Voyez ce campement de baraques multicolores.
Constatez sans peine les tas d’immondices, de ça , de là.
Des rats aussi parfois.
L’autorité locale compétente interdit le ramassage des ordures.
Ainsi le bidonville sera vite répugnant, aux yeux des bonnes gens.
Qu’ils sont sales ces bohémiens.

Voyez ce campement de baraques multicolores.
D’où sortent femmes et enfants.
Ils roulent des caddies qui transportent les bidons, Qu’ils vont remplir d’eau , A la bouche d’incendie, très loin.
Le robinet, à coté, a été fermé par l’autorité locale.
Rendons leur la vie impossible et qu’ils aillent s’installer ailleurs.

Voyez ce campement de baraques multicolores.
Observez ces mères qui portent sur leur dos, Leur enfant endimanché, jusqu’au trottoir.
Ainsi les godillots resteront propres pour l’école, Malgré la boue de l’hiver trop humide qui salit tout.

Voyez ce campement de baraques multicolores.
Ecoutez la mélodie du violon de Katalin.
14 ans, musicien, sans conservatoire et sans professeur, Regardez son sourire, Timide, un peu, Heureux, beaucoup, Quand l’instrument obéit à ses doigts de magicien.

Voyez ce campement de baraques multicolores.
2 familles doivent partir demain,
Référé, jugement , expulsion.
Le juge a statué pour 4 adultes et 6 enfants.

Mais regardez arriver les hommes, en bleu, casquettes et rangers.
Qu’ils partent tous pour que les bulldozers puissent saccager et tout raser.
Menaces, pressions, OQTF* à la main,
Qu’ils partent tous ou elles seront distribuées.
Prenez garde, c’est demain que la loi est bafouée.

Voyez ce campement de baraques multicolores.
Ecoutez le silence.
Ecoutez,
Le violon de Katalin s’est tu,
Il chante ailleurs,
Le bonheur d’être en France plutôt qu’en Roumanie, « C’est ça la vie des Rroms » disait Florea avant de partir.

* OQTF = Obligation de Quitter le Territoire Français