l’État d’Israël et par l’intermédiaire de sociétés privées et d’un réseau mondial d’organisations sionistes. Les régimes répressifs trouvent en Israël un allié volontaire et capable.
Bien que correctement documentée, l’information que nous offrons ici n’est pas largement disponible dans les médias ni dans les universités. Les États et les sociétés qui se livrent à la guerre, au commerce des armes, à l’occupation, à l’incarcération, à la surveillance et à la répression trouvent leur avantage à ce que cette information ne soit pas diffusée. Suivre la trace de la fonction d’Israël dans la répression mondiale est une occasion d’exposer les acteurs de ce vaste secteur. Il est nécessaire de continuer à dénoncer le rôle d’Israël dans la répression dans le monde entier et à soutenir l’organisation pour y mettre fin.
Références