ikea Piacenza

Correspondante:

Il se passe des choses intéressantes en Italie. Pas seulement le NoTAV.

Pas seulement la lutte à Tarente contre Ilva.

Deux luttes dures de salarié-e-s, où les directions ont dû reculer. Et où se sont des formes de lutte autonomes qui ont été gagnantes. Tout ça en pleine offensive « austéritaire »…

D’abord un mouvement de grève, avec piquets, affrontements avec les flics, licenciement des « meneurs », dans un centre logistique de stockage utilisé surtout par la société Ikea à Piacenza (entre Parme et Milan). La composition : essentiellement des immigrés dont une grande partie d’Egyptiens.

Intéressant aussi le fait que ces travailleurs de cette plate-forme sont en fait employés par des « coopératives » de sous-traitance : à l’heure où l’autogestion revient comme une référence magique chez les anars et certains gauchistes (ou ex.), c’est bien d’évoquer ce simple fait.

Ils se battaient surtout sur les conditions de travail (chargement-déchargement), les heures non payées, etc…

Une lutte intéressante car elle a provoqué un mouvement de solidarité, localement et dans d’autres villes, avec des rassemblements devant les magasins Ikea, campagne de dénonciation, appels au boycott, piratage du site Internet, etc.

Mouvement soutenu par le syndicat de base Cobas (et contre les « grands » syndicats), dans lequel les grévistes se sont reconnus et veulent pouvoir s’organiser sans risquer le licenciement. Avec, aussi le soutien de réseaux extra-syndicaux de militants de diverses mouvances…

Ils n’ont pas gagné sur les revendications à l’origine du mouvement mais ont imposé la réintégration de 9 licenciés. Le consortium des copératives et Ikea ont dû céder et on peut penser que les travailleurs seront en meilleure situation pour arracher d’autres exigences.

http://strugglesinitaly.wordpress.com/2013/01/11/piacenza-logistics-workers-9-ikea-0/

http://www.equaltimes.org/fr/in-depth/italian-workers-face-a-logistical-nightmare

Ensuite, une grève contre les licenciements de travailleuses du nettoyage dans un hôpital de Pise.

78 sur 306, soit 25% d’entre elles devaient être licenciées suite à des coupes budgétaires de 5%… Elles ont trouvé ça bizarre et ont pas du tout apprécié.

Leur boîte, c’est la Sodexo, qui est sous-traitant du nettoyage dans cet hôpital.

Après des semaines de bagarres, de cortèges internes (très années 70), de blocages, création d’un presidio (piquet permanent), d’interventions dans les meetings électoraux, dans les manifs syndicales, occupation d’un bureau à côte des urgences… et elles ont gagné : aucun licenciement et une réorganisation des équipes pour que tout le monde continue le job. Pas mal, pour 3 mois de lutte.

Et en plus, elles (du moins les 70 d’entre elles qui étaient syndiquées) se sont barrées de la CGIL (de la santé), et ont fait la pub autour de cette rupture. Là aussi, elles ont été soutenues par les Cobas mais ont semble-t-il décidé de s’organiser de manière indépendante, dans une “Associazione Lavoro e Dignità”.
http://strugglesinitaly.wordpress.com/2013/03/19/en-lionesses-of-cisanello-workers-victory-in-times-of-austerity/

Pour une fois qu’il y a des bonnes nouvelles, ça vaudrait le coup de le faire savoir, non ?