mur varsovie

Traduit par Serge Quadruppani du blog de Richard Silverstein (qui l’a lui-même traduit de l’hébreu) le discours qu’à l’occasion de la journée de la Shoah, l’une des dernières survivantes du ghetto de Varsovie, Chavka Fulman-Raban, a tenu à la Maison des combattants du ghetto.

http://quadruppani.blogspot.fr/2013/04/une-des-dernieres-parmi-les-survivants.html

http://www.richardsilverstein.com/2013/04/09/last-of-warsaw-ghetto-survivors-calls-for-rebellion-against-israeli-occupation/

“Il y a une unité dans cette commémoration – 70 ans après la révolte du ghetto de Varsovie. Nous approchons de la fin de la génération de la Shoah et des derniers combattants du ghetto. La plupart d’entre vous qui êtes devant moi, représentez la génération de la continuité: les deuxième, trois et quatrième générations. J’ai des pensées et des émotions mélangées sur le passé, le présent, l’avenir.
Je vais vous raconter une expérience de l’époque. Au printemps 1942, j’étais messagère pour une opération secrète. Il m’arriva d’aller voir mes amis du mouvement de jeunesse Dror Bachrubishov, en Pologne orientale occupée, très près des nazis.

Je me trouvais dans la petite gare et de la fenêtre, je pouvais voir, dans un champ près des voies ferrées, une immense multitude, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Ils étaient surveillés par des Allemands (running wild on horseback: galopant follement sur leurs chevaux: je soupçonne une erreur de traduction depuis l’hébreu – mais peut-être pas, avis aux hébraïsants ndt) A quelques mètres de moi, par la fenêtre, je voyais quatre garçons en train de creuser un trou. Les soldats les abattirent et ils y tombèrent. Le lendemain matin, les champs étaient vides. Le soir, les trains avaient poursuivi leur route: vers les camps, vers la mort.

Ce fut dans ces moments que je compris et que j’eus peur: c’est le début de la fin. C’est la Shoah. Avec cette terrible vérité, je retournai dans le ghetto de Varsovie, auprès de ma famille qui y était restée, auprès de mes camarades.

A ce moment, la nécessité de la révolte du ghetto nous apparut clairement. Nous continuions les activités et les séminaires d’éducation, les journaux et les écoles clandestins. Il était important de renforcer la jeunesse triste, agonisante, du ghetto.
Mais à ce point, il devint important par-dessus tout de trouver des sources d’approvisionnement en armes. La déportation de 3000 000 juifs de Varsovie à Treblinka à l’été 1942 renforça notre détermination pour la dernière bataille – le soulèvement armé.

Le 19 avril 1943, il y a 70 ans, le premier soulèvement en Europe occupé éclata – le soulèvement juif. Je n’y ai pas participé. Comme messagère, j’avais été arrêtée durant des opérations de résistance à Khakvo et emmenée à Auschwitz de nombreux mois auparavant.
Tous mes plus proches et bien-aimés camarades combattirent du haut des toits, dans les flammes, depuis les bunkers. La plupart périrent. Je souffre de ne plus pouvoir me rappeler tous leurs noms. Nous n’en retenons que quelques-uns. Mais dans mon cœur, je ne me suis pas séparée d’eux, les oubliés.

Laissez dans vos cœurs et vos mémoires une place pour eux, jeunes générations. Pour les beaux et fiers et si jeunes, combattants tombés dans la dernière bataille. Je souhaite aux milliers de personnes devant moi, des vies enrichies d’amour, de beauté, de rires, et de sens.

Continuez le soulèvement. Un soulèvement différent, d’ici et maintenant, contre le mal, contre le mal qui afflige notre pays unique et bien-aimé. Soulevez-vous contre le racisme et la violence et la haine de ceux qui sont différents. Contre l’inégalité, les disparités économiques, l’avidité et la corruption.

Soulevez-vous contre l’Occupation. Non – il nous est interdit de dominer un autre peuple, de l’opprimer. Le plus important est d’accomplir la paix et de mettre fin à l’effusion de sang. Ma génération a rêvé de paix. Je voudrais tant y arriver. Vous avez le pouvoir d’y contribuer. Tous mes espoirs sont en vous. Si seulement vous pouviez.”

israelwall  http://www.streetpress.com/sujet/150-un-mur-entre-l-egypte-et-israel-pour-limiter-l-immigration