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Après avoir mollement soutenu les manifestants contre la contre-­‐réforme des retraites de Fillon-­‐ Sarkozy de 2010, après avoir vigoureusement promis qu’il s’attaquerait à la finance lors de sa campagne électorale et qu’il préconiserait toujours des réformes justes, M. Hollande élu Président de la République s’est rapidement installé dans les ornières du traité Merckel-­‐Sarkozy.

Désormais, les réformes engagées dans les domaines économiques, sociaux, budgétaires et financiers s’apparentent à celles qui sont préconisées ou demandées par les «  marchés financiers  », à celles qui sont souhaitées ou conseillées par le FMI, la BCE et la Commission Européenne, à celles qui sont présentées par les économistes et les experts officiels et patentés comme étant les seules possibles, les seules raisonnables et réalistes.

Engagé dans la course à la réduction des déficits publics tout en conservant le boulet de la concurrence fiscale entre les Etats, le gouvernement conduit une réelle politique d’austérité et de rigueur pour la majorité de la population.

Il n’y a toujours pas de fonds disponibles pour les dépenses publiques, mais le gouvernement offre un cadeau de 20 milliards d’euros de cadeaux aux dirigeants des principales entreprises, pratiquement sans contreparties.

Les contreparties, en réalité, seront supportées par le reste de la population  : baisse des commandes publiques, augmentation du chômage, augmentation de la TVA, etc.

Le gouvernement vient d’obtenir des marchés financiers un «  sursis  » de deux ans pour être dans les clous des traités européens, mais les marchés financiers, ceux qui prêtent aux Etats, car la Banque Centrale Européenne a l’interdiction de leur prêter directement, font la loi, fixent les taux d’intérêt et les échéances, tout en conservant la clef du tiroir-­‐caisse, le «  service de la dette  ».

C’est désormais la première dépense budgétaire de la France, et ce sont notamment tous les contribuables (ceux qui ne fraudent pas) qui payent.

La contre partie exigée des marchés financiers, c’est la Commission de Bruxelles qui l’a exprimée  : le gouvernement doit poursuivre et accélérer les réformes d’austérité, et il y a donc urgence, de nouveau, à sabrer les dépenses sociales, et particulièrement les retraites.

C’est ce que le Président de la République française s’est entendu dire par les Commissaires européens lors de son passage à Bruxelles le mercredi 15 mai 2013.

Ainsi, la domination de la finance sur les gouvernements se fait de façon de plus en plus visible  : un Président de la République doit aller s’expliquer devant les représentants, de fait, des «  marchés financiers  » qui lui fixent leurs conditions  ! Pour bien saisir la réalité, il faut penser que, derrière les «  marchés financiers  », se cachent les gros détenteurs de fonds, les organismes financiers et, en cascade, des particuliers détenteurs de capitaux importants et des cadres, des dirigeants, des traders, grassement payés pour les faire fructifier.

L’objectif principal des politiques menées consiste à favoriser la rente des rentiers, et à augmenter le pouvoir des détenteurs de capitaux.

Il est donc primordial de maintenir et de renforcer le rendement des capitaux, et notamment d’empêcher toute inflation qui viendrait réduire la valeur des capitaux accumulés.

Et cette politique joue contre la multitude des salariés de tous les pays, et aussi contre les entrepreneurs qui veulent créer des entreprises véritablement génératrices de nouveaux biens et de nouveaux services.

Pour justifier cette future contre réforme des retraites, les experts ont déjà commencé à expliquer qu’en raison de l’allongement de la vie il est donc indispensable de travailler plus longtemps.

Nous disons qu’il y a déjà six millions de chômeurs et de chômeuses en France, et donc qu’il est stupide et insensé d’obliger à travailler plus longtemps celles et ceux qui ont aujourd’hui un emploi.

Nous disons qu’il est parfaitement inhumain d’exiger de personnes âgées et fatiguées de rester au travail quand leurs enfants et leurs petits-­‐enfants sont déjà au chômage.

Nous disons que la productivité des salariés s’est fortement accrue dans notre pays au cours des trente dernières années, et donc qu’il est stupide de mettre en balance le rapport actifs / retraités d’il y a trente ans et celui qui existera dans dix ans.

Nous disons que ces experts ne sont pas crédibles quand, tous les trois ans, ils reviennent expliquer que la réforme précédente, celle qui devait régler tous les problèmes, doit être remplacée par une nouvelle réforme qui, elle, va régler tout.

Nous disons encore que la meilleure garantie pour perpétuer le système des retraites par répartition, c’est d’aller vers le plein emploi, avec des salaires corrects générant des cotisations sociales suffisantes.

Il faut donc modifier la répartition des richesses et redonner au travail ce qui a été accaparé par le capital progressivement depuis plus de trente ans.

Nous disons que ce n’est pas le travail qui coûte cher, mais le capital qui coûte cher, et les banquiers qui coûtent cher quand ils peuvent continuer leurs opérations spéculatives dès lors que, si ça marche, ce sont les actionnaires qui empochent, et si ça ne marche pas, ce sont les contribuables qui seront appelés à les renflouer.

La réforme des retraites, comme la réforme de l’assurance maladie, comme la privatisation des services publics, comme le système fiscal inégalitaire qui perdure, comme la casse du droit du travail, toutes ces réformes sont engagées, à des vitesses différentes, dans tous les pays où la finance est aux manettes.

Ceci s’inscrit dans une politique globale visant à favoriser les profits et privilèges d’une minorité. L’immense majorité des personnes retraitées, et pas seulement celles qui sont membres de l’Union Nationale Interprofessionnelle des Retraités Solidaires (UNIRS), ont déjà pris conscience que les prochaines actions qui seront à engager face aux futurs projets de reculs sociaux devraient se concentrer sur un renversement de l’actuelle hiérarchie des valeurs, afin de mettre l’humain au coeur de notre société solidaire.

16 mai 2013